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Dolce & Gabbana
Plus qu’une maison, Dolce & Gabbana est une déclaration. Une célébration baroque de l’identité, du désir, de l’excès maîtrisé. Fondée par Domenico Dolce et Stefano Gabbana, la marque incarne, depuis près de quatre décennies, un luxe sensuel, délibérément théâtral. Ici, la mode ne se veut jamais discrète. Elle affirme, magnifie, incarne.

La naissance d’une maison
D’abord, il faut évoquer une rencontre. Celle de Domenico Dolce, fils de tailleur né en Sicile, et de Stefano Gabbana, créatif milanais. En 1982, leurs destins s’entrelacent. Ainsi naît l’une des maisons les plus expressives du paysage mode. À l’origine, deux univers opposés — l’un enraciné dans la tradition, l’autre porté par l’audace graphique. Pourtant, cette dualité fonde leur singularité. Leur amour commun pour l’élégance théâtrale forge une grammaire esthétique nouvelle, profondément méditerranéenne.
Dès leurs premiers défilés, Dolce & Gabbana imposent un style. À compter de ce moment, leurs collections ne suivent plus les tendances, elles racontent une géographie affective. Certes, il s’agit de mode mais surtout de territoire. Chaque silhouette évoque la Sicile — celle des Madones baroques, des rituels populaires, des femmes flamboyantes, des hommes tatoués. Les podiums deviennent des fresques vivantes faites de mémoires et de symboles.
Dolce & Gabbana : le baroque flamboyant du style italien

Le défilé devient théâtre. Les mannequins ne défilent pas, elles incarnent. Ainsi, les shows se transforment en processions lyriques. La musique italienne y résonne comme une bande-son intime. Grâce à cette mise en scène, la Fashion Week de Milan prend des allures d’opéra populaire. La maison érige chaque présentation en moment sacré.
Depuis 2012, la ligne Alta Moda incarne cette ambition de magnificence. Présentées dans des lieux chargés d’histoire — Venise, Palerme, Capri —, ces collections réenchantent l’artisanat. De fait, les robes sculpturales, les capes brodées, les références mythologiques évoquent autant la religion que le fantasme. À la lumière de cet héritage, la haute couture devient un opéra visuel où chaque couture, chaque gemme, chaque transparence exalte l’émotion.
Des campagnes solaires
Parallèlement, Dolce & Gabbana traduisent leur vision dans leurs parfums. Il ne s’agit pas seulement d’un prolongement commercial. En réalité, ces fragrances incarnent leur esthétique. Ainsi, Light Blue, The One, ou K by Dolce & Gabbana deviennent des talismans olfactifs.
Pourtant, la force de la maison réside aussi dans sa figure féminine. La femme Dolce n’est pas une ombre. Au contraire, elle avance avec fierté, exagération, majesté. Corsetée, couronnée, elle ne s’excuse pas. Elle s’impose. À première vue, ce style peut sembler excessif mais il révèle une véritable dévotion. C’est une religion du corps, une célébration de la sensualité populaire, une liturgie haute couture.
En 2025, la maison continue d’embrasser son goût du spectaculaire. Notamment, ses campagnes solaires s’accompagnent de projets cinématographiques et de collaborations artistiques inattendues. En dépit des injonctions à la sobriété, elle défend le droit au rêve. La couture devient apparition. Une fulgurance baroque. Un manifeste d’identité. Dolce & Gabbana n’habillent pas seulement des corps, ils sculptent des icônes.