11 sept 2020

Riccardo Tisci habille Marina Abramovic en Maria Callas pour son prochain opéra

Après avoir imaginé en 2017 les costumes du “Boléro” de Ravel chorégraphié par Sidi Larbi Cherkaoui et Damien Jalet à l’Opéra de Paris, le directeur artistique de Burberry Riccardo Tisci s’illustre à nouveau dans la création de pièces pour la danse. Pour l’artiste serbe Marina Abramovic, il dessine les costumes de “7 Deaths of Maria Callas”, qui sera présenté à l’Opéra Garnier du du 1er  au 4 septembre 2021.

Sortie de son mutisme en mai dernier pour rendre hommage à son ancien compagnon et partenaire de travail Ulay – décédé deux mois plus tôt –, Marina Abramovic revient en septembre 2020 sur les devants de la scène et à ses premières amours, la performance. Sur la scène de l’Opéra d’Etat de Bavière à Munich, elle présentait une pièce qu’elle a conçue entièrement – de la mise en scène aux décors – et dont elle est l’interprète principale : 7 Death of Maria Callas. Pensée comme un hommage à la célébrissime chanteuse d’opéra grecque, la création revient sur les pièces cultes de Maria Callas – dont Carmen, Tosca, Otello, Lucia di Lammermoor, Norma, Madama Butterfly et La Traviata – en éclairant les destins tragiques de chaque personnage qu’elle a interprété sur scène ainsi que sur son histoire personnelle : “Depuis vingt-cinq ans, je veux réaliser une œuvre dédiée à la vie et à l’art de Maria Callas. J’ai lu toutes ses biographies, j’ai écouté sa voix extraordinaire et je l’ai regardée au cinéma. Sagittaire, comme moi, j’ai toujours été fascinée par sa personnalité, sa vie – et sa mort. Comme tant de personnages qu’elle a créés sur scène, elle est morte par amour. Elle est morte d’un cœur brisé”, a déclaré la performeuse serbe dans son autobiographie Walk Through Walls (Crown Archetype, 2016).

 

Présentée à Munich – où la pièce sera accompagnée d’un film avec l’acteur américain Willem Dafoe (The Lighthouse, Pasolini, Spider-Man) –, puis à Berlin, Athènes et Paris, 7 Death of Maria Callas est aussi l’occasion pour Marina Abramovic de collaborer à nouveau avec son ami proche, Riccardo Tisci. En effet, l’artiste et le créateur avaient déjà travaillé ensemble pour le Boléro de Ravel – mis en scène par Sidi Larbi Cherkaoui et Damien Jalet à l’Opéra de Paris – où la première avait signé la scénographie et le second les costumes. Cette fois, le directeur artistique de Burberry imagine des pièces revisitant les costumes de l’opéra classique dans une version moderne, où il met à en avant sa “vision romantique de la mort” déjà à l’oeuvre dans ses créations pour le Boléro et, plus généralement, dans ses collections.

 

Ainsi, pour les sept actes de la pièce – correspondant aux scènes de mort incarnées par la cantatrice défunte dans sept opéras –, Riccardo Tisci transforme Marina Abramovic en une Maria Callas plus vraie que nature. Dentelle de Chantilly, tulle de soie, crêpe de Chine, organza transparent, satin… Aux matériaux nobles, le styliste italien associe des techniques de fabrication atisanales telles que des broderies faites main ou des ornements de perles. Avec ces costumes, il participe d’une œuvre necessaire, réfléchissant aussi bien sur l’amour que sur la mort : “Je suis un rêveur romantique dans l’âme, c’est pourquoi il a été très facile de s’impliquer dans ce projet. Le sujet est celui de l’amour dans toute ses formes, de la lumière à l’obscurité. Marina est l’un de mes grands coups de cœur personnels et je me sens privilégié de l’appeler mon amie et ma famille. Elle est l’une des artistes les plus audacieuses et courageuses du monde, et c’est un incroyable honneur de collaborer avec elle une fois de plus sur un sujet qui nous tient tant à cœur à tous les deux”, a t-il déclaré.

 

7 Death of Maria Callas (2020) de Marina Abramovic, un opéra présenté à Paris à l’Opéra Garnier du du 1er au 4 septembre 2021.