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10 expositions mode à voir partout en France en 2025
De la première exposition d’envergure consacrée à la mode au musée du Louvre, à l’histoire méconnue du wax au musée de l’Homme, en passant par la nouvelle retrospective de la galerie Dior, un hommage à Charles Frederic Worth au Petit Palais ou un parcours revenant sur l’amitié de Mugler et Alaïa… Numéro dévoile sa sélection d’expositions mode à découvrir partout en France en 2025.
par Louise Menard,


L’héritage de Paul Poiret célébré au musée des Arts décoratifs
Christian Dior disait de lui qu’il avait tout bouleversé. Bouleversé les lignes étriquées dans lesquelles on enfermait le corps des femmes. Bouleversé pour toujours l’image que l’on se fait aujourd’hui de la mode. Le créateur Paul Poiret est au cœur d’une exposition monographique au musée des Arts décoratifs, jusqu’au 11 janvier prochain. Après être passé par les ateliers de Charles Frederick Worth, le créateur lance alors sa propre maison de couture en 1903.
Ses collections se caractérisent alors par les lignes fluides qu’il distille dans ses silhouettes, démodant les corsets qui jalonnaient les tenues de cette ère. L’accrochage retrace alors l’empreinte de ce designer hédoniste sur le début du 20e siècle, période qui l’a sacré “roi de la mode”. Si la maison s’éteint en 1929, les cimaises témoignent ainsi de l’héritage encore pérenne de cette institution avec plus de 500 pièces exposées : du cinéma aux arts décoratifs, en passant par des créations griffées Yves Saint Laurent et John Galliano inspirées par Paul Poiret.
“Paul Poiret, La mode est une fête”, exposition à découvrir jusqu’au 11 janvier 2026, au musée des Arts décoratifs, Paris 1er.


Rick Owens vu par Rick Owens au Palais Galliera
“J’espère que chacun de vous trouvera ici, d’une façon ou d’une autre, un reflet de soi”, a confié Rick Owens dans un communiqué introspectif et émouvant. “Temple of Love”. Tel est l’intitulé évocateur de l’exposition que le Palais Galliera consacre actuellement à Rick Owens. Pensée comme une autobiographie par le créateur américain lui-même, cette rétrospective plonge le visiteur dans l’univers mystique et radical de ce dernier et retrace plus de 30 ans de création et d’avant-gardisme esthétique. Aux côtés de nombreuses archives personnelles, 100 silhouettes emblématiques trônent au sein de l’institution et dialoguent avec des œuvres qui ont nourri l’imaginaire du créateur, des tableaux de Gustave Moreau, aux installations de l’artiste Steven Parrino.
“Rick Owens, Temple of Love”, exposition à découvrir jusqu’au 4 janvier 2026, au Palais Galliera, Paris 16e.


Les silhouettes vaporeuses de Yiqing Yin exposées à Calais
Plus de 80 ans après la tombée en désuétude de la maison Poiret, c’est elle qui a été choisie pour tirer l’institution des limbes, en en assumant alors le rôle de directrice artistique. La créatrice Yiqing Yin s’offre sa première exposition monographique intitulée “D’air et de songes” à la Cité de la dentelle et de la mode. Lauréate du Prix des Premières collections de l’ANDAM à peine un an après sa sortie d’école, la designer s’est ainsi imposée comme la nouvelle griffe à suivre sur la scène parisienne.
Tulle et organza japonais : elle signe des silhouettes aériennes, faites de tissus d’une délicatesse presque palpable. Au-delà des vêtements de la créatrice, l’accrochage tisse des liens entre les disciplines, des costumes de danse créés par la créatrice pour le ballet Tristan et Yseult aux parfumeurs dont Yiqing Yin a habillé les campagnes promotionnelles. Le musée calaisien nous convie ainsi à une expérience à la lisière de l’onirique en célébrant pas moins de 70 créations signées de la designer, première créatrice d’origine chinoise à être nimbée du label haute couture en 2015.
“Yiqing Yin, D’air et de songes”, exposition à découvrir jusqu’au 4 janvier 2026, à la Cité de la dentelle et de la mode, Calais.


