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Lyna Khoudri
Née en 1992 à Alger, révélée par Papicha, primée aux César, muse de Chanel, elle incarne à 32 ans une génération plurielle qui rêve sans s’excuser. En 2025, elle revient sur la Croisette, silhouette couture et regard ardent. Portrait d’une actrice qui redessine les contours d’un cinéma français.

Les débuts de Lyna Khoudri
Née dans une Algérie encore marquée par les secousses de la guerre civile, Lyna Khoudri quitte le pays très jeune avec sa famille pour s’installer à Aubervilliers, puis à Paris. L’Algérie reste en elle — dans ses silences, ses choix, ses rôles. En 2019, Papicha fait l’effet d’un choc esthétique et politique. Lyna y incarne Nedjma, jeune étudiante qui défie le fondamentalisme à travers la mode. Le film, signé Mounia Meddour, conjugue rage sourde et poésie féminine. La performance est saluée, couronnée par le César du Meilleur Espoir féminin en 2020. Ce rôle marque plus qu’un début : il révèle une actrice capable de faire vibrer le politique dans l’intime. Une voix, une allure, un regard qui racontent l’Algérie contemporaine tout en parlant à la jeunesse mondiale. Une actrice ancrée, sans frontière.
Chanel : élégance mutique, présence manifeste
Depuis 2022, Lyna Khoudri est ambassadrice Chanel. Un choix qui dit tout. Pas pour sa photogénie seule, mais pour ce qu’elle incarne : une élégance sobre, une assurance tranquille, une féminité affranchie. Elle défile, pose, rayonne. Mais toujours sans emphase. À Cannes 2025, elle apparaît dans une robe aux reflets nacrés, miroir de son jeu : fluide, nuancé, texturé. La mode devient, chez elle, un prolongement naturel de l’expression artistique — une manière d’habiter le monde.
Une filmographie sans fausse note

De The French Dispatch à Adieu les cons, en passant par Les Trois Mousquetaires, Lyna Khoudri compose un parcours fait de contrastes assumés. Elle joue autant dans des fresques populaires que dans des œuvres d’auteur exigeantes.
Dans le rôle de Constance Bonacieux, elle déconstruit l’héroïne classique, lui insuffle une intensité nouvelle. Chaque rôle semble pensé, habité, choisi. Elle construit une cartographie sensible du monde d’aujourd’hui, à travers des femmes en tension, complexes, insoumises.
Présence discrète, voix essentielle
Elle est rare sur les réseaux, pudique dans ses confidences. Loin des polémiques, elle soutient des causes — défense des immigrés, collectifs artistiques diasporiques — avec une constance feutrée. Elle ne s’exhibe pas. Elle agit. Lentement, précisément, là où cela résonne.
En mai 2025, elle gravit les marches du Palais comme on écrit une ponctuation élégante. Pas d’effusion. Mais une présence. Lyna Khoudri incarne ce que le cinéma peut encore dire de nous : nos héritages mêlés, nos désirs d’avenir, nos contradictions fécondes.
Elle ne cherche pas à séduire. Elle habite. Et sa robe Chanel, son regard franc, ses silences éloquents suffisent à raconter toute une époque.
Et maintenant ?
Il y a chez Lyna Khoudri quelque chose d’irréversible. Chaque rôle, chaque apparition, chaque posture est un déplacement. Elle ne cherche pas la lumière : elle l’infléchit. Elle ne revendique pas : elle incarne.
Son cinéma est poreux. Traversé de mémoires, de langues, de luttes et de tendresses. Il ressemble à son époque, mais en mieux. Et si demain, elle devenait l’une des grandes figures d’un septième art repensé, pluriel et sans frontières ? Tout en elle le laisse espérer.