6
6
Rencontre avec Camille Razat, star de la série Les Disparues de la gare
Après Ami-Ami, Emily in Paris et Prodigieuses, la superbe actrice française Camille Razat poursuit son ascension. Ce mercredi 8 octobre 2025, elle sera à l’affiche de la série criminelle Les Disparues de la gare sur Disney+ (et du show Néro, sur Netflix). L’occasion de rencontrer cette comédienne talentueuse et charismatique que les plateformes, le cinéma et la mode s’arrachent.
propos recueillis par Violaine Schütz.
Publié le 6 octobre 2025. Modifié le 13 octobre 2025.

À mille lieues de son rôle de galeriste glamour et branchée dans Emily in Paris, la magnétique actrice française Camille Razat, 31 ans, incarne une enquêtrice discrète, tenace et perspicace dans la nouvelle série true crime de Disney+. Intitulé Les Disparues de la gare, le show, sombre et réaliste, disponible dès le 8 octobre 2025, est basé sur une histoire vraie, celle de jeunes femmes ayant été assassinées à Perpignan entre 1995 et 2001. Un fait-divers troublant, et pas entièrement élucidé à ce jour, qui en dit long sur les violences dont sont victimes les femmes, évoquant des sujets encore tristement actuels comme les féminicides et les plaintes pour viol classées sans suite. La comédienne nous parle en détails et se confie sur ses aventures en tant que productrice.
L’interview de l’actrice Camille Razat, star de la série Les Disparues de la gare
Numéro : Qu’est-ce qui vous a donné envie de jouer dans la série Les Disparues de la gare ?
Camille Razat : C’est d’abord l’histoire qui m’a happée. Cette affaire a marqué la France dans les années 90 et début 2000. Je connaissais l’affaire de loin, comme beaucoup de Français. Mais en travaillant sur le projet, j’ai découvert à quel point elle avait marqué la région de Perpignan et notre pays. Elle a laissé une empreinte durable dans les mémoires. Elle est glaçante, parce qu’elle parle de jeunes femmes disparues dans une gare que tout le monde connaît, un lieu familier. J’ai trouvé essentiel de redonner une voix à ces victimes et à ceux qui ont enquêté pendant près de vingt ans pour obtenir la vérité.
“Cela m’intéressait beaucoup de montrer une femme qui se bat pour être écoutée, et qui finit par se faire respecter grâce à son intelligence.” Camille Razat
Qu’est-ce qui vous a le plus intéressée dans le scénario ?
La patience et la ténacité qu’il a fallu pour faire éclater la vérité. On a l’habitude, dans les fictions policières, de voir des affaires résolues en une heure. Ici, on raconte la lenteur, l’usure, le doute. J’ai trouvé passionnant que le scénario mette en lumière cette réalité-là : l’enquête comme une course de fond.
Est-ce que le fait que votre personnage soit une femme évoluant dans un univers masculin a joué dans votre envie d’accepter ce projet ?
Oui, clairement. Mon personnage, Flore Robin, arrive dans un milieu où l’autorité et l’expertise sont encore largement masculines. Elle doit trouver sa place, s’imposer sans se renier, avec ses intuitions, sa sensibilité. Cela m’intéressait beaucoup de montrer une femme qui se bat pour être écoutée, et qui finit par se faire respecter grâce à son intelligence et sa détermination.

“J’avais envie de comprendre non seulement les procédures, mais surtout l’état d’esprit : comment on vit avec ce genre d’affaires.” Camille Razat
Comment décririez-vous la personnalité de votre personnage ?
Flore est une femme intègre, passionnée par son métier, mais aussi vulnérable. Elle n’est pas une super-héroïne. Elle doute, elle trébuche parfois, mais c’est justement ce qui la rend profondément humaine. C’est une création de fiction, mais elle s’inspire de plusieurs femmes policières qui ont travaillé à l’époque sur des affaires similaires. Le but était d’incarner à travers Flore toutes celles qui, dans l’ombre, ont permis que justice soit rendue.
Comment vous êtes-vous préparée pour jouer le rôle d’une policière ?
J’ai échangé avec des enquêteurs et des policières, et plus précisément avec Franck Martins – ancien policier devenu consultant sur des séries – qui m’a ouvert les portes de la PJ de Lille où j’ai pu passer une journée en immersion dans les différents services. Franck a malheureusement connu beaucoup d’affaires similaires à celles des disparues de la gare de Perpignan et j’ai pu lui poser toutes les questions que je voulais. J’avais envie de comprendre non seulement les procédures, mais surtout l’état d’esprit : comment on vit avec ce genre d’affaires, comment on se protège (ou pas) de ce que l’on voit.

