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Dries Van Noten fait ses adieux avec un défilé éblouissant
Ce samedi 22 juin, le créateur flamand Dries Van Noten quittait officiellement son label avec un défilé éblouissant, entre rétrospective de son label et boule disco géante.
Dries Van Noten présente un dernier défilé historique
Le “couturier du mélange” et “maître de la couleur” a tiré sa révérence. Près de quarante ans après le lancement de son label, Dries Van Noten présentait samedi soir son dernier défilé avant de quitter la maison pour en laisser les clés à son studio. Un événement historique pour le créateur flamand, qui a réuni nombre de ses consœurs et confrères parmi les rangs du public, en pleine Fashion Week homme. On y croisait notamment Ann Demeulemeester et Walter Van Beirendonck, ses fidèles camarades du groupe des “Six d’Anvers”, mais aussi Pierpaolo Piccioli, Haider Ackermann, Thom Browne, Diane Von Furstenberg ou encore Glenn Martens.
Une rétrospective mouvante et un podium éblouissant
Avant de donner le coup d’envoi de ce défilé majeur, tenu au sein des usines Babcock à La Courneuve, le créateur a tenu à accueillir le public avec une mini-rétrospective plutôt originale. À l’intérieur, un immense cube de plusieurs mètres de haut présente une mosaïque mouvante des défilés et campagnes du label sur les trois dernières décennies. L’occasion de se replonger dans la riche histoire du sexagénaire, auquel le travail de la matière et de l’ornementation, et le goût affûté pour les motifs et les arts décoratifs issus des quatre coins du monde – notamment de l’Inde, son pays fétiche –, ont assuré une renommée internationale.
Une heure et demie après avoir dévoilé cette installation en trois dimensions, c’est un grand rideau noir qui s’ouvre pour emmener vers le décor du défilé : un long et étincelant tapis argenté déroulé au sol, que les mannequins viendront bientôt fouler, faisant virevolter les feuilles au fil de leur démarche. Si les défilés Dries Van Noten n’ont pas toujours été aussi spectaculaires que certains de ses contemporains – John Galliano, Alexander McQueen, Karl Lagerfeld... –, le créateur a tout de même su au fil de sa carrière marquer les esprits par son attention au détail et à la scénographie à travers des propositions étonnantes. Pour sa collection femme printemps 2005, trois cents invités avaient été réunis pour un dîner, assis le long d’une table transformée en podium. Pour le printemps-été 2015, les mannequins s’asseyaient voire s’allongeaient sur un parterre vert, imitant la pelouse et la mousse.
L’essence du label Dries Van Noten incarnée par Alain Gossuin, Debra Shaw, Karen Elson…
Dix ans plus tard, le défilé printemps-été 2025 débute donc à vingt-deux heures avec une apparition d’Alain Gossuin, qui avait en 1991 ouvert le premier défilé homme du créateur à Paris. On retrouvera après lui plusieurs amis et muses de longue date du créateur, tels que Debra Shaw, Karen Elson, Hanne Gaby Odiele ou encore Clément Chabernaud. Soixante-neuf silhouettes en tout, féminines comme masculines, formeront cette dernière collection, qui condense l’essence de son label : un équilibre ténu entre l’élégance intemporelle des classiques dans la coupe, et la fraîcheur de l’innovation, principalement par le travail de la surface et du décor.
Oscillant, comme souvent chez le créateur, entre les tonalités plus sobres et sombres au début – bleu marine, bruns, gris –, le vestiaire s’enrichit de teintes de plus en plus intenses, des violets et pourpres profonds aux corail, bleu ciel, jaune et rose pêche, qui l’illuminent au fur et à mesure. Au-delà des couleurs, le talent du “mix and match” propre à l’Anversois triomphe, une fois de plus, dans sa manière habile d’assembler des matériaux et motifs que l’on imaginerait de prime abord incompatibles.
Des matériaux et assemblages surprenants pour la collection printemps-été 2025
Ainsi, des hauts avec un imprimé python sur jersey s’assortissent avec des pantalons en coton transparent qui semblent flotter. Des manteaux et shorts en Néoprène se portent avec des col roulés moulants en laine fine, et des trenchs et blousons sont coupés dans un polyamide à la texture si craquelée qu’ils semblent faits de verre. Connu pour son amour des fleurs, qu’il cultive lui-même dans son immense jardin à Lierre, Dries Van Noten a développé cette saison un motif selon la technique japonaise du suminagachi, art décoratif caractérisé par la peinture de marbreries à l’encre. On voit ainsi apparaître d’immenses fleurs bicolores sur des hauts, pantalons et pardessus amples et fins, apportant l’effet d’un damassé.
Plusieurs pièces témoignent également du goût bien connu du Flamand pour la broderie, à travers les fils d’or qui éclairent les tissus les plus sombres. L’or reviendra en majesté vers la fin du défilé à travers l’un des matériaux phares de cette collection : un aluminium réfléchissant, oscillant entre l’argent et le doré, auquel la texture miroitante et fluide confère un aspect liquide. Dans l’ultime silhouette de la collection, cette matière apparaîtra plus discrètement avec un pantalon porté sous un manteau noir long et affûté, maintenant encore une fois la balance entre élégance et flamboyance.
Standing ovation et boule disco géante : les adieux acclamés du créateur
Standing ovation et clameurs du public : après cette cent-cinquantième collection et ce cent vingt-neuvième défilé de son histoire, Dries Van Noten apparaît humblement pour saluer une dernière fois devant les caméras. Presque solennelle, cette apparition furtive s’ensuivra de la révélation inattendue d’une boule disco géante, résonnant au son du tube I Feel Love de Donna Summer, pour suivre ce moment émouvant par une fête endiablée. “Cette soirée est beaucoup de choses à la fois, mais ce n’est pas pour autant un grand final, confiait le créateur dans un communiqué. Ce que je vois dans ce moment, c’est à quel point il ne m’appartient pas seulement à moi, mais à nous tous, et ce pour toujours.”
