Maison de luxe

Dolce & Gabbana

Plus qu’une maison, Dolce & Gabbana est une déclaration. Une célébration baroque de l’identité, du désir, de l’excès maîtrisé. Fondée par Domenico Dolce et Stefano Gabbana, la marque incarne, depuis près de quatre décennies, un luxe sensuel, délibérément théâtral. Ici, la mode ne se veut jamais discrète. Elle affirme, magnifie, incarne.

Publié le 16 juin 2025. Modifié le 25 juillet 2025.

La naissance d’une maison

D’abord, il faut évoquer une rencontre. Celle de Domenico Dolce, fils de tailleur sicilien, et de Stefano Gabbana, créatif milanais. En 1982, leurs destins s’entrelacent dans un atelier. Rapidement, leurs sensibilités opposées se rejoignent. D’un côté, la rigueur classique. De l’autre, la provocation graphique. Ensemble, ils inventent un langage.

Car tout les sépare. Cependant, l’intensité les unit. Dolce & Gabbana s’ancre dans les lignes du passé. Dolce & Gabbana rêve d’un présent vibrant. Ainsi, leur alliance donne naissance à une maison singulière. Dès les débuts, leur style détonne. Contrairement aux écoles dominantes, ils puisent dans l’émotion. Très tôt, leurs défilés affirment une identité forte.

À chaque saison, ils racontent une histoire. Non pas une fiction froide. Mais bien une fresque incarnée. Leurs modèles traversent les podiums comme des héroïnes d’opéra. Souvent, la Sicile revient comme une obsession. Mais elle ne fige rien. Elle inspire. En effet, cette île devient matrice. Chaque silhouette évoque ses contrastes. Le soleil cru. Les églises chargées. Les larmes et les fêtes. Par ailleurs, ils célèbrent une beauté charnelle. Rien n’est neutre. Tout parle. Le noir profond. Le rouge sang. Les fleurs cousues main. Même les broderies vibrent. Ainsi, Dolce & Gabbana sculptent des figures. Non pas lisses, mais puissantes. Leur mode ne cherche pas la discrétion. Elle revendique la ferveur. Petit à petit, le duo impose son esthétique. Loin des diktats internationaux, il bâtit un monde parallèle. Chaque collection devient une procession baroque. De surcroît, ils refusent les compromis. Leur fidélité à leurs racines devient manifeste.

À contre-courant, ils défendent l’artisanat. Tandis que d’autres misent sur l’abstraction, ils préfèrent le narratif. D’ailleurs, ils travaillent souvent avec les mêmes brodeuses. Les tissus viennent d’Italie. En somme, Dolce & Gabbana n’ont pas seulement fondé une maison. Ils ont créé un royaume émotionnel. Plus qu’un style, ils offrent une vision. Une mythologie contemporaine. Une Italie rêvée, filmée, transmise. Un théâtre textile vibrant de désir.

Dolce & Gabbana : le baroque flamboyant du style italien

Le défilé devient théâtre. Les mannequins ne défilent pas, elles incarnent. Ainsi, les shows se transforment en processions lyriques. La musique italienne y résonne comme une bande-son intime. Grâce à cette mise en scène, la Fashion Week de Milan prend des allures d’opéra populaire. La maison érige chaque présentation en moment sacré.

Depuis 2012, la ligne Alta Moda incarne cette ambition de magnificence. Présentées dans des lieux chargés d’histoire — Venise, Palerme, Capri —, ces collections réenchantent l’artisanat. De fait, les robes sculpturales, les capes brodées, les références mythologiques évoquent autant la religion que le fantasme. À la lumière de cet héritage, la haute couture devient un opéra visuel où chaque couture, chaque gemme, chaque transparence exalte l’émotion.

Car Dolce & Gabbana n’illustrent pas simplement l’Italie, ils l’inventent. Ils composent un pays rêvé, sensuel, parfois démesuré, mais profondément ancré dans la mémoire collective. Dans ce théâtre du sublime, tout semble orchestré pour réveiller un imaginaire baroque. Chaque robe devient une aria, chaque accessoire une ponctuation dramatique. Ainsi, la mode n’habille plus seulement le quotidien : elle raconte une épopée. Mieux encore, elle permet à celles qui la portent d’entrer dans la légende.

Des campagnes solaires

Un sillage comme manifeste

Parallèlement, Dolce & Gabbana traduisent leur vision dans leurs parfums. Pourtant, il ne s’agit pas d’un simple prolongement commercial. Bien au contraire, ces fragrances incarnent leur esthétique. Ainsi, Light BlueThe One ou K by Dolce & Gabbana deviennent de véritables talismans olfactifs.

D’ailleurs, chaque senteur raconte une émotion. Tantôt solaire, tantôt charnelle, elle signe une présence. Par conséquent, le parfum ne complète pas la silhouette. Il la prolonge. Il l’élève.

La femme Dolce : flamboyante, souveraine

Cependant, la force de la maison réside aussi dans sa figure féminine. La femme Dolce n’est pas une ombre. Au contraire, elle avance avec fierté, exagération, majesté. En 2025, Dolce & Gabbana assument encore leur goût du spectaculaire. Ainsi, leurs campagnes solaires s’accompagnent de projets cinématographiques et de collaborations artistiques inattendues. Chaque image s’inscrit dans une dramaturgie visuelle. Même les décors convoquent une Italie sublimée. Les visages eux-mêmes deviennent figures mythologiques.

À Rome, la haute couture devient procession sacrée

À la mi-juillet 2025, Dolce & Gabbana investissent le Forum romain pour leur dernier défilé Alta Moda. Lieu mythique s’il en est, le site se mue en scène sacrée. Drapées de velours, de brocards et de tulle, les mannequins n’avancent pas : elles apparaissent. Chaque pas devient offrande. Ainsi, la Via Sacra s’illumine sous les ors d’une couture théâtrale, inspirée autant par les déesses antiques que par les grandes figures du cinéma italien.

Plutôt que de reconstituer le passé, les créateurs le réinventent. Ils le transforment en un rêve habité, sculpté de références mythologiques, d’ombres impériales, de passion romaine. Les silhouettes, souvent monumentales, conjuguent l’épure et l’ornement avec une foi absolue dans la puissance du vêtement.

En outre, la mise en scène convoque tous les sens. Musique, lumière et rythme enveloppent le spectateur dans une expérience quasi mystique. Rien n’est laissé au hasard, tout devient hommage. Plus qu’un défilé, c’est une procession païenne, une déclaration d’amour au faste, à l’Italie, à la femme magnifiée. En refusant l’esthétique fade et fonctionnelle, Dolce & Gabbana réaffirment leur art : celui de l’exagération comme vérité émotionnelle, celui de la couture comme élan vital.