27 déc 2024

The Brando, une escapade luxueuse au cœur d’un paradis polynésien

Situé sur l’atoll privé de Teti’aroa, en Polynésie française, The Brando est bien plus qu’un hôtel de luxe. Ce lieu d’exception, autrefois refuge du légendaire acteur Marlon Brando, est aujourd’hui un sanctuaire pour ceux qui recherchent une escapade ultra exclusive dans un cadre naturel à couper le souffle, où s’isoler pour fuir l’hiver.

par Philip Utz.

Niché au cœur d’une luxuriante cocoteraie, le spa de l’hôtel se déploie autour d’une étonnante lagune d’eau douce en plein centre de l’île © Philip Utz.

The Brando, une escapade hors du temps

Le transfert de Papeete en avion privé affrété par l’hôtel annonce déjà la couleur. Perle immaculée du Pacifique, l’atoll de Teti’aroa s’étend sous les yeux ébahis du voyageur sur l’immensité azur. Treize motus (“îlots”) tapissés d’une luxuriante cocoteraie vert émeraude couronnent le lagon aux eaux d’une transparence irréelle, constellées de massifs coralliens aux mille nuances. À travers le hublot, on aperçoit une baleine évoluant à quelques brassées du récif. Clairement, nous sommes aux portes du paradis.

Ouverte en 2014 sur cet atoll sous bail emphytéotique de quatre-vingt-dix-neuf ans, signé en 1966 par l’acteur américain Marlon Brando, The Brando est sans conteste l’île-hôtel la plus prodigieusement luxueuse de la planète.

Un hôtel de luxe prisé des plus grandes célébrités

L’exclusivité de l’établissement ne se limite pas à ses prix prohibitifs ni à son emplacement loin, très loin, des regards indiscrets (pour s’y rendre, il faut compter environ vingt heures de vol depuis Paris, via Los Angeles et Papeete) : elle tient aussi de sa clientèle. Dès l’enregistrement, les invités sont tenus de signer un accord de confidentialité (NDA) interdisant toute photographie des autres convives, garantissant ainsi l’anonymat le plus total. Et pour cause, il y a ici plus de magnats au mètre carré qu’à un sommet du G7, et plus de mégastars que dans le hall de l’Eden-Roc en plein Festival de Cannes. C’est ici, par exemple, qu’en 2017 l’ancien président américain Barack Obama a trouvé refuge pendant trois mois pour rédiger ses mémoires.

Une retraite prolongée qui témoigne non seulement du calme et de la sérénité que l’on trouve ici, mais aussi de l’inspiration que cet environnement peut offrir. Même au plus fort de la saison, lorsque le Brando est à pleine capacité, il peut se passer toute une journée, sur ce sable corallien, sans que l’on croise âme qui vive. On a la nette impression d’être seul au monde… et maître du monde par la même occasion (même si une armée invisible veille à ce que chaque besoin soit anticipé et comblé, souvent avant même que vous ayez à le formuler).

hôtel The Brando
Lever de soleil depuis l’une des 36 villas de l’hôtel qui bordent la plage, chacune disposant de sa propre piscine à débordement © Philip Utz.

Un cadre respectueux de son environnement

Tout ici respire le quiet luxury. Construites avec des matériaux locaux et durables, les spacieuses villas semblent vouloir se fondre dans l’environnement naturel de l’atoll. Le bois utilisé, par exemple, respecte les normes écologiques les plus rigoureuses, tandis que les toits en chaume de pandanus et l’intégration subtile des logements dans le paysage reflètent un profond respect pour l’écosystème local.

La décoration des chambres, tout en marqueterie de paille, cuir grainé et bois gougé déclinés dans une palette de tons neutres, crée une ambiance tamisée qui rappelle l’élégance et l’épure du designer Jean-Michel Frank. Chacune des 36 villas qui bordent la plage est dotée de grandes baies vitrées offrant – depuis le lit, vous n’aurez pas à vous lever – une vue imprenable sur le lagon, ainsi que d’une plunge pool privée aux eaux revigorantes (pour ne pas dire glacées).

hôtel The Brando
Une lettre manuscrite de Marlon Brando reproduite dans le menu du Bob’s Bar, ainsi nommé en hommage à l’assistant du légendaire acteur hollywoodien, qui lui préparait ses cocktails jusqu’au bout de la nuit © Philip Utz.