“Je trouve que le true crime est fascinant quand il permet de comprendre la psychologie humaine, la société, les failles du système.” Camille Razat
Êtes-vous une amatrice de séries criminelles et de true crime ?
J’en regarde beaucoup oui. Je trouve que le true crime est fascinant quand il permet de comprendre la psychologie humaine, la société, les failles du système. J’ai récemment vu un film qui m’a bouleversé : Les chambres rouges de Pascal Plante.
Comment expliquez-vous qu’autant de personnes se passionnent pour le true crime ?
Je pense que cela tient à deux choses : la peur et la fascination. Le spectateur se dit “ça aurait pu m’arriver”, et en même temps il cherche à comprendre l’incompréhensible. C’est une manière de se confronter à l’horreur, mais dans un cadre “sécurisé”, celui de la fiction ou du documentaire.

“Je ne supporterai pas de devoir jouer le même type de rôles constamment.” Camille Razat
Avec cette série sombre, vous vous éloignez d’autres projets plus glamour comme la série Emily in Paris. Était-ce un moyen de casser votre image ?
Je n’aime pas forcément parler de casser une image, mais plutôt d’élargir mon registre. J’ai besoin de rôles très différents. Emily in Paris est un show joyeux et léger, Les Disparues de la gare est un projet beaucoup plus sombre, ancré dans le réel. C’est une chance pour une actrice de pouvoir naviguer entre ces univers. Je ne supporterai pas de devoir jouer le même type de rôles constamment. Je refuse que l’on m’enferme dans une case.
À quel point les costumes et le maquillage vous aident à entrer dans un rôle ?
Énormément. Dans la série Les Disparues de la gare, le maquillage est quasi invisible, les costumes sont fonctionnels, réalistes. Cela aide à se dépouiller de toute coquetterie, à se concentrer sur l’essentiel : le vécu du personnage, son état intérieur.

“J’ai cruellement besoin du collectif, et le métier d’acteur peut être extrêmement solitaire.” Camille Razat
Vous avez récemment lancé votre maison de production. Pouvez-vous nous en dire plus sur le sujet ?
Oui, j’ai fondé TAZAR il y a deux ans et demi. C’est né de mon envie de raconter des histoires autrement, de soutenir des réalisateurs émergents, de créer ma famille de cinéma. J’ai cruellement besoin du collectif, et le métier d’acteur peut être extrêmement solitaire. Nous sommes aussi tributaires du désir des autres et ça n’est pas une position confortable. J’ai décidé de placer TAZAR comme une production française à vocation internationale. Nous avons déjà tourné plusieurs courts métrages avec, pour chacun, une langue différente. J’aime créer des ponts entre les cultures et les pays. On développe à la fois des clips musicaux, des fictions courtes et des projets plus hybrides, comme des campagnes très cinématographiques pour des maisons de mode ou de beauté. On agit d’ailleurs plus comme une agence de créatifs que comme une production classique. Nous sommes actuellement en train de préparer des longs-métrages. Cela reste d’ailleurs notre but premier.
Quels sont vos projets ?
En ce moment, nous avons plusieurs films en préparation avec TAZAR, et je continue aussi à travailler comme actrice sur des projets très variés, en France et à l’international. Néro sortira sur Netflix International le 8 octobre 2025. Ce qui me guide, c’est toujours la qualité des histoires, la rencontre humaine avec un(e) réalisateur(rice), une équipe, et la possibilité de me surprendre moi-même dans des registres nouveaux. Jouer des rôles permet de mieux comprendre l’humanité, et donc nous-même.
Les Disparues de la gare (2025), créée par Gaëlle Bellan, disponible le 8 octobre 2025 sur Disney+. Néro (2025), créée par Allan Mauduit, Jean-Patrick Benes et Martin Douaire, disponible le 8 octobre 2025 sur Netflix.
