Les expos à voir pendant Art Basel, de Steve McQueen à Ser Serpas
Steve McQueen au Schaulager, Ser Serpas à la Kunsthalle Basel, ou encore une exposition dans un aéroport privé… Comme chaque année, la ville de Bâle se met au pas de la foire Art Basel en présentant une riche programmation d’expositions. Focus sur 6 événements à ne pas manquer cette semaine.
Par Matthieu Jacquet.


Le concert sans musiciens de Steve McQueen au Schaulager
Il y a quelques semaines, on pouvait encore découvrir, dans l’enceinte de la célèbre Fondation Dia Beacon, une installation saisissante de Steve McQueen. Un concerto de basses sans musiciens, uniquement joué par un ensemble d’enceintes auxquels se synchronisait un ballet de lumières colorées, diffusé par des panneaux lumineux. Réalisée en 2024, cette installation d’ampleur intitulée Bass s’invite désormais dans l’espace du Schaulager, près de Bâle, dont elle épouse totalement l’architecture et la vaste superficie.
Marquant une nouvelle étape vers une production de plus en plus immatérielle et sensorielle de l’artiste et cinéaste oscarisé, cette installation rend également hommage à la musique noire. Les bassistes et contrebassistes réunis par le Britannique, tous issus de la diaspora africaine, montrent en coulisses toute la beauté d’un instrument qui a fait rayonner les cultures des populations afrodescendantes et contribué à leur émancipation.
Steve McQueen, “Bass”, exposition jusqu’au 16 novembre 2025 au Schaulager, Münchenstein.

Ser Serpas, “Of my lifte”. Vue de l’exposition à la Kunsthalle Basel, 2025. Photo : Philipp Hänger / Kunsthalle Basel.

Le nouveau solo show de Ser Serpas à la Kunsthalle Basel
Poèmes et performances troublantes, sculptures réhabilitant des objets trouvés dans les rues, ou encore peintures dépeignant des corps imparfaits… Les œuvres de Ser Serpas se font l’écho d’un monde instable dont elle fait ressortir les fêlures tout en s’écartant des assignations. Tout juste âgée de trente ans, la lauréate du prix Reiffers Art Initiatives en 2023 se voit offrir l’espace de la Kunsthalle Basel pour sa nouvelle exposition personnelle après celles au Swiss Institute, à New York, et à la Bourse de commerce, à Paris.
Pour cette nouvelle proposition baptisée “Of my life”, l’Américaine réunit deux volets de sa pratique : la peinture et la performance. On peut ainsi découvrir ses nouvelles toiles réalisées après avoir été collées les unes aux autres pour y laisser leur empreinte mutuelle. Des silhouettes évanescentes de corps anonymes aux couleurs diluées se superposent ainsi sur la surface, comme des présences fantomatiques. Au milieu de ce corpus pictural, Serpas propose une série de performances en collaboration avec le Margo Korableva Performance Theatre de Tbilissi. Quatre créations historiques du théâtre sont ici diffusées par l’artiste, qui met en scène au milieu des écrans une série de gestes du quotidien, réalisés au ralenti.
Ser Serpas, “Of my life”, exposition jusqu’au 21 septembre 2025 à la Kunsthalle Basel, Bâle.

Une rétrospective de Vija Celmins et une installation VR de Jordan Wolfson à la Fondation Beyeler
La Fondation Beyeler choisit cet été de consacrer une rétrospective majeure à une artiste dont l’œuvre a traversé les six dernières décennies. Vija Celmins, peintre et dessinatrice américaine d’origine lettone désormais âgée de 86 ans, s’attelle depuis les années soixante à dépeindre le monde qui l’entoure avec réalisme et précision, en commençant d’abord par les objets du quotidien, pour peu à peu aller vers l’immensité de la nature, du ciel et de notre univers.
Principalement réalisées à partir de photos et de coupures de journaux, caractérisés par leur palette chromatique très restreinte proche du noir et blanc mais aussi l’absence quasi systématique de figure humaine, les peintures et dessins de l’artiste s’intéressent aussi bien au “macro” – dépeignant des étendues d’océan, des déserts, voire des astres vues des téléscopes de la NASA, – qu’au “micro” – représentant des flocons de neige ou encore des toiles d’araignée. À Beyeler, près de 90 œuvres composent un parcours poétique qui appelle au silence de la contemplation.
Parallèlement, les visiteurs de l’institution peuvent s’immerger dans une toute nouvelle installation de Jordan Wolfson. Connu pour ses sculptures provocatrices, ses animatroniques étranges et son humour grinçant, l’artiste américain s’intéresse également de très près aux nouvelles technologies, notamment la réalité virtuelle. En atteste cette ambitieuse création : en la pénétrant en binôme, les visiteurs sont transportés dans une dimension alternative où leurs propres corps se transforment et se meuvent dans des paysages virtuels mouvants. À ne pas manquer.
Vija Celmins, exposition jusqu’au 21 septembre 2025, et Jordan Wolfson, “Little Room”, jusqu’au 3 août 2025 à la Fondation Beyeler, Bâle-Riehen.