Un menu en l’honneur de Marlon Brando

Le luxe au Brando ne se limite pas à l’hébergement. La restauration y est également un art, avec une attention toute particulière apportée aux détails et à la qualité. Autrefois lieu de prédilection de Marlon Brando lui-même, le Bob’s Bar, situé dans une hutte sur la plage, propose une version grand luxe des mets consistants et réconfortants dont raffolait la star hollywoodienne : hot dogs, burgers, lobster rolls, noix de coco nappées de chocolat, et glace vanille (qu’il avalait par seaux de 20 litres)… il y a ici largement de quoi se remettre du voyage.

Et se réconcilier avec le sempiternel croque-monsieur à la truffe – un encas pourtant galvaudé, souvent malmené par les palaces du monde entier – qui s’avère ici irrésistible avec son feuilleté de pain de mie à la fois craquant et fondant.

Pour ceux qui recherchent une expérience culinaire plus immersive, l’hôtel compte également un restaurant teppanyaki, le Nami, offrant une tablée intime de huit personnes autour d’un chef japonais qui anime gentiment la salle tout en s’affairant sur sa plaque chauffante. La convivialité y est de mise, pour ceux qui aiment ça. Leur wagyu A5 – la note de qualité la plus élevée attribuée par le gouvernement japonais à ce bœuf à la tendreté exceptionnelle et au persillage hors norme – est à se damner.

La cuisine française de Jean Imbert s’invite en Polynésie

Mais les plaisirs gastronomiques ne s’arrêtent pas là. Placé depuis 2023 sous l’égide du chef étoilé Jean Imbert, le restaurant Les Mutinés propose une cuisine raffinée privilégiant les produits locaux – miel et légumes provenant des ruches et du potager de l’atoll, fromages dénichés chez l’un des rares producteurs tahitiens –, le tout servi sous un improbable lustre-galion en cristal réalisé par l’artisan français Régis Mathieu.

Parmi les délices figurant au menu (qui varient selon les saisons), un poulpe braisé et son carpaccio d’agrumes, un soufflé au miel de Teti’aroa, mais aussi un beurre infusé à la vanille de Polynésie qui se distingue par sa subtilité et sa richesse, et qui répond parfaitement aux plats délicatement préparés par l’équipe d’Imbert.

hôtel The Brando
Depuis les plages de l’île, les happy few pourront, de juillet à novembre, assister au chant mélancolique des baleines à bosse venues d’Antarctique pour mettre bas dans les eaux chaudes du Pacifique © Philip Utz.

Un écrin de bien-être entre spa et séance de relaxation

The Brando est également reconnu pour son spa situé sur les berges d’une étonnante lagune d’eau douce au centre de l’île, où les anciennes étendues marécageuses ont été aménagées en vastes bassins ornementaux jonchés de roseaux et de nymphéas (pour ceux qui s’en inquiètent, les moustiques ont ici été sommairement remerciés – à quelques exceptions près, visiblement – grâce à l’introduction sur l’île de sujets mâles porteurs d’une bactérie rendant les femelles infertiles).

À ne pas manquer, la séance de relaxation ancrée dans les traditions ancestrales polynésiennes, menée à même le sol au son des incantations hypnotiques d’une thérapeute – “Vous pénétrez dans une forêt ouverte… Vous devenez un arbre… Vos bras s’élèvent vers le ciel tels des branches…” –, de timbales, de gongs et de bâtons de pluie, et qui passerait peut-être mieux sous ayahuasca.

Une empreinte carbone réduite au possible

Juste avant sa disparition en 2004, Marlon Brando a stipulé dans son testament que Teti’aroa devait contribuer à la préservation de l’environnement et à l’étude de la biodiversité. Une volonté et un engagement qui se perpétuent aujourd’hui grâce à une série d’initiatives écoresponsables.

L’hôtel est ainsi alimenté en grande partie par des énergies renouvelables : panneaux solaires, centrales d’air conditionné par eau de mer (SWAC) et production de biocarburant à partir d’huile de coco. Toutes les infrastructures de l’île sont conçues en vue de l’autosuffisance énergétique, pour réduire au minimum son empreinte carbone.

hôtel The Brando
L’atoll de Teti’aroa © Philip Utz.

The Brando ou l’héritage de Marlon Brando

The Brando ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui sans l’influence de la famille de l’acteur, et notamment celle de Tarita, son ex-compagne rencontrée en 1962 sur le tournage des Révoltés du Bounty, qui continue à veiller sur l’héritage de ce petit coin de paradis. Un soir de pleine lune, on aperçoit la belle vahiné promener sa longue silhouette, ses traits racés et sa crinière d’argent sur les plages de l’île, sa présence spectrale incarnant l’esprit même de cet endroit, où le temps semble comme suspendu.

The Brando, atoll privé de Teti’aroa, Arue Tahiti. Villas à partir de 3 600 € la nuit.