Le défilé Louis Gabriel Nouchi printemps-été 2022
Lors de l’un des premiers défilés physiques de cette saison masculine, le créateur français Louis Gabriel Nouchi a dévoilé sur l’esplanade du Palais de Tokyo une collection lumineuse et joyeuse toute en douceur, transparence et fluidité.
Par Matthieu Jacquet.
Si la Fashion week reprend timidement en physique, les créateurs et labels sont encore peu nombreux à organiser des défilés en cette nouvelle saison masculine. Louis Gabriel Nouchi s’est senti prêt à prendre ce risque. Pour cette première semaine de la mode avec public depuis la crise sanitaire, le jeune créateur français a investi l’esplanade du Palais de Tokyo, traditionnel théâtre de nombreux défilés comme ceux de l’Américain Rick Owens. Avec un podium miroitant installé sur l’eau, la grisaille de la matinée parisienne semblait idéale pour sublimer les pièces de cette collection printemps-été 2022. C’est en effet avec une grande lumière que s’annonce ce nouveau vestiaire : déclinées dans des blancs éclatants, écrus et jaunes, les premières silhouettes annoncent une saison emplie d’optimisme et de douceur, appuyées par la délicatesse des matières choisies. Cette saison, le créateur trentenaire a en effet opté pour de nombreuses crêpes, cupros, satins et lins, dans lesquels il a coupé des pièces fluides et légères caressant presque les corps de ceux qui les portent. Pour appuyer cette allure éthérée, Louis Gabriel Nouchi opte pour de nombreux débardeurs fins, des robes longes fendues sur les côtés, des chemises à manches courtes et shorts amples dont les plis soulignent un tombé élégant. Sur les pantalons, larges eux aussi, le créateur a d’ailleurs ajouté une couture et un pli au centre des jambes afin d’accompagner une démarche gracieuse.
A l’image de cette technique, la collection n’est pas avare en détails qui affirment la grande attention de son auteur pour la coupe. Outre le fameux ajour asymétrique qui borde le col gauche des hauts, signature du label également transposée sous l’élastique de ses nouveaux slips, Louis Gabriel Nouchi s’amuse à créer des patchworks à base de denim sur des vestes et pantalons, qu’il teint parfois au café pour les envelopper dans des tonalités brunes. Chaque saison, le créateur bibliophile nous avait habitués à nommer un ouvrage littéraire comme fil rouge : celui-ci est tenu secret cette fois, mais les livres surgissent tout de même à travers des motifs abstraits reprenant les papiers marbrés qui habillaient la reliure de nombreuses publications dès le XVIIe siècle. Sinueux et contrasté, l’imprimé s’appose sur quelques shorts et vestes, est parfois piqué en ton sur ton sur des vêtements blancs, ou encore se transforme en un remarquable dévoré noir dans lequel sont coupés les débardeurs, chemise et pantalon qui viennent clore la collection avec panache. Imprégnées des couleurs et motifs de ce vestiaire, des paires de chaussures basses réalisées en collaboration avec le label Phileo complètent un ensemble efficace et cohérent, pour ne pas dire jubilatoire. Nul hasard que le créateur ait diffusé lors du final de son défilé la chanson populaire Dominique de Sœur Sourire, hymne empreint d’une joie candide… et d’un humour taquin.