L’artiste Julian Schnabel publie un ouvrage exceptionnel chez Taschen
Pour la rentrée 2021, la maison d’édition Taschen prépare déjà une grosse sortie : une imposante monographie consacrée à l’artiste américain Julian Schnabel, figure de la peinture néo-expressionniste dès la fin des années 70 et cinéaste reconnu depuis les années 90. Disponible le 30 janvier prochain, ce livre sous coffret sortira en édition limitée à 1000 exemplaires.
Par Matthieu Jacquet.
7,83 kilos et 570 pages de Julian Schnabel. Voilà le nouveau projet des éditions Taschen. Empaquetée dans un coffret rose poudré, la nouvelle monographie consacrée à l’artiste américain est de toute évidence la plus complète (et la plus imposante) à ce jour. Limitée à mille exemplaires, tous signés par le peintre et cinéaste, et déjà disponible sur réservation avant sa parution le 30 janvier prochain, celle-ci réalise l’exercice ambitieux de parcourir sa vie et sa carrière décennie par décennie à la manière d’une exposition monographique chronologique. Le premier chapitre de cette histoire remonte à Brooklyn à la fin des années 70, lorsque Julian Schnabel expose pour la première fois ses toiles. Dès ses débuts, l’artiste est affilié à un renouveau de la peinture aux Etats-Unis à l’ère d’un minimalisme et d’un art conceptuel triomphants : on parle chez lui d’un néo-expressionnisme pictural, avant de l’associer au courant que l’on a appelé “bad painting”.
Car les œuvres de Julian Schnabel sont bien loin de la peinture conventionnelle. Utilisant la cire, des morceaux d’assiettes brisées, la feutrine et le velours, des rideaux et autres objets usagés, celles-ci présentent des agrégats de matériaux où l’artiste explore des sujets aussi explicites que la sexualité, la mort mais aussi les rêves. Sur bon nombre d’entre elles, on reconnaît souvent les visages de figures célèbres – en atteste son célèbre portrait d’Andy Warhol. Mais le livre édité par Taschen ne se limite pas au seul médium pictural, car au fil de ses quarante et quelques années de carrière, l’artiste américain s’est également aventuré dans la sculpture, dans la photographie – à travers notamment ses Polaroïds maculés de peinture – et, surtout, dans le cinéma. En 1996, le plasticien fait ainsi ses débuts officiels dans l’univers du grand écran avec un biopic consacré à Jean-Michel Basquiat. Ses longs-métrages suivants lui gagnent progressivement une reconnaissance du milieu du cinéma : sorti en 2000, Avant la nuit remporte le Grand Prix du Jury à la Mostra de Venise, Le scaphandre et le papillon (2007) vaut au réalisateur de gagner le prix de la mise en scène au Festival de Cannes et, plus récemment, le biopic de Vincent Van Gogh intitulé At Eternity’s Gate amène Willem Dafoe à être nommé aux Oscars 2019 pour son interprétation bluffante du peintre néerlandais.
Personnage mondain délibérément provocateur et un tantinet mégalomane, Julian Schnabel a également cultivé au fil des décennies une image publique clivante suscitant tantôt fascination, tantôt rejet. Baptisé Palazzo Chupi, son pied-à-terre new-yorkais Palazzo Chupi est d’ailleurs devenu presque aussi célèbre que lui, modelé sur l’architecture d’un palais vénitien et intégralement repeint d’un rose pétant pour un effet des plus kitsch. Afin de ne rien oublier du phénomène Julian Schnabel et tenter de déchiffrer son esprit complexe, Taschen a invité des écrivains tels que Bonnie Clearwater et Daniel Kehlmann, les historiens de l’art Eric de Chassey et Marc Hollein ou encore la chanteuse et musicienne Laurie Anderson à commenter les multiples aspects de son travail. En résulte un pavé extrêmement riche, idéal pour parcourir l’œuvre protéiforme de cette figure artistique majeure qui déclarait déjà en 1979: “Je veux que ma vie soit dans mon travail, écrasée dans la peinture comme une voiture compressée.”
Julian Schnabel, sous la direction de Hans Werner Holzwarth et Louise Kugelberg (2020) aux éditions Taschen, 750€. Édition collector limitée (n° 136-1135), numérotée et signée par Julian Schnabel. Également disponible en deux Éditions d’art.