28 août 2023

L’Amirandes : hôtel splendide entre raffinement et mythologie crétoise

Le sublime hôtel L’Amirandes fait rayonner la région de Gouves, en Crète, la plus grande île de Grèce. Et la chaîne Grecotel, compte bien sur son cinq étoiles pour démontrer ses compétences en matière de luxe. En filigrane, les légendes bien connues de la mythologie grecque: son architecture s’inspire du palais de Knossos, illustre demeure du roi Minos.

1. L’hôtel Amirandes, une perle d’architecture au bord de la mer Égée

 

À première vue, on pourrait croire que les résidents de l’Amirandes sont de simples hologrammes aphones. Car chacun se souvient longtemps du silence qui règne ici, dans cet hôtel cinq étoiles crétois. Un calme bienvenu. Une tranquillité revigorante. Vers 2007, à son ouverture, l’établissement a permis au groupe Grecotel – la plus grande chaîne d’hôtels de luxe du pays – d’entrer dans une nouvelle ère en imaginant des édifices aussi fastueux qu’innovants dans les régions de la Crète désertées jusqu’alors par les palaces. D’ordinaire, les propriétaires de ce type de demeures préféraient les environs d’Elounda, petit village de pêcheurs situé sur la côte nord de l’île. Des années plus tard, l’Amirandes (“le miracle”, “le prodige”) fait rayonner la région de Gouves, sorte de “creux dans la terre” à l’est d’Héraklion, la capitale. Jadis, c’est ici que les Minoens ont prospéré. Un peuple de grands marins qui a hérité du patronyme du roi Minos, fils de Zeus et de la princesse phénicienne Europe, dont les poètes louaient la témérité face aux pirates écumants la mer Égée. D’après la légende, le roi Minos a longtemps prié Poséidon afin qu’il lui accorde un bœuf hors du commun, en lui promettant que le présent serait aussitôt sacrifié sur l’autel du palais de Knossos, sa demeure étincelante. Magnanime, le dieu des Mers fit alors surgir des abysses un splendide taureau immaculé. Un animal unique. Un animal parfait. Mais le roi Minos s’en éprit tant qu’il chercha à tromper Poséidon en sacrifiant un taureau comparable, succombant à la perfidie et dissimulant l’offrande originelle au sein de son propre troupeau de bêtes. Fou de rage, le dieu des Mers ensorcela alors le taureau immaculé qui, hors de contrôle, ravagea l’intégralité des terres crétoises devant des paysans terrifiés et impuissants. Pire encore, le dieu revanchard manipula l’esprit de Pasiphaé, la propre épouse de Minos, qui tomba immédiatement amoureuse de l’animal et s’accoupla même avec ce dernier. De cette union maudite naîtra une créature mythique… le Minotaure.

 

Les architectes se sont justement inspirés du palais de Knossos pour concevoir l’hôtel Amirandes, tels les héritiers légitimes de l’Athénien Dédale, mathématicien et concepteur favori du roi Minos. Celui-là même qui imaginera l’illustre pénitencier du Minotaure : un immense labyrinthe. De la montagne qui surplombe l’hôtel s’écoule un large filet d’eau. Il traverse l’édifice, forme une lagune, puis achève son beau parcours dans la mer. Le marbre et la pierre s’accouplent et forment des lignes géométriques de part et d’autre des bassins d’eau claire dont les arêtes sont parsemées d’amphores méditerranéennes en terre cuite plus ou moins imposantes. “Cela me change de la City de Londres, glisse un résident britannique de l’hôtel, entre deux gorgées de Spritz. Avant de venir, nous avions déjà vu des photos sur le net avec ma femme, mais, en arrivant, nous n’avons pas pu réprimer un ‘Wow’ de surprise. Et pourtant, nous en avons vu des hôtels, je peux vous le dire. Mais ne mettez pas ça dans votre article, je ne voudrais pas passer pour quelqu’un de prétentieux…” L’édifice raffiné semble lui-même couler lentement dans la mer. Entre ses murs, et au delà : quatre restaurants à la carte, un immense jardin, une salle de sport, un spa, un terrain de football à 5, de tennis, de padel, de volley, une piscine, et deux plages de sable privées permettant d’opter pour une sieste ou pour les sports nautiques. Mais d’autres, ont préféré le spa. Offre spéciale du jour : un massage pour deux sur la plage, face au coucher de soleil.