Les mystères et dangers des fonds marins explorés par Julian Charrière au musée Tinguely
À l’automne dernier, Julian Charrière présentait au Palais de Tokyo ses vidéos et installations puissantes de plantations de palmiers et volcans en éruption. Après avoir pris ces pulsations terrestres et souterraines, l’artiste français passionné par la nature a orienté ses explorations vers le monde aquatique.
Dans son exposition au Musée Tinguely, il dévoile notamment son récent film tourné au Groenland, sous les icebergs, ainsi qu’un autre centré sur l’exploitation minière des fonds marins dans le Pacifique.
Julian Charrière, “Midnight Zone”, exposition jusqu’au 2 novembre 2025 au musée Tinguely, Bâle.

L’art contemporain s’invite à l’aéroport avec Lo Brutto Stahl
Inviter l’art contemporain dans un aéroport bâlois : telle est l’idée originale initiée par la galerie parisienne Lo Brutto Stahl l’an passé. Lors de la dernière édition d’Art Basel, ses deux fondateurs Pablo Stahl et Vincent Lo Brutto investissaient en effet les locaux d’Air Service Basel, aéroport privé dédié aux vols d’affaires, avec une exposition pour le moins déroutante. Des hangars à jets aux lounges et salles d’attente en passant par les bureaux, presque tous les espaces du local accueillaient alors peintures, photographies et sculptures, opérant des dialogues réussis qui ont permis à la galerie d’ouvrir un espace permanent sur place.
Pendant cette nouvelle édition d’Art Basel, les jeunes galeristes renouvellent l’expérience en présentant non moins de 29 artistes. Si plusieurs d’entre eux sont représentés par Lo Brutto Stahl, comme Manon Wertenbroek et Philip Seibel, cette nouvelle proposition curatoriale s’enrichit de nombreux artistes extérieurs à la galerie, dont certains familiers du public français tels que Rafik Greiss, BenoÎt Piéron, ou encore Philipp Timischl. Une occasion unique d’apprécier leurs œuvres en face de remarquables véhicules aériens.
Air Service Basel 2025, du 16 au 22 juin 2025 organisée par la galerie Lo Brutto Stahl à l’aéroport privé de Bâle.

Le Basel Social Club de retour dans une banque
En seulement trois ans, le Basel Social Club s’est imposé comme un rendez-vous incontournable de la semaine de l’art à Bâle. Présenté successivement dans une villa des années 30, une ancienne usine de production de mayonnaise, puis dans un champ de culture de près de 50 hectares, l’événement qui réunit pendant quelques jours de nombreuses œuvres proposées par des galeries et project spaces a su proposer un modèle alternatif à la foire, moins concurrentiel, où priment création, diversité et découverte.
Pour sa quatrième édition, le Basel Social Club s’invite dans une ancienne banque du centre ville, dont l’histoire donne la thématique curatoriale de la sélection : les finances, le trading ou encore le commerce. Comme à son habitude, l’événement accueille, en plus des œuvres matérielles, une série de performances présentées tout au long de la semaine – dont celles d’Anthea Hamilton et Juli Wang –, une programmation de films d’artistes curatée par Martha Kirszenbaum, et ouvre son sous-sol chaque soir jusqu’à minuit pour une soirée de DJ sets.
Basel Social Club 2025, du 15 au 21 juin 2025 à Rittergasse 25, Bâle.