Fragonard inaugure un musée de la Mode et du Costume à Arles
Alors que les Rencontres de la photographie battent leur plein à Arles, c’est une autre manifestation culturelle qui traverse la ville provençale. Ce 6 juillet 2025, la maison de parfumerie Fragonard inaugure un musée de la Mode et du Costume. Logée au sein de l’hôtel particulier Bouchaud de Bussy (rénové pour l’occasion), l’institution consacre donc sa première exposition “Collections-Collection” aux trésors textiles de la région. Recueillies de part et d’autre de la Provence par deux collectionneuses, Hélène Costa et Magali Pascal, les pièces exposées attestent de la richesse du patrimoine local. Les robes, costumes et parures, que l’on retrouve entre les murs du musée, permettent ainsi de reconstituer une histoire des femmes qui ont animé la région du 18e au 20e siècle.
“Collections-Collection”, exposition à découvrir jusqu’au 5 janvier 2026, au musée de la Mode et du Costume, Arles.


Coco Chanel s’invite à Monaco
La Côte d’Azur dans les années 1920 : Gabrielle Chanel est en pleine ascension et impose déjà sa vision de la femme, une femme indépendante et libérée de tout carcan social. À travers une trentaine de pièces signées Mademoiselle Chanel, d’œuvres d’artistes tels que Pablo Picasso ou encore Kees Van Dongen, mais aussi de photographies d’époque, le Nouveau Musée National de Monaco retrace les débuts de la maison ainsi que le lien privilégié unissant la créatrice à la principauté. Entre costumes de scène et premiers vêtements de sport, “Les années folles de Coco Chanel” illustre toute l’influence décisive de Gabrielle Chanel sur la mode et le souffle de modernité qu’elle a insufflé au début du siècle.
“Les années folles de Coco Chanel”, exposition à découvrir jusqu’au 5 octobre 2025, au Nouveau Musée National de Monaco, Monaco.

© Stanislas Wolff.

La haute couture de Charles Frederic Worth sous les ors du Petit Palais
Si son nom est moins connu du grand public que ceux de Christian Dior ou d’Yves Saint Laurent, Charles Frederic Worth a pourtant marqué et largement influencé la mode du 20e siècle. En témoigne l’exposition étalée sur plus de 1 000 mètres carrés que le Petit Palais lui consacre. Lorsqu’il fonde sa marque du même nom en 1858 à Paris, le créateur britannique s’implante dans une industrie encore en plein développement. Au cours de la même décennie, le Bon Marché ouvre notamment ses portes — et, par la même occasion, le commerce textile à de nouvelles classes sociales.
Mais la mode de Worth est réservée aux élites. Il habille aussi bien l’Impératrice Eugénie que, plus tard, l’autrice américaine Mary Curzon. Manteaux d’opéra, tea-gowns, robes de bal… Le savoir-faire méticuleux et les tissus somptueux mobilisés par le couturier (tous exposés au sein des vastes galeries du musée) en font rapidement une figure incontournable, à laquelle on attribue aujourd’hui la naissance de la haute couture française.
“Worth, inventer la haute couture”, exposition jusqu’au 7 septembre 2025 au Petit Palais, avenue Winston Churchill, Paris 8e.


Une exposition inédite à la Galerie Dior
Dans le paysage parisien en constante évolution, l’hôtel particulier du 30 avenue Montaigne s’élève tel un sanctuaire. Et pour cause, ce lieu mythique, investi par Monsieur Dior lui-même en 1946, qui a vu naître les collections de la maison sur des décennies, abrite aujourd’hui un espace d’exposition et de mémoire : la Galerie Dior.
Composée de 150 silhouettes – mêlant prêt-à-porter, haute couture, costumes de ballets et accessoires –, de croquis originaux ainsi que de photographies, une nouvelle rétrospective, organisée au sein de ce lieu emblématique, nous invite à un voyage immersif au cœur des archives Dior. Cette exposition met en lumière pour la première fois l’amour du fondateur et de ses succésseurs pour la danse et le théâtre. Un événement qui rend bien évidemment hommage au patrimoine de la maison, et qui permet aux visiteurs de (re)découvrir l’immense influence des arts sur les collections au fil des ans.
Galerie Dior, 11 Rue François 1er, Paris 8e.


