Roméo + Juliette : pourquoi il faut (re)voir le film culte avec Leonardo DiCaprio

par La rédaction.

Roméo + Juliette, l’adaptation insolente de Baz Luhrmann

En 1996, le long-métrage Roméo + Juliette éclate à l’écran comme un acte de cinéma irrévérencieux. Baz Luhrmann, à peine remis du triomphe de Ballroom Dancing (1992) – sacré meilleur film musical aux Golden Globes 1994 –, transpose une tragédie shakespearienne culte dans un univers anachronique, saturé de symboles et de musique pop. Vérone Beach, quartier fictif de Los Angeles, devient le théâtre d’un affrontement hystérique entre les Montaigu et les Capulet, dans une sorte de clip frénétique.

À l’époque, la presse se montre réfractaire à cette proposition radicale, lassée au bout de quelques minutes par cette vision MTV de la passion adolescente. Une “esthétique gratuite et forcenée” pour les uns, un “objet en toc” pour d’autres.

Baz Luhrmann avait pourtant tourné l’intégralité de la pièce de Shakespeare, soit près de quatre heures de métrage, avant de tailler le film à la serpe. Le cinéaste souhaitait, avant le montage, éprouver la respiration du texte, son rythme et sa musicalité. Une sorte d’opéra monté en accéléré dans lequel les acteurs Leonardo DiCaprio (21 ans) et Claire Danes (16 ans), seraient les héros fiévreux d’une idylle contemporaine…

Leonardo DiCaprio et Claire Danes au générique

Avant d’atteindre le statut d’œuvre pop et culte, le film connaîtra de nombreuses métamorphoses dans sa distribution. Pour le rôle de Mercutio, Ewan McGregor, Christian Bale et John Leguizamo furent auditionnés (ce dernier héritant finalement du personnage flamboyant de Tybalt), tandis qu’Harold Perrineau, futur narrateur légendaire de la série carcérale Oz (1997), décrocha celui du meilleur ami de Roméo.

Mais c’est surtout du côté de Juliette que la controverse s’intensifia. Natalie Portman, âgée de quatorze ans, tourna des essais poignants face à Leonardi DiCaprio. Mais la Fox s’inquiète. L’écart d’âge entre les deux acteurs risque de rendre certaines scènes problématiques. Cette dernière est donc aussitôt remplacée par Claire Danes (Angela, 15 ans, Homeland). Des décisions qui témoignent de la fragilité du projet. Jusque dans son casting, le film oscille entre désir et interdiction.

Tempête et kidnapping… Un tournage chaotique

Lors du tournage, la réalité se charge de rejouer la tragédie qu’elle filmait. À Mexico City, le coiffeur italien Aldo Signoretti, compagnon de route de Federico Fellini, est enlevé par des malfaiteurs puis libéré contre une rançon de trois cents dollars — avec une jambe fracturée en guise de souvenir… Plus tard, lors de la mort d’un personnage, une tempête tropicale s’abat sur le décor, anéantissant plusieurs installations.

Dans ce tumulte, Harold Perrineau, incarnation queer de Mercutio, découvre qu’il devra jouer son rôle en drag queen, perruqué et fardé comme un saint travesti. Ce choix, loin d’être anecdotique ou provocateur, érige le personnage entre mascarade et martyre. Car Roméo + Juliette pense la tragédie comme un opéra pop pris dans les convulsions du show-business et la violence stylisée des gangs. Un monde d’excès où le religieux flirte avec le blasphème.

Roméo + Juliette (1996) de Baz Luhrmann, disponible le 18 octobre 2025 sur Netflix.