21
21
Le créateur Jonathan Anderson commissaire d’une exposition dans un somptueux domaine de Provence
Depuis 2004, le Château La Coste, domaine vinicole à quelques kilomètres d’Aix-en-Provence, accueille artistes, expositions et œuvres inédites dans son immense terrain de 20 hectares. Dernière en date, l’exposition personnelle de William McKeown, artiste nord-irlandais disparu en 2011, dont le créateur Jonathan Anderson a réuni quelques peintures pour ouvrir, aux portes de la nature, une fenêtre poétique vers l’infini…
Par Matthieu Jacquet.
Capturer l’infini sur la toile. Voilà l’ambitieuse entreprise poursuivie par William McKeown tout au long de sa vie. Pendant des décennies, le peintre nord-irlandais n’a cessé d’évoquer par le pinceau, l’huile ou l’aquarelle les variations du ciel, dans des formats carrés qui sembleraient aujourd’hui taillés pour entrer dans la grille numérique d’Instagram. Qu’il s’agisse du ciel à l’aube, quand le soleil n’a pas encore point que sa lueur annonce déjà son arrivée, ou au crépuscule, lorsqu’il se dérobe à la vue du spectateur pour ne plus laisser qu’une traînée rougeoyante, en passant par le ciel bleu des journées sans nuages ou le ciel gris des jours moroses, l’artiste a fait de ses peintures abstraites des fenêtres colorées vers un monde que l’on ne peut toucher mais que l’on connaît pourtant tous, d’un bout à l’autre de la planète. Disparu en 2011, quelques mois seulement avant son cinquantième anniversaire, l’homme laisse un héritage discret pourtant conséquent qu’entend bien célébrer le Château La Coste, sublime site en pleine nature non loin d’Aix-en-Provence, qui lui consacre jusqu’au 1er mai une exposition personnelle. Connu initialement pour sa culture vinicole, l’immense domaine de 20 hectares a diversifié ses activités depuis l’ouverture en 2004 d’un centre d’art contemporain, qui a accueilli en résidence des artistes aussi renommés que Sophie Calle et Richard Serra, autant que présenté des expositions et des œuvres inédites.
Si le centre d’art du Château La Coste concentre un bon nombre de ses activités dans son bâtiment signé par l’architecte Tadao Ando, c’est dans la Richard Rogers Gallery que l’on retrouve l’exposition de William McKeown, une galerie tout en profondeur imaginée par l’architecte éponyme juchée au-dessus des arbres pour une immersion presque complète de l’art et son public dans la nature. Derrière la présentation inédite des peintures de l’artiste dans ce cadre exceptionnel se cache un nom bien célèbre de la mode : celui du créateur Jonathan Anderson, Nord-Irlandais d’origine lui aussi, directeur artistique de son label JW Anderson et de la maison espagnole Loewe. Grand amateur d’art et l’artisanat, qu’il défend activement depuis qu’il a créé le Loewe Foundation Craft Prize en 2016, le trentenaire dévoile ici sa sélection d’œuvres du défunt peintre aux murs de la galerie, complétée par un vase en céramique bleuté du Japonais Kazunori Hamana. Ensemble, la dizaine de pièces exposée et la baie vitrée de la Richard Rogers Gallery ouvrent autant de percées vers un infini dont on semble s’approcher, pas à pas, pour apprécier pleinement l’exercice silencieux et poétique de la contemplation.
“William McKeown featuring Kazunori Hamana, curated by Jonathan Anderson”, jusqu’au 1er mai à la Richard Rogers Gallery du Château La Coste, Le-Puy-Sainte-Réparade.