Au défilé Hodakova, une mode entre conventions et surprises

Par Louise Menard.

Hodakova, du conformisme à l’étrange

Après un show aux critiques mitigées la saison passée, le monde de la mode espérait autre chose de ce nouveau défilé Hodakova printemps-été 2026. Plus d’assurance, plus de précision, davantage de soin dans les finitions : cette fois-ci, ce fut bien mieux. Car il ne faut pas l’oublier, la Suédoise Ellen Hodakova Larsson, lauréate du prix LVMH 2024, demeure parmi les créatrices les plus talentueuses de sa génération. Elle l’a déjà prouvé par le passé à de multiples reprises et le confirme ici à nouveau. 

Pour accéder à l’aile Portzamparc du musée Bourdelle, où s’est déroulé le show Hodakova, les invités ont traversé émerveillés les jardins de briques rouges aux intemporelles sculptures du maître français. Dans une atmosphère brutaliste aux murs gris, 42 silhouettes se sont succédées, fidèles à l’esthétique singulière de la créatrice : classique, grunge, mais aussi largement portée sur le tailoring et bien évidemment l’expérimentation.

Bien que cette collection nous ait semblé plus composite que d’ordinaire, un détail fédérateur se manifeste : les chaussures. En effet, celle dont les sacs aux ceintures entrelacées ont fait la renommée dévoile ici sa première ligne de souliers. Bout proéminent, boutons latéraux, ces accessoires déclinés en bottes et escarpins ont été réalisés à partir de cuir invendu. Inssistant sur l’art de l’upcycling cher à Hodakova – on se souvient encore de ses robes aux innombrables montres récupérées ici et là –, cette surprise annonce (peut-être) l’apparition d’autres modèles de chaussures, lors des prochaines saisons…

Quatre détails clés de la collection printemps-été 2026

Les armatures métalliques

Dès la troisième silhouette, Ellen Hodakova Larsson convoque l’une de ses matières fétiches : le métal. Tandis qu’elle poursuit ses expérimentations autour des fermetures Éclair, notamment sur une robe aux hanches exagérées, la créatrice s’empare cette saison d’un objet inattendu : les baleines de parapluie. Réunies en masse, pliées, déconstruites puis assemblées entre elles, elles se métamorphosent en corset, chapeau, et jupe crayon. À la fois carcans et armures, sculptures et vêtements, ces compositions brouillent les frontières. Et repoussent les limites de la création. Un geste récurrent chez Hodakova, qui n’a jamais cessé de questionner les dogmes établis.

La ceinture en cuir

Fil rouge de son travail depuis ses débuts, et déjà au cœur de ses tous premiers sacs, la ceinture demeure ici encore l’une des protagonistes principales de la collection. Simplement doublé sur certains looks, et porté, comme toujours, très taille basse, l’accessoire en cuir se suffit parfois à lui seul. Et de sa simple présence, fait naître le vêtement. Déjà aperçue lors du défilé printemps-été 2025, la robe en layering de ceintures est repensée. Structurée et volumineuse, elle gagne en présence.

Le linge de maison

Un oreiller, du linge de lit, une housse de couette en lin… Pour le printemps-été 2026, chez Hodakova, le quotidien se mue en silhouette. Avec des Fashion Weeks toujours plus denses et exigeantes, la créatrice Ellen Hodakova Larsson semble vouloir faire passer un message : peut-être est-il temps de ralentir le rythme pour préserver la créativité. Et si l’avenir de la mode nécessitait un retour à l’essentiel et à des pièces plus confortables et rassurantes ? À méditer.

Le chaume

À l’instar de sa collection automne-hiver 2025-2026, le défilé s’est achevé non pas sur une robe-violoncelle, mais sur une silhouette tout aussi massive, composée d’une structure en paille géométrique semblant flotter autour du corps. Est-ce une botte de foin ? Oui, littéralement. Un final à l’impact visuel saississant, mais aussi une ode à l’artisanat et aux racines de la créatrice. Bref, un défilé qui prouve finalement la force indomptée d’Hodakova et sa capacité à transformer la mode, sans jamais douter.

Tous les looks du défilé Hodakova printemps-été 2026