Jeanne Friot : des vêtements à la hauteur de ses engagements
Ce mardi matin, dans la petit cour de l’Hôtel de Jaucourt, Jeanne Friot réunissait une poignée d’invités et dévoilait sa collection printemps-été 2026, sous un ciel gris menaçant…
Par Camille Bois-Martin.
Publié le 26 juin 2025. Modifié le 1 juillet 2025.
Translives Matter : le puissant message du défilé Jeanne Friot
Il suffit juste d’observer les premiers rangs du défilé Jeanne Friot pour saisir les ambitions et la résonnance politique de la créatrice française. Virginie Despentes, Le Filip, Gigi Goode, Marguerite… Autant de personnalités fortes et captivantes qui, saison après saison, reviennent soutenir les collections de la jeune marque lancée en 2022. Et à raison : outre ses emblématiques ceintures qui recouvrent des bottes, des jupes ou des robes, Jeanne Friot conçoit une mode engagée, au travers de laquelle elle transmet des revendications puissantes.
Si, la saison dernière, la créatrice poussait un cri de rage pour une mode plus inclusive, elle fait aujourd’hui passer un message bien plus littéral : avec un casting composé uniquement de mannequins transgenres, le défilé défend les droits de la communauté LGBTQIA+, à l’heure où celle-ci est se trouve menacée dans de nombreux pays depuis l’avènement de Donal Trump à la Maison Blanche.
Ainsi peut-on lire sur des tee-shirt “Translives matter” (en écho au mouvement Black Lives Matter), tandis qu’un nouveau motif tartan aux teintes pastel fait également son entrée dans le vestiaire Jeanne Friot. Sur une jupe, sur une robe ou sur un foulard, les rayures bleu, blanc, noir et rose font référence au motif du drapeau de la fierté transgenre imaginé par l’activiste américaine Monica Helms en 1999.
Un message de paix pour le printemps-été 2026
Car Jeanne Friot fait partie de ces rares créateurs capables de concevoir des vêtements désirables et cools, tout en disséminant des messages politiques forts et impactants. Un tour d’habileté souvent périlleux, mais que cette dernière parvient à performer à chacun de ses défilés. Auxquels les invités reviennent d’ailleurs toujours plus nombreux. Si on note, évidemment, les graphic tees imprimés de la phrase éloquente “Bombing for peace is like fucking for virginity” (“Bombarder pour la paix, c’est comme baiser pour la virginité”), en écho aux guerres au Moyen-Orient et en Ukraine, on ne peut s’empêcher de remarquer le changement de palette chromatique du vestiaire Jeanne Friot.
Plus claires que ses précédentes collections (qui oscillaient entre le violet, le rouge et le noir), les couleurs du printemps-été 2026 se déclinent dans des teintes pastel, plus douces que la ferveur politique et sociale qui anime pourtant la créatrice. Si ces couleurs sont tirées du drapeau de la fierté transgenre, elles inspirent un sentiment d’espoir, nourri notamment par des looks space age surprenants.
Comme des projections vers le futur, les fameuses robes-ceintures de Jeanne Friot se déclinent en bleu ou rose métallique, tandis que ses larges bottes de guerrières (portées par la Jeanne d’Arc de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques 2024) adoptent du rose clair et du bleu ciel. Une manière, peut-être, de prouver que l’on peut porter un message de paix, sans avoir à puiser dans l’horreur ou dans l’intimidation… En témoigne en effet le final de ce défilé, les mannequins s’avançant poings tendus vers le ciel et larmes aux yeux, fières de porter la révolution Jeanne Friot.