11 déc 2023

Les expositions à ne pas manquer pendant les fêtes, de Juergen Teller à Boris Charmatz

Alors que les fêtes approchent, et avec elles de nombreux voyages aux quatre coins de l’Hexagone, Numéro a fait le tour des expositions d’art contemporain à ne pas manquer cet hiver, de Juergen Teller au Grand Palais Éphémère à Boris Charmatz au Frac Sud, en passant par Huma Bhabha au MO.CO.

Juergen Teller : un monstre sacré de la photographie au Grand Palais Éphémère

 

Star de la photographie, Juergen Teller est connu internationalement pour ses images brutes, décalées et teintées d’humour, flirtant avec l’absurde et le grotesque. Dans le vaste espace du Grand Palais Éphémère, l’Allemand présente un projet d’ampleur qui réunit des œuvres piochées dans ses trois décennies de carrière, entre images réalisées en duo avec son épouse, créations pour des marques de mode et des magazines, mais aussi vidéos et séries inédites.

 

“Juergen Teller. i need to live”, du 16 décembre 2023 au 9 janvier 2024 au Grand Palais Éphémère, Paris 7e.

À la Fondation Cartier, l’expérience multisensorielle de l’architecte et designer Bijoy Jain

 

Grand architecte, mais aussi designer et plasticien, Bijoy Jain ne saurait être réduit à une seule activité, tant sa pratique holistique embrasse de multiple s aspects de la création. L’Indien, fondateur du Studio Mumbai, est invité au sein de la Fondation Cartier à proposer une expérience exclusive, où des structures et objets en matériaux naturels invitent, dans le bâtiment de Jean Nouvel, à une respiration bienvenue.

 

“Bijoy Jain / Studio Mumbai. Le souffle de l’architecte”, jusqu’au 21 avril 2024 à la Fondation Cartier, Paris 14e.

Boris Charmatz au Frac Sud : du chorégraphe au vidéaste

 

Chorégraphe français contemporain parmi les plus talentueux de sa génération, et aujourd’hui directeur de la Tanztheater Wuppertal fondée par Pina Bausch, Boris Charmatz développe depuis trente ans une production plurielle outrepassant les frontières de la danse pour l’ouvrir à de multiples médiums phares de l’art contemporain, de la vidéo à la peinture.  C’est sur le volet filmique de sa pratique que s’attarde son exposition personnelle au Frac Sud : à travers six films réalisés entre 1999 et 2023, on découvre une œuvre riche et complémentaire de ses créations sur scène, ainsi que le talent de ses collaborateurs César Vayssié et Aldo Lee qui l’accompagnent depuis ses débuts de vidéaste. Souvent réalisées en extérieurs, entre paysages urbains et naturels, ces créations diffusés sur des écrans dans l’espace du Frac confrontent ces corps en mouvement à ceux des visiteurs grâce à leur minutieuse mise en scène.

 

“Boris Charmatz. Danses gâchées dans l’herbe”, jusqu’au 24 mars 2024 au Frac Sud, Marseille.

L’histoire de la photographie vue par Antoine de Galbert à Grenoble

 

Grand collectionneur français, Antoine de Galbert se fait plus discret depuis la fermeture, en 2018, de La maison rouge, l’espace d’exposition de sa fondation au cœur de Paris. Pour autant, ses trésors peuvent être appréciés régulièrement lors d’expositions temporaires qui mettent en exergue la richesse de sa collection. Quatre ans après en avoir présenté un échantillon lors de l’exposition “Souvenirs de voyage”, le musée de Grenoble présente “Une histoire d’images”, réunissant près de 300 tirages de son fonds photographique, toutes issues de donations d’Antoine de Galbert. On y découvre de nombreux chefs-d’œuvre ayant marqué l’histoire du médium, signés Henri Cartier-Bresson, Dorothea Lange et Kati Horna, mais aussi, plus récemment, Martin Parr, Mathieu Pernot et Lívia Melzi.

 

“Une histoire d’images. Donation Antoine de Galbert”, du 16 décembre 2023 au 3 mars 2024 au musée de Grenoble, Grenoble.

Rayyane Tabet au Mudam : le projet expérimental d’un archéologue du présent

 

Tel un archéologue, Rayyane Tabet sonde le monde pour en faire jaillir les reliques cachées et inviter à mieux comprendre le présent. Souvent centrés sur son pays, le Liban, et plus globalement la région du Moyen-Orient, ses sculptures, dessins et assemblages d’archives croisent ainsi récits personnels et expériences collectives d’une société, d’un pays ou d’une culture. Premier volet d’une trilogie, son projet expérimental au Mudam prend pour point de départ les collections du musée luxembourgeois.

 

“Rayyane Tabet. A Model: Prelude”, jusqu’au 12 mai 2024 au Mudam, Luxembourg.

Au MO.CO., Huma Bhabha sculpte les tragédies humaines

 

Si l’on identifie immédiatement sa pratique comme de la sculpture, Huma Bhabha se définit plutôt comme une “artisane”, sans doute pour son talent à travailler et assembler des matériaux inhabituels et récupérés, à l’instar de pneus, liège ou encore bois usé, mais aussi nouveaux, tels que la styromousse. Connue depuis une trentaine d’années aux Etats-Unis, où elle réside, et à l’internationale, la Pakistanaise d’origine a pour autant été très peu montrée en France, jusqu’à cette grande exposition personnelle au MO.CO. à Montpellier. Curatée par Vincent Honoré, directeurs des expositions du musée disparu tragiquement le 29 novembre dernier, cette proposition réunit plus de cinquante œuvres d’art couvrant deux décennies de travail. Dans ses sculptures aux airs de masques et visages, figures anthropomorphes et autres totems aux silhouettes souvent défigurées, écorchées ou démembrées, se lisent les affres de la vie humaine, telles les horreurs de la guerre et la faillibilité des corps malades ou mourants, mais aussi l’influence des mythes ancestraux et des films d’épouvante ou de science-fiction.

