Le film Wicked est-il une meringue indigeste ou une comédie musicale féerique ?

Depuis des mois, la promo du film Wicked bat son plein, au point qu’on a presque l’impression d’avoir déjà vu le film. Comme pour Barbie, Challengers et Beetlejuice Beetlejuice, les actrices du blockbuster, Cynthia Erivo et Ariana Grande, s’en sont donné à cœur joie côté Method dressing. En plus de multiplier les apparitions en tenues rose et verte, les deux teintes phares des sorcières de Wicked, les deux stars ont enchaîné les interviews dans lesquelles elles apparaissent émues aux larmes.

On a aussi eu droit aux poupées Wicked et autres produits dérivés en tout genre… Résultat des courses ? On avait très peur avant de découvrir le long-métrage de son côté grosse meringue kitsch au budget pharaonique…

Wicked, une comédie musicale portée par Ariana Grande et Cynthia Erivo

Mais qu’en est-il au final ? Dans sa trame, le film reprend l’histoire de la comédie musicale de Broadway, créée en 2003, dont elle est inspirée et s’inscrit dans l’univers du Magicien d’Oz. On y suit le parcours de deux jeunes sorcières (les futures bonne fée et méchante sorcière de l’Ouest), Elphaba (Cynthia Erivo) et Glinda (impeccable Ariana Grande en peste attachante et ultra girlie) sur les bancs de l’Université de Shiz, au sein du fantastique monde d’Oz.

La première souffre des préjugés liés à sa couleur de peau (verte) et découvre l’étendue des pouvoirs magiques, qu’elle doit contrôler pour ne pas sombrer du côté sombre de la force. Face à elle, on trouve Glinda, jeune femme populaire qui se comporte comme une princesse et se montre hostile envers Elphaba avant de devenir son amie. Entre elles, se dresse un prince charmant cabotineur (l’irrésistible Jonathan Bailey), qui séduit les deux héroïnes (mais aussi le public dès les premières secondes où il apparaît à l’écran)…

Entre Barbie, Harry Potter et Mean Girls

Mais le très camp Wicked, réalisé par Jon M. Chu (Crazy Rich Asians) est une histoire d’amitié avant d’être une histoire d’amour ou de sorcellerie. Et c’est la grande force du film, qui émeut surtout lorsque les deux femmes unissent leurs forces face à l’adversité, notamment lors d’une scène de fête mémorable, belle leçon de tolérance et d’acceptation de la différence. On admire aussi les paysages féériques du pays d’OZ, recréés avec minutie ainsi que les jolies idées qui traversent la comédie musicale (notamment sur les animaux qui perdent leurs voix et deviennent peu à peu prisonniers des humains et enfermés dans des cages).

Pour le reste, ce mélange entre Barbie, Harry Potter et Mean Girls : Lolita malgré moi manque souvent de subtilité, notamment lorsqu’il aborde la couleur de peau de l’héroïne ou les clichés des étudiants populaires opposés aux éléves impopulaires. Et il souffre de longueurs. D’autant plus qu’après 2h40 de guimauve sentimentale tantôt attendrissante, tantôt too much (dans laquelle les moments chantés sont omniprésents), on apprend avec stupeur qu’il ne s’agit que de la première partie du long-métrage.

Au final, cette villain origin story est un bon divertissement, qu’on a envie de voir accompagné d’enfants (la vraie cible de cette mignonnerie), mais on regrette que tout ne soit pas au niveau de la performance malicieuse, très second degré et ensorcelante d’Ariana Grande, qui mérite amplement un Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle.

Wicked (2024) de Cynthia Erivo, Ariana Grande, Jonathan Bailey, au cinéma le 4 novembre 2024.