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Rencontre avec Charlotte Cardin, la nouvelle comète de la pop
Avec le tube Feel Good, la carrière de Charlotte Cardin a explosé. Deux ans après sa sortie en 2023, le morceau a en effet fait le tour du monde cet été, notamment sur les réseaux sociaux, où la voix de la chanteuse canadienne habillait de nombreuses vidéos de vacances d’influenceurs. Mais son univers musical est bien plus large. Il englobe des sonorités pop et électro et des chansons piano-voix. Et mêle des paroles en français sur l’amour à des refrains en anglais sur la solitude. Alors qu’elle chantait, ce lundi 29 septembre, pour le prestifieux défilé L’Oréal Paris organisé sur le parvis de l’Hôtel de Ville, à Paris, on a rencontré la future superstar de la pop.
propos recueillis par Camille Bois-Martin.

L’interview de Charlotte Cardin, star du défilé L’Oréal Paris
Numéro : Vous êtes devenue ambassadrice L’Oréal Paris en juillet dernier. Qu’est-ce titre représente pour vous ?
Charlotte Cardin : C’est un partenariat qui, pour moi, était vraiment un no brainer. L’Oréal Paris incarne des valeurs auxquelles je m’identifie depuis toujours. J’ai tellement de souvenirs d’enfance associés à cette marque ! Je revois ma grand-mère utiliser les produits L’Oréal, mais aussi ma mère, ma sœur… Et puis, il y a ce rapport à l’estime de soi que la marque incarne et que je trouve tellement important. C’est ce que je souhaite incarner aussi à travers ma musique. C’est un honneur de faire partie des ambassadrices.
Avant d’être musicienne, vous avez commencé par le mannequinat. Qu’est-ce que cela vous fait de replonger dans ce milieu en participant au défilé L’Oréal Paris qui a eu lieu le 29 septembre 2025 ?
Travailler dans le milieu de la mode a été compliqué pour moi, pour plusieurs raisons. Quand j’étais mannequin, j’étais vraiment jeune et je sentais qu’on utilisait mon corps et mon visage pour raconter les histoires d’autres personnes. Mais j’ai toujours ressenti ce besoin de raconter ma propre histoire. C’est d’ailleurs pour ça que j’ai toujours voulu faire de la musique. C’est ce qui me fait me sentir connectée aux autres. Avec le défilé L’Oréal Paris, je reprends le contrôle de mon récit.
Que voulez-vous dire par là ?
Je peux enfin raconter ma propre histoire à travers les choix que je fais en matière de beauté et de mode. Je n’ai pas pas participé à ce défilé en tant que mannequin, mais en tant qu’ambassadrice d’une marque que j’adore et surtout en tant que chanteuse, en tant que femme. Ça me permet de revenir dans un monde que je trouve très inspirant pour plein de raisons, mais, cette fois-ci, selon mes propres termes.

“La mode est une façon pour moi de compléter mon storytelling. ” Charlotte Cardin
La mode a donc défini votre esthétique lorsque vous étiez mannequin. Comment l’intégrez-vous aujourd’hui dans votre musique ?
La mode est un médium tellement riche pour plein de raisons. C’est vraiment une façon pour moi de compléter mon storytelling, qui ne passe pas seulement par la musique, mais qui se traduit à travers mon image et tout ce qui touche à mes projets. Ça permet aussi à mes fans de pouvoir s’identifier à moi à d’autres niveaux.
Travaillez-vous avec une styliste ?
Oui, je travaille avec une styliste, mais je suis quand même vraiment très impliquée dans tous les choix de ce que je porte. C’est très important que je me sente bien et confortable quand je suis sur scène. Il y a vraiment un engagement très physique dans le fait de chanter, dans ma façon de bouger. Et puis il faut aussi que je me sente belle. Je sais que je donne de meilleures performances quand je me sens ancrée. Et quand je porte quelque chose qui me fait me sentir encore plus forte. Jamais je ne travaillerai avec quelqu’un qui voudrait me dire quoi porter !