 

“Huma Bhabha. Une mouche est apparue, et disparut”, jusqu’au 28 janvier 2024 au MO.CO., Montpellier.

Lacan : une rétrospective au prisme de l’art

 

En 1981 s’éteignait l’une des plus grandes figures de la psychanalyse : Jacques Lacan, dont la pensée a traversé le 20e siècle et trouve toujours, malgré des contestations certaines, une grande résonance aujourd’hui. Au-delà des sciences humaines, le théoricien français a entretenu tout au long de sa vie un lien très étroit avec le monde de lart, lien que se propose d’explorer sa grande rétrospective au Centre Pompidou-Metz à travers les œuvres de plus de cent quarante artistes, aussi bien contemporains de son époque – Marcel Duchamp, Salvador Dalí, André Masson – que de la nôtre – Cindy Sherman, Sarah Lucas, Anselm Kiefer… Si nombre d’entre elles illustrent des points clés de la pensée du psychanalyste, de sa théorie du stade du miroir à celle de la jouissance, l’exposition présente également des œuvres ayant marqué la vie du peintre telles que le chef-d’œuvre L’Origine du monde de Gustave Courbet (1866), qu’il avait acquis en 1955, ou Les Ménines de Diego Vélasquez (1654), qu’il avait analysée dans l’un de ses célèbres séminaires.

 

“Lacan, l’exposition. Quand l’art rencontre la psychanalyse”, du 31 décembre 2023 au 27 mai 2024 au Centre Pompidou-Metz, Metz.

Au Capc, l’artiste Jasmine Gregory met la peinture à l’épreuve

 

Comment faire de la peinture aujourd’hui tout en restant pertinent et original ? À cette question qui traverse l’esprit de nombreux artistes, historiens, critiques ou encore commissaires contemporains, Jasmine Gregory tente de répondre en explorant les potentiels d’un médium séculaire qui semble avoir désormais épuisé toutes ses ressources. Au Capc, pour sa première exposition personnelle en France, la trentenaire américaine aujourd’hui basée à Zurich présente une série de toiles et de sculptures inédites traversées par les sujets qui l’habitent : la publicité, la pop culture et l’histoire de l’art, mais aussi le racisme, systèmes de domination sociale ou encore les inégalités de richesse. Autant de sujets à travers lesquelles l’artiste pose un regard critique sur un monde dont elle met en exergue les limites… et les rebuts.

 

“Jasmine Gregory. Si je ne peux pas l’avoir, toi non plus”, jusqu’au 5 mai 2024 au Capc, Bordeaux.

Au Louvre-Lens, les créatures fantastiques traversent l’histoire de l’art

 

En quoi le dragon est-il différent dans la mythologie grecque et dans les récits chrétiens ? Pourquoi la licorne fascine-t-elle autant artistes et écrivains ? Depuis quand le phénix représente-t-il, en Chine, un symbole de paix ? Voilà quelques unes des questions que l’on peut se poser alors que l’on pénètre l’expositionAnimaux fantastiques” au Louvre-Lens, qui pour certaines trouveront réponse suite à la découverte de son contenu foisonnant. À travers plus de deux cents œuvres d’une grande variété de médiums et usages – amulettes et sceaux, vases et sculptures, tapisserie ou encore musique et vidéo – mais également de régions et d’époques – de l’Antiquité à nos jours –, le parcours invite à retracer l’histoire de ces créatures magiques qui peuplent notre imaginaire depuis des siècles, bien que leur existence n’ait jamais été prouvée. Une présence dont l’on constate la persistance aujourd’hui dans l’art contemporain, comme en attestent ici des œuvres de Will Cotton, Thomas Grünfeld ou encore Maïder Fortuné.

 

“Animaux fantastiques”, jusqu’au 15 janvier 2024 au Louvre-Lens, Lens.

Elliott Erwitt à la Sucrière : la rétrospective d’un grand photographe regretté

 

La nouvelle est tombée il y a seulement quelques semaines : le 29 novembre s’éteignait l’un des plus grands photographes de l’histoire, Elliott Erwitt (1928-2023), dont l’œuvre a livre depuis la moitié du 20e siècle un regard affûté et teinté d’humour sur la société américaine. Quelques mois après son exposition personnelle au musée Maillol, la Sucrière, à Lyon, lui consacre à son tour une rétrospective d’ampleur qui retrace soixante-dix années de carrière, à travers une scénographie thématique opérant la distinction claire entre son œuvre en couleur et son œuvre en noir et blanc. On y retrouve les grands sujets qui ont jalonné sa photographie : l’architecture urbaine, les chiens – l’une de ses grandes passions –, les enfants, la plage, mais aussi ses liens avec le cinéma – son portrait de Marilyn Monroe sur une bouche de métro, notamment, est devenu un cliché culte. Une belle manière de célébrer l’héritage d’un homme qui, toute sa vie, a cherché à montrer “les choses sérieuses de manière non sérieuse”.

 

“Elliott Erwitt : rétrospective”, jusqu’au 17 mars 2024 à La Sucrière, Lyon.