12 juil 2024

Paris 2024 : dans les coulisses des Jeux Olympiques (épisode 8/10)

Outre leur aspect sportif, les Jeux Olympiques 2024 mettent également en avant un volet social et inclusif, et un autre écologique, qui nécessitent la coopération étroite de multiples acteurs de secteurs divers. À l’approche des JO, Numéro revient ici sur la préparation de cet événement en dix épisodes, au fil d’une chronique racontée à la première personne, articulant les interventions de personnalités majeures. Au programme de ce huitième volet : se baignera-t-on dans la Seine ?

Propos recueillis par Olivier Joyard.

Dans les coulisses des Jeux Olympiques 2024 © Mario Palmieri.
Dans les coulisses des Jeux Olympiques 2024 © Mario Palmieri.

La Seine ne servira pas seulement de décor pour Paris 2024, elle sera aussi un lieu de compétition. Jacques Chirac, dans les années 80, promettait déjà de s’y baigner. Les participants au triathlon et à la nage en eau libre ont besoin que ce rêve se concrétise enfin. L’an dernier une épreuve test a été annulée à cause de la mauvaise qualité de l’eau. Un vrai signal d’alerte. Certains travaillent tous les jours à ce qui constitue l’un des enjeux symboliques les plus forts des Jeux Olympiques.

La Seine au cœur des Jeux Olympiques de Paris 2024

Étienne Thobois : Les mesures montrent que la pollution de la Seine baisse de manière régulière et tangible.

Pierre Rabadan : À l’été 2023, on a eu sept jours sur dix où l’eau convenait pour la baignade.

Étienne Thobois : L’annulation de cette épreuve test prouve que la mission reste délicate et qu’il faut continuer de travailler. Il y a trois grandes actions autour de l’assainissement de la Seine menées par Paris 2024. D’abord le raccordement des entreprises et des usines, avec des dispositifs de filtrage. Puis la partie des réseaux individuels, avec la mise en place d’une connexion au tout-à-l’égout : 15 000 au total. On en a finalisé un peu plus de 7 000 à la fin 2023, et ça continue. Les fonds ont été débloqués. Enfin, il y a la création de ces grands bassins de rétention qui évitent de rejeter les eaux usées dans la Seine lorsqu’elles commencent à monter dans les égouts. C’est à cela que sert le fameux réservoir mis en place à Austerlitz.

Pierre Rabadan : Il existe deux autres collecteurs en Seine-Saint-Denis et dans le Val-de-Marne. Mais l’énorme bassin de stockage souterrain créé à Austerlitz peut à lui seul contenir 50 000 mètres cubes d’eau – soit l’équivalent de 20 piscines olympiques –, de façon à retarder le déversement du mélange des eaux usées et de pluie qui est le principal facteur de dégradation de la qualité de l’eau de la Seine. Cet équipement est capable de capter ce qu’on appelle une “pluie à six mois”, c’est- à-dire comme il n’en arrive que deux fois par an. L’été dernier, avant les épreuves test qui n’ont pas pu avoir lieu, il a plu énormément à Paris, ce qui n’était pas arrivé depuis 1965… C’était un phénomène exceptionnel.

Étienne Thobois : Bref, il a fallu reverser 9 000 mètres cubes de merde dans la Seine.

Pierre Rabadan : Ce qui s’est passé était aussi lié à une vanne défectueuse, déformée par une pompe. On a mis deux ou trois jours à la trouver en envoyant des gens dans les égouts pour essayer de comprendre pourquoi la qualité de l’eau était désastreuse alors qu’il ne pleuvait plus.

Étienne Thobois : Cela ne se reproduira pas en 2024 et puis voilà. Et quand bien même cela arriverait, comme en 2023, le triathlon deviendrait un duathlon, comme le prévoit le règlement. Mais ce n’est pas ce que l’on souhaite. Même chose pour la cérémonie d’ouverture, il n’y a pas de plan B, mais un plan A bis. Dans l’événementiel sportif, vous êtes en capacité de livrer en mode plus ou moins dégradé, mais vous livrez quand même.

Pierre Rabadan : Je suis en charge de la Seine auprès de la Mairie de Paris et je me suis déjà baigné dans le fleuve en juin 2023, lors d’une course en relais organisée avec la Fédération française de natation. C’était une animation avant le début de Paris Plages. La maire a annoncé qu’elle aussi s’y baignerait. Nous avons le projet d’ouvrir des zones de baignade en 2025. Sans les Jeux, on n’y serait pas arrivé. On estime que grâce à notre capacité à avancer sur ce dossier, on a gagné entre dix et quinze ans. Quand on aura atteint les objectifs, les gens seront extrêmement contents. Maintenant, il faut que ce soit le cas pendant les Jeux Olympiques.

Les Jeux Olympiques de Paris 2024 organisés du 26 juillet au 11 août 2024.