“Les relations amoureuses me fascinent. ” Charlotte Cardin
Le défilé L’Oréal Paris a eu lieu devant l’Hôtel de Ville, un des lieux les plus emblématiques de Paris. Et vous vivez justement dans la capitale depuis quelques années…
Paris est une ville tellement riche culturellement, tellement inspirante. Dès que je mets un pied dehors, je vois des visages que je trouve captivants. Je vois des immeubles, une architecture qui est inspirante. Cette ville influence ma musique… Je m’y sens très stimulée.
Paris est d’ailleurs connu pour son image très romantique. Vous écrivez vous-même beaucoup de chansons d’amour… Vous considérez-vous comme une éternelle romantique ?
Oui, totalement ! Je suis une éternelle romantique. Les relations amoureuses me fascinent. Cette idée de la communication entre deux personnes, de l’amour, des expériences qu’on vit avec une personne qu’on aime… Toutes ces choses-là m’ont toujours passionée.
“Mon lit est ma safe place. ” Charlotte Cardin
Quels-sont vos lieux “refuge”, vos safe place à Paris ?
Je connais un petit restaurant qui s’appelle le Verre Volé, que j’adore. C’est un caviste et le menu change tous les jours. Tout y est tellement bon ! Sinon, mon lit est ma safe place. Je voyage toujours partout, je dors dans des avions, dans des hôtels. Honnêtement, juste le luxe de pouvoir être dans mon lit, à Paris… En plus, on a une jolie vue de la chambre.
Dans vos chansons, vous alternez entre l’anglais et le français, la pop et l’électro et vous évoquez l’amour comme la solitude. Tout semble finalement être une question d’équilibre… Comment le trouvez-vous, cet équilibre ?
C’est une question que je me pose moi-même parce que j’ai beaucoup d’inspirations différentes. Dans ma discographie, il n’y a pas vraiment deux chansons qui se ressemblent. Pour moi, la musique est un terrain de jeu hyper excitant, mais, il est vrai que pour quelqu’un qui découvre tout juste ma musique, c’est peut-être difficile de me catégoriser. Même si c’est de la pop, elle est inspirée par plein de choses différentes. Je ne sais pas si je recherche vraiment une sorte d’équilibre, car je pense que cette ambivalence est ancrée en moi. Puis, je trouve qu’il y a quelque chose de vraiment amusant dans le fait de ne pas me limiter stylistiquement, de pouvoir prendre les inspirations comme elles viennent.
“Il est vrai que c’est peut-être difficile de me catégoriser.” Charlotte Cardin
Votre titre Feel Good a fait le tour de la planète et a propulsé votre carrière. Considérez-vous qu’il s’agit d’une bonne porte d’entrée à votre univers musical ?
C’est une bonne question, car Feel Good est une chanson unique dans ma discographie et c’est de loin mon morceau le plus léger, le plus pop. C’est une bonne porte d’entrée dans mon univers parce que ce titre mélange le français et l’anglais. Mais il combine aussi un style un peu plus house avec de la pop et un côté un peu French touch aussi. Il y a ce clash de styles qui me définit. Donc, oui, c’est une bonne porte d’entrée, mais il n’est pas représentatif du reste de mes chansons.
Vous avez sorti en septembre votre nouveau titre, Tant pis pour elle, plus sombre mais aussi tout aussi puissant que Feel Good. Signe-t-il une nouvelle ère dans votre carrière ?
Il donne de bons indices sur ce qu’on est en train de préparer pour mon prochain album ! Il y a en effet un côté un peu plus dark que Feel Good, mais on conserve quand même cet aspect un peu dansant. Ce nouveau morceau s’inscrit dans un univers qui sera peut-être un peu plus cinématographique, très imagé…

“La musique a toujours été une thérapie pour moi.” Charlotte Cardin
Vos parents sont des scientifiques, vous dîtes vous-même que vous seriez sûrement vouée à une carrière scientifique s’ils ne vous avaient pas encouragée vers la musique. Ce domaine a-t-il influencé votre approche de la musique ?
C’est une très bonne question. Mes parents qui sont de véritables workaholic. Ils travaillent tellement, et ce, depuis toujours. Ça m’a inculqué un certain rapport au travail, à l’effort : si tu veux quelque chose, tu travailles dur pour l’avoir. Ce n’est pas une façon de penser très saine, mais je pense que cette éthique de travail et cette idée de ne rien prendre pour acquis m’ont énormément aidée à persévérer dans ma carrière.
Dans de nombreuses interviews, vous évoquez le fait que vous ne pouvez pas vous limiter à des chansons tristes et que vous avez besoin de titre dansants. Est-ce que la musique est une thérapie pour vous ?
Oui, complètement. La musique a toujours été une thérapie pour moi. À la fois le fait d’écouter la musique d’autres artistes, mais à travers ma propre pratique. Ça a toujours été une façon de canaliser mon monde intérieur, qui a toujours été un peu trop intense, trop débordant. Je n’ai jamais vraiment su comment dompter ce monde imaginaire et émotionnel qui bouillonne à l’intérieur de moi, si ce n’est à travers la musique. Donc, oui, c’est complètement une thérapie. Je pense vraiment que j’aurai du mal à naviguer dans la vie de façon saine sans la musique.
L’Oréal Paris et son défilé célèbrent l’émancipation des femmes, l’inclusivité et la sororité. Des valeurs qui portent aujourd’hui toute une nouvelle génération d’artistes féminines qui explosent de Sabrina Carpenter à Angèle en passant par Chappell Roan… Peut-on espérer un renouveau plus féminin et libéré de la scène musicale ?
Déjà, le fait qu’on parle de ces choses est un progrès immense. Le fait que ce soit assumé d’être féministe, de croire en cette égalité qui n’est pas encore atteinte, mais de faire tous les jours des petits pas dans cette direction… Je pense qu’il y a encore beaucoup de chemin à faire pour espérer atteindre une forme d’égalité.
Tant pis pour elle (2025) de Charlotte Cardin, disponible. En concert à l’Accor Arena, à Paris, le 30 avril 2026.