Succombez au Melville, l’élégant club de jazz du 8e arrondissement de Paris
La programmation musicale du Melville est à la hauteur de la carte de son chef Malcom Écolasse : élégante, raffinée, efficace et parfois espiègle.
Par Alexis Thibault.
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Le Melville : un club de jazz à la manière des années 20
Depuis quelques années, une triste rumeur court dans la capitale : il n’y aurait plus assez de clubs de jazz digne de ce nom à Paris. Il faudrait un endroit neuf et assez chic qui raviverait la flamme du Cotton Club, cette salle de concert de Harlem ouverte dans les années 20, en pleine prohibition, par un champion de boxe afro-américain et repris quelques années plus tard par Owney “The Killer” Madden, figure de la pègre de New York.
Pour couper court à ces rumeurs, il faut peut-être passer du côté de la rue Jean Mermoz, dans le 8e arrondissement de Paris. Et plus précisément au numéro 28. C’est ici que se situe Le Melville, pari de deux mélomanes amateurs de jazz qui citent volontiers le pianiste Martial Solal – collaborateur de Django Reinhardt –, Miles Davis, Thelonious Monk ou le compositeur génial Michel Colombier, homme de l’ombre qui érigera le Bonnie and Clyde (1967) ou le Requiem pour un Con (1968) de Serge Gainsbourg. Bref, pour ces deux hommes, le Melville est “un nom de films noirs, un endroit qui se chuchote, un lieu élégant à l’abri des regards…”, et, surtout, un hommage au réalisateur du Deuxième Souffle (1966).
Une carte savoureuse et une programmation aussi écléctique que pointue
On y découvre d’abord un bar lounge – et une ambiance évidemment feutrée –, signé par l’architecte Isabelle Farran et Alexandra Ferrand-Eynard. L’agence a entièrement transformé l’établissement précédent – “un restaurant aux tons chaotiques” – en un espace chaleureux mêlant le bois, le velours et le laiton. Ensuite, on prête attention à la proposition gastronomique. Une cuisine fusion multicolore élaborée par le jeune chef Malcom Écolasse passé par le Bristol, le Levain avec Juan Arbelaez ou le Clover Grill de Jean-François Piège. Au Melville, sa carte demeure aussi espiègle que raffinée. On conseillera notamment le poulpe zébré et le thon passion sans trop en dire.
Évidemment, l’important se situe ailleurs. Sur la scène. À l’endroit même où des musiciens se succèdent chaque jour. On y retrouve des étudiants et des musiciens professionnels confirmés. Des fanatiques de Bill Evans, des amateurs de salsa, des quartet qui s’attaquent aux standards lorsque d’autres pastichent des tubes emblématiques. Ce soir-là, il y aura eu trois reprises de Beatles à la sauce jazz. Michelle (1965) était particulièrement réussie…
Le Melville au 28, rue Jean Mermoz.
Du lundi au vendredi, au cours de deux sets, à 21h00 et 22H30.