5 juil 2021

Alaïa par Pieter Mulier : une première collection entre héritage et modernité

C’est dans la rue de Moussy, où se situe l’atelier du créateur disparu en 2017, qu’a défilé la première collection Alaïa signée de son nouveau directeur artistique Pieter Mulier. Une succession de silhouettes entre hommage au couturier tunisien et modernité post-pandémie. 

Si aujourd’hui l’entrepôt situé à l’angle des rues de La Verrerie et de Moussy accueille la fondation Azzedine Alaia, une boutique et une librairie, ce lieu, décoré par Julian Schnabel, fut durant plus de 30 ans l’atelier et la maison du couturier disparu en 2017. En choisissant de présenter sa première collection dans la rue de Moussy, Pieter Mulier, nommé directeur artistique en février 2021, inscrit sa volonté de célébrer l’héritage du créateur. À travers 43 silhouettes, qui mélangent haute couture et prêt-à-porter, le créateur belge, ancien bras droit de Raf Simons chez Jil Sander, Dior et Calvin Klein, met en lumière et surtout fait perdurer les techniques et savoir-faire développer par Azzedine Alaia. On retrouve naturellement les robes sculpturales devenues iconiques mais aussi le travail du cuir et de la maille body-con, ainsi que la ceinture corset, la capuche, la cagoule et les studs, tous ses codes qui ont participé à écrire l’histoire d’une maison qui mérite amplement le qualificatif d’intemporelle. 

 

La patte de Pieter Mulier se ressent ici davantage dans les détails ainsi que dans cet habile mélange entre créations iconiques et propositions subversives conçues pour séduire les déesses Instagram telles que Kim Kardashian et consoeurs. Ce sont deux robes moulantes où des bandes en velours noir ou rouge et maille alternées de maille crème évoquent une peau de serpent, le tout rehaussé de franges; des robes en résille XXL orné de clous épais quand ils ne sont pas remplacés par des grelots; ce sont également ces bodys habilement placés sous des tuniques longues en mailles transparentes ou cette robe en maille côtelée resserrée aux endroits stratégiques ou encore cette création vaporeuse et volumineuse en soie technique d’une légèreté et d’une tenue incomparable. On retrouve également des robes body-con en mousse japonaise bleue ou blanche au toucher surprenant ou déclinée dans un matériau blanc effet mouillé à mi-chemin entre le tissu stretch et le vinyle. Parmi les pièces couture, deux mini-robes en fishnet à sequins tissés brodés d’une légèreté surprennent par leur exceptionnelle légèreté, un manteau en python noir dramatique ou une robe en cuir moulée directement sur Iran, mannequin de la maison, séduisent immédiatement, tout comme les trois looks en popeline immaculée, avec ces jupes bouffantes et ludiques.

 

Enfin, ces créations s’accompagnent de chaussures aux allures de sculptures en bois ainsi que deux sacs aux formes organiques qui rappellent non seulement la vocation initiale d’Azzedine Alaia, qui étudia cette discipline aux Beaux Arts de Tunis, tout comme l’attrait de Pieter Mulier pour l’art contemporain. Mention spéciale pour les babouches en cuir et son bracelet de cheville en argent intégré.