7 mars 2025

Julie Kegels, la jeune et talentueuse créatrice belge à suivre de très près

Pour son second défilé dans le calendrier officiel de la Fashion Week de Paris, Julie Kegels déploie avec brio son identité mode versatile et ingénieuse. Pour Numéro, la jeune créatrice belge revient sur les inspirations de sa collection automne-hiver 2025-2026 et sur sa vision de la mode.

  • Par Camille Bois-Martin.

  • Un second défilé très réussi pour la jeune créatrice Julie Kegels

    Sur la scène de la Salle Cortot, dans le 17e arrondissement de Paris, une mannequin prend place sur un fauteuil en cuir marron. Dénudée, elle enfile lentement une chemise, un pantalon, un pull et enfin une paire d’escarpins. Puis elle s’évanouit dans les coulisses, et laisse place à une trentaine de silhouettes. Avant de réapparaître dans ce même ensemble, mais cette fois-ci constitué d’une seule et même pièce, reliée grâce à une longue fermeture dans le dos. Et là réside tout le génie de Julie Kegels

    Pour sa troisième collection (et seconde présentée dans le calendrier officiel de la Fashion Week de Paris), la jeune créatrice belge déploie sa mode ingénieuse et versatile. Alors qu’on adorait début 2024 ses doubles-looks mêlant, sur le devant un ensemble sportswear, et à l’arrière des pièces officewear, puis ses créations en septembre dernier mixant le cool californien au style belge, son défilé automne-hiver 2025-2026 s’inscrit comme un concentré de son imaginaire subtil et résolument moderne.

    Le design, source d’inspiration de la collection automne-hiver 2025-2026

    En coulisses, Julie Kegels nous pointe du doigt l’origine de son inspiration : le livre Executive Style de Judith Price, paru en 1980. “Elle y explique comment avoir du succès en ayant du style et un goût pour le design” explique-t-elle. Autrement dit, comment affirmer son statut et son pouvoir au travers de sa décoration, de son architecture intérieure et de la possession de meubles rares. Fascinée par cette notion, la Belge se lance alors dans la confection de sa troisième collection. “J’ai voulu m’amuser avec l’idée de l’autrice !” avoue-t-elle.

    La créatrice pousse la réflexion un peu plus loin, en plaquant cette idée d’autorité visuelle sur ses créations. Les coupes cintrées, les épaulettes larges, les détails réfléchis au millimètres près… Ses looks doivent traduire une forme de pouvoir. Sans s’éloigner du design, Julie Kegels réinvente des pièces de designers en vêtements. “Ces fauteuils qui sont, dans son ouvrage, associés à une forme de succès, se transforment ainsi en imprimés sur des jupes. Ou encore en sacs, qui reprennent le motif du cuir. Les coussins d’une autre chaise, en crop top en velours. De telle manière à créer une sorte de camouflage lorsqu’on se tient devant ces meubles et d’incarner nous-même ce succès, cette forme de pouvoir.”

    Des sacs-coussin et des jupes-fauteuil au défilé Julie Kegels

    Plus concrètement, cette inspiration se traduit au travers de silhouettes qui réinterprètent, de façon parfois littérale, une décoration d’intérieur. Sur les sacs, les barrettes et les tops, on aperçoit des coussins de chaises. Les jupes et les robes en satin ressemblent à des plaids enroulés autour de la taille ou du buste. Le cuir du fauteuil installé au centre du défilé se retrouve imprimé sur une robe tube et une jupe moulante… “Les vêtements traduisent l’identité et l’image de celui ou celle qui les porte. C’est ce que j’ai voulu montrer au sein de ce défilé” explique Julie Kegels.

    Un autre élément de décoration nourrit également cette collection automne-hiver 2025-2026 : l’architecture de la Salle Cortot. Conçue par Auguste Perret en 1926, la salle de concert déploie une large palette de bois brut et vernis sur les murs et sur les sols de la pièce. “Le bois est un élément central du livre de Judith Price, et est à l’origine de ces créations.” ajoute en effet la créatrice belge.

    En témoigne un sublime tailleur en cuir et vinyle reproduisant les rainures du bois alentour, ou encore une robe bustier totalement réalisée en bois (plus œuvre d’art que prêt-à-porter). Sans oublier les motifs superposés d’une chemise ample, d’une jupe et d’un pantalon, autant que les imprimés de certains imperméables pour sac – création unique lancée par Julie Kegels dès son premier défilé, tout comme les chaussettes-strings, dont on retrouve ici une version en collaboration avec Converse.

    Une marque ingénieuse et versatile promise à un bel avenir

    Autant de pièces ingénieuses et ultra désirables, qui nourrissent aujourd’hui le succès grandissant de la marque. “J’essaye de garder mon enthousiasme des débuts. Surtout, j’ai une équipe de plus en plus grande, qui s’occupent pour moi des aspects financiers de la marque. Ce qui me permet de me concentrer sur la partie créative, et de me consacrer à 100% à mes collections.” nous explique la jeune créatrice belge.

    Des collections qui, chaque saison – et c’est très important –, s’emparent d’une thématique différente et très précise. “Je veux raconter des histoires. La saison dernière, c’était Los Angeles. Cette saison, c’est le design. Je veux garder cette idée d’avoir des concepts qui donnent du relief à mes créations. Car, parfois, je trouve que le monde de la mode peut paraître plat, voire vide. Moi, j’ai envie de lui donner du sens” ajoute-t-elle avec un léger sourire. Une chose est sûre : Julie Kegels souffle un vent de fraîcheur avec ses créations originales et son esthétique conceptuelle profondément belge, à nulle autre pareille. Et se destine assurément à un brillant avenir…