Alaïa et Mugler : une amitié fondatrice dans l’histoire de la mode
À l’origine de cette exposition, l’amitié durable qui unissait deux géants de la mode : Azzedine Alaïa et Thierry Mugler. Car, derrière le succès des ces créateurs, se cache une longue histoire de soutien et d’estime mutuels, qui a façonné et largement influencé leurs créations sur plus de trois décennies. Après leur rencontre en 1979, Alaïa signe une série de smokings présentés lors du défilé Mugler la même année.
Une collaboration qui incite alors le premier à lancer sa propre maison de mode, encouragé par son ami qui, des années durant, lui présente les plus grandes journalistes de mode. Et lui organise même son tout premier défilé à New York, concevant pour lui le décor et la liste des invités. Ensemble, ils règnent alors sur la mode des années 80 et 90, soufflant un vent de glamour et d’énergie sur les tendances de la période, tout en continuant de nourrir leurs univers créatifs respectifs. Une relation prolifique et fascinante, dévoilée entre les murs de la Fondation Azzedine Alaïa ce printemps.
“Azzedine Alaïa. 1980/1990, Deux décennies de connivences artistiques”, exposition jusqu’au 31 août 2025 à la Fondation Azzedine Alaïa, 18 Rue de la Verrerie, Paris 4e.


L’histoire méconnue du wax exposée au musée de l’Homme
Si le wax connaît aujourd’hui un succès retentissant en Afrique, certains ignorent peut-être que les origines du tissu s’enracinent de part et d’autre du globe, aussi bien en Indonésie, aux Pays-Bas qu’au Togo… Jusqu’au 7 septembre 2025, le musée de l’Homme consacre une exposition à l’histoire méconnue du tissu, devenu aujourd’hui un emblème du continent africain. Intitulé “Wax : entre héritage et réappropriation”, l’accrochage retrace enfin l’avènement de ce tissu. Si des fabricants néerlandais tentaient initialement d’imiter les imprimés traditionnels indonésiens, le wax gagne finalement en popularité au Ghana. Avant de s’exporter aux quatre coins du globe et d’inspirer alors des créateurs de mode, des peintres ou encore des photographes du monde entier.
Ainsi, les clichés hypnotiques de la photographe kényane Thandiwe Muriu rencontrent certaines créations de Maison Château Rouge et WOWO Paris. Au-delà d’une perspective strictement historique, les commissaires abordent également certaines questions sociales qui gravitent autour de ce type de tissu. Des symboliques cachées dans les imprimés wax à l’incontournable question de l’appropriation culturelle, l’exposition soulève des points de réflexion fondamentaux. Mais surtout essentiels pour comprendre la richesse – souvent mésestimée et pillée – du wax.
“Wax : entre héritage et réappropriation”, exposition jusqu’au 7 septembre 2025 au musée de l’Homme, Paris 16e.


Les costumes scéniques de Christian Lacroix au CNCS
Si l’on connaît Christian Lacroix en tant que couturier phare des années 1990, le grand public connaît peu sa carrière de costumier. Un chemin surprenant, qu’il emprunte après la fermeture sa maison de couture en 2009. Riche des pièces du créateur, confectionnées pour l’opéra, la comédie musicale et le théâtre, mais aussi de ses croquis, l’exposition Christian Lacroix et la scène organisée au CNCS relate toute une partie de l’œuvre de l’artiste.
Largement inspiré par la mode des 18e et 19e siècles, les costumes, faits de dentelles, de froufrous, de corsets et de soies précieuses, font également écho à un vaste pan des looks imaginés plus tôt dans la carrière du créateur. L’occasion de replonger dans les archives colorées d’un couturier qui a marqué l’histoire de la mode française.
“Christian Lacroix et la scène”, exposition jusqu’au 4 janvier 2026 au Centre national du costume et de la scène, Moulins.