2. Un dîner en lévitation au dessus de l’eau, face aux œuvres de Pablo Picasso

 

C’est ça que vous appelez un ‘petit snack’ ? Mais c’est génial !” s’esclaffe une vacancière, les yeux écarquillés. Face à elle, aux abords de la grande piscine de l’hôtel, un jeune homme esquisse un large sourire et poursuit son affaire : séparer la tête de l’abdomen d’un énorme gambas qui crépite sur un grill d’appoint, installé près d’une des tables. Un “simple petit snack”. Il fallait forcément que L’Amirandes puisse voir les choses en grand. C’est pourquoi ses menus sont aussi variés. Pour le dîner, certains préfèreront la plage et les spécialités asiatiques du Blue Monkey, entre sushis, makis, ceviche et homard frais. Quelques mètres plus loin, d’autres touristes découvriront quant à eux les plats italiens du restaurant Le Minotaur, sur la terrasse extérieure, en lévitation au dessus du lagon. Mais avant d’arriver jusqu’à leurs tables, disposées au dessus de l’eau silencieuse, ils s’arrêteront forcément pour admirer la collection de véritables céramiques signées Pablo Picasso, lui-même fasciné par la figure légendaire du Minotaure, une représentation bienvenue de la dualité qui dévore l’homme… tendre et sauvage à la fois.
 

Au Minotaur, on déguste le pain de caroube traditionnel – cuisiné à partir de la gousse du Caroubier, un arbre fruitier méditerranéen utilisé depuis l’Antiquité – et ses quatre beurres (salé, betterave, champignon, tomate). Au choix: un tartare de bœuf déstructuré, un ceviche de bar et son jeu de textures proposé par un popcorn d’algues ou un tataki de thon asperge et truffe. La suggestion : des pâtes fraîches fourrées au homard et au fenouil, un rouget sauce caviar étendu sur une assiette-palette de peinture, ou une variation du canard à l’orange construite essentiellement autour du zeste du fruit. En guise d’accompagnement, le sommelier propose de découvrir un vin jaune vif aux reflets verts clairs – un Ovilos blanc 2020 – une combinaison de deux cépages : Assyrtiko et Sémillon. Des arômes d’abricot et de miel qui cohabitent avec des notes d’agrumes tropicaux rehaussés par une sensation de noix et de vanille directement absorbée par le fût. Tout au long de leur dîner romantique, les couples quitteront discrètement la table, à intervalle régulier, pour photographier le paysage multicolore qui se transforme de seconde en seconde, à mesure que le soleil disparaît à l’horizon.

3. Des résidents internationaux qui cherchent tous la même chose

 

On entend quelques exclamations aux abords du terrain de football. Après enquête, il s’avère qu’un agent de footballeur, un photographe et un producteur de musique sont sur le point d’affronter une équipe bien plus jeune. Mais au bout de quelques minutes, chacun se rend compte de la supercherie : les adolescents sont bien plus rodés à l’exercice. Fin du match amateur. Un ingénieur français s’extirpe du terrain de football à 5, en nage. Aujourd’hui, le gardien de but a donné tout ce qu’il pouvait. Quelques minutes plus tôt, il s’est étiré pour empêcher la frappe surpuissante d’un jeune Scandinave de finir en pleine lucarne : “Il est en centre de formation, forcément je ne fais pas le poids… souffle-t-il péniblement. Lui, quand il sera célèbre, je frimerai devant mes amis pendant les diners. C’est assez drôle de rencontrer des gens ici, sur le terrain de football. D’ordinaire, on croise les gens sans vraiment les croiser dans l’hôtel. J’ai parfois l’impression de l’avoir pour moi tout seul. Soit parce qu’il est immense, soit parce que, finalement, nous sommes tous venus chercher la même chose… le calme.”
 

L’Amirandes (Grecotel), Gouves 700 14, Crète, Grèce.