Créatrice de mode

Jeanne Friot

Née en 1995 à Paris, Jeanne Friot grandit dans un environnement créatif. Entre une mère musicienne et un père plasticien, elle s’immerge très tôt dans différents domaines artistiques. Diplômée de l’école Duperré puis de l’Institut Français de la Mode, elle façonne une esthétique sensible et politique, qui convoque les sens par son usage de matériaux non conventionnels. Dès ses premières collections, elle revendique une mode inclusive et non-genrée, qui libère plutôt qu’elle ne dicte.



Publié le 25 juin 2025. Modifié le 14 août 2025.

Les débuts de Jeanne Friot

En 2020, Jeanne Friot fonde sa maison du même nom. Ainsi, dans un monde soudain ralenti par la pandémie, elle choisit de lancer un label de mode responsable qui s’inscrit dès le départ dans une démarche consciente et cohérente. De ce fait, ses vêtements sont intégralement fabriqués en France, à partir de matériaux recyclés à plus de 90 %, ce qui garantit une production à la fois éthique et locale. Par ailleurs, le rythme de création, volontairement lent, s’oppose clairement à la cadence effrénée du prêt-à-porter traditionnel. Par ce choix assumé, elle affirme sa volonté de durabilité et de respect, tant pour les artisans que pour les consommateurs. Finalement, en privilégiant la qualité à la quantité, elle impose une autre temporalité à la mode contemporaine.

La maison Jeanne Friot impose une identité propre, qui puise autant dans le vestiaire féminin que dans le vestiaire masculin. Jeanne Friot refuse le genre comme cloison. “Je la rapproche d’une histoire d’amour. Pour moi, quand tu tombes amoureux de quelqu’un, tu tombes amoureux d’une entité […] C’est une énergie. Et pour le vêtement, c’est pareil. Tu tombes amoureux d’un vêtement parce qu’il a telle couleur, parce qu’il veut dire quelque chose, parce qu’il est fait dans une matière que tu aimes bien, parce que quand tu le portes il transmet un message… Pour ça, tu n’as pas besoin de cloisonnement. N’importe qui peut s’empouvoirer du vêtement !” prône-t-elle en 2024 dans son interview avec Stylist. Aussi, elle conçoit la mode comme un champ d’expression sociale, un outil de transformation des normes. 

Une collection hommage à la puissance féminine

Sa collection automne-hiver 2025, présentée en juin 2024 sur le toit de Duperré, rend hommage à plusieurs figures iconiques : Debbie Harry, Grace Jones, Françoise Sagan ou Maggie Nelson. Sur le podium, des silhouettes androgynes défilent dans des pièces puissantes, faites de cuir recyclé, de velours fluide, de corsets déconstruits. Chaque look est un manifeste : réécrire le genre, détourner le pouvoir des normes et l’offrir à tous.

2024 : la créatrice se fait remarquer aux JO de Paris

En juillet 2024, lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris, une cavalière scintille sur la Seine, habillée d’une armure métallique conçue par Jeanne Friot. La tenue, imaginée en collaboration avec l’artisan du cuir Robert Mercier, est composée d’une cuirasse à capuche amovible, munie d’une braconnière, d’un body, d’un caleçon, d’une paire de gants ainsi que d’une paire de cuissardes. 

Au-delà de ce spectacle épatant, Jeanne Friot sublime Paris aux côtés d’autres invités de renom. En l’occurrence, Charles de Vilmorin dessine un portrait vivant qui combine performances gymnastiques à des esquisses colorées.  Cependant, la Jeanne d’Arc signée Jeanne Friot représente une autre œuvre d’art qui se voit graciée une place dans l’exposition La Mode en mouvement des collections du Palais Galliera. L’exposition est accessible au musée du 8 février au 12 octobre 2025. Une chose est sûre, elle impose son esthétique : futuriste, inclusive, ancrée dans les savoir-faire artisanaux.

Jeanne Friot : finaliste de l’ANDAM 2025 et des défilés très remarqués

Forte de la mise en lumière offerte par les Jeux Olympiques de Paris 2024, Jeanne Friot s’impose désormais comme l’une des figures les plus remarquées de la scène mode. En effet, qu’il s’agisse de ses inspirations – elle puise notamment pour sa collection printemps-été 2025 dans la musique et rend hommage à plusieurs reprises à ses icônes punk, tels que Kurt Cobain ou Madonna – ou de ses prises de position affirmées, son univers créatif ne laisse personne indifférent.

Un défilé manifeste

Ainsi, son dernier défilé automne-hiver 2025-2026 a marqué les esprits. Grâce à un casting composé uniquement de mannequins transgenres et à des imprimés porteurs de messages politiques forts, elle a réussi à conjuguer esthétique et militantisme. Cet engagement sincère, couplé à un sens aigu du style, a propulsé son message inclusif sur le devant de la scène internationale.

Une reconnaissance institutionnelle

En juin 2025, Jeanne Friot se hisse parmi les finalistes de l’ANDAM (Association nationale pour le développement des arts et de la mode), dont le concours prestigieux met en lumière les talents émergents. Par ce biais, elle se retrouve aux côtés de marques montantes comme Alain Paul ou Zomer, consolidant ainsi sa place dans le paysage créatif.

À contre-courant d’une industrie parfois trop formatée, Jeanne Friot incarne une génération de créateurs qui pensent pour et avec leur époque. Sa mode, profondément connectée aux réalités sociales, propose une réflexion sur l’identité, la liberté et la représentation. De plus, son approche narrative, alliée à une audace esthétique, transforme chaque collection en manifeste artistique et politique.

Un avenir qui s’annonce incontournable

En définitive, Jeanne Friot façonne un univers où se rencontrent provocation, élégance et engagement. Grâce à ses choix créatifs assumés, elle s’inscrit parmi les voix qui redéfinissent le paysage de la mode contemporaine. Si l’on en juge par son parcours fulgurant, il est évident que son influence continuera à s’étendre bien au-delà des podiums.