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Alberta Ferretti
Depuis les années 80, la maison Alberta Ferretti sublime la féminité avec des lignes fluides, un drapé subtil et une élégance italienne intemporelle.

Les débuts d’une vocation naturelle
Alberta Ferretti naît le 2 mai 1950 à Gradara, dans la région des Marches, en Italie. Dès son enfance, elle baigne dans un univers de tissus et d’aiguilles, puisque sa mère tient un atelier de couture. Très tôt, elle apprend à observer les gestes précis, à ressentir les matières et à comprendre la magie du vêtement. Ce monde artisanal, fait de patience et d’amour du détail, façonne sa sensibilité.
À seize ans, elle esquisse déjà ses premiers modèles. En 1968, elle ouvre sa première boutique à Cattolica, baptisée Jolly. Cet espace devient rapidement un lieu d’expression pour sa créativité. Elle y propose ses propres créations, des vêtements raffinés, élégants et modernes. Les clientes locales, séduites par cette approche à la fois féminine et authentique, contribuent à sa réputation grandissante.
Les années de construction et la naissance d’Aeffe
Dans les années 1970, Alberta Ferretti décide de donner une envergure nouvelle à sa passion. En 1976, elle fonde avec son frère Massimo Ferretti la société Aeffe S.p.A.. Ce groupe, qui deviendra l’un des piliers du Made in Italy, assure la production et la distribution de plusieurs marques italiennes, dont la sienne. Cette structure lui permet d’allier indépendance et excellence artisanale.
C’est en 1981 qu’elle présente sa première collection à Milan. Les critiques saluent la délicatesse de ses coupes et la douceur de son univers. Son style, à contre-courant de la mode rigide des années 1980, s’impose immédiatement. À une époque dominée par les silhouettes puissantes et anguleuses, Alberta Ferretti choisit la fluidité et la grâce. Sa vision d’une féminité libre et poétique séduit un public en quête d’élégance sincère.
Une esthétique reconnaissable entre mille

Les créations Alberta Ferretti se distinguent par leur légèreté et leur mouvement. Les tissus glissent sur le corps, les drapés s’enroulent autour de la silhouette, et les couleurs évoquent la nature italienne. Ses robes en mousseline, en tulle ou en soie deviennent rapidement des icônes de raffinement.
Ses collections révèlent une femme moderne, consciente d’elle-même mais toujours romantique. Les nuances poudrées, les pastels, les beiges doux et les verts d’eau reflètent une élégance subtile. Ses créations se démarquent non seulement par leur beauté, mais aussi par leur confort et leur équilibre. En alliant technique et émotion, Ferretti invente une féminité nouvelle, simplement libre.
Une expansion internationale maîtrisée
Au fil des années, Alberta Ferretti développe son influence bien au-delà de l’Italie. En 1989, elle lance une seconde ligne, Philosophy di Alberta Ferretti, destinée à une clientèle plus jeune et plus urbaine. Cette diversification lui permet d’explorer d’autres formes d’expression sans renier son ADN.
Les boutiques s’ouvrent à New York, Paris, Tokyo et Londres, tandis que la structure Aeffe s’agrandit et accueille d’autres maisons prestigieuses telles que Moschino, Jean Paul Gaultier ou Narciso Rodriguez. Cette stratégie renforce la réputation internationale du groupe tout en assurant la solidité financière de la marque Ferretti. La créatrice continue de diriger ses collections avec la même exigence. Pour elle, la mode n’est pas un art de la provocation, mais un art de la nuance. Chaque défilé exprime un équilibre rare entre modernité et romantisme, entre rigueur et douceur.
Entre romantisme et modernité
Durant les années 1990 et 2000, Alberta Ferretti perfectionne sa signature. Les silhouettes deviennent plus franches, les tissus plus travaillés, sans jamais perdre leur fluidité. Son romantisme évolue vers une modernité assumée, tout en conservant cette touche onirique qui fait la force de la marque. Les robes qu’elle imagine évoquent autant la légèreté que la puissance. Les plis sont précis, les transparences maîtrisées, et les couleurs plus audacieuses. Pourtant, chaque collection garde ce souffle poétique qui fait d’elle une créatrice à part.
Très vite, ses créations séduisent les célébrités internationales. Angelina Jolie, Sarah Jessica Parker, Kate Winslet ou Nicole Kidman arborent ses robes sur les tapis rouges. Ces moments de visibilité médiatique renforcent l’aura d’une marque synonyme de raffinement discret et d’élégance italienne.
Un univers qui dépasse la mode
Pour Alberta Ferretti, la mode n’est qu’un fragment d’un art de vivre plus vaste. En 1994, elle acquiert le Palazzo Viviani, un château médiéval qu’elle restaure et transforme en hôtel de charme à Montegridolfo. Ce lieu symbolise sa vision : celle d’une beauté qui se vit au quotidien, dans l’architecture, la nature et les gestes simples. Son goût pour la mise en scène se retrouve dans ses défilés, souvent empreints d’une atmosphère féerique. Chaque robe devient une œuvre mouvante, chaque présentation un poème visuel. Elle imagine la mode comme un théâtre d’émotions, où chaque détail raconte une histoire.
Transmission et continuité

Après plus de quarante ans de création, Alberta Ferretti annonce en 2024 qu’elle quitte son rôle de directrice artistique, tout en conservant sa place de vice-présidente au sein du groupe Aeffe. Cette décision marque la fin d’une ère mais aussi le début d’une nouvelle étape. Le créateur Lorenzo Serafini lui succède à la tête artistique de la maison.
Un héritage intemporel
Aujourd’hui, la maison Alberta Ferretti demeure une référence incontournable du luxe italien. Ses créations continuent de célébrer la féminité sous toutes ses formes, avec une élégance sans effort.
Son œuvre témoigne d’une conviction : la mode doit révéler, non déguiser. Ses robes accompagnent les femmes dans leur quotidien comme dans leurs moments d’exception. Elles traduisent une philosophie simple, celle de la douceur et de la force réunies. En définitive, Alberta Ferretti a su transformer la légèreté en puissance, la délicatesse en art. Depuis 1981, elle tisse une mode à son image : sincère, poétique et éternellement italienne.