22 mar 2021

3 créations iconiques signées Elsa Peretti pour Tiffany & Co.

L’une des designers phares du joaillier Tiffany & Co, Elsa Peretti, s’est éteinte à 80 ans dans la nuit de jeudi dernier. Arrivée à New York dans les années 70, la créatrice d’origine italienne y fréquente la scène artistique de l’avant-garde new-yorkaise et entame une carrière de mannequin, avant de signer en 1974 un contrat d’exclusivité avec le joaillier Tiffany & Co. qui perdurera jusqu’à sa disparition. Retour sur la vie trépidante d’Elsa Peretti et sur ses créations les plus emblématiques.

Elsa Peretti, Credit: Jack Mitchell / Getty
Elsa Peretti et Halston à Bloomingdale’s en 1971 © New York Post Archives
“Wave collection“ © Tiffany & Co

 

Une vie trépidante

 

Née à Florence en 1940, Elsa Peretti grandit entre Rome et la Suisse dans une famille aisée de la bourgeoisie catholique. L’âge de la majorité atteint, elle part pour Barcelone. Elle y découvre le surréalisme de Dali et sera aussi profondément marquée par l’architecture de Gaudi, dont la fusion entre motifs végétaux et style moderniste inspirera les créations qu’elle fera pour Tiffany’s.

 

Dans les années 70, Elsa s’envole pour New York où ses longues jambes et son visage charismatique lanceront sa carrière de mannequin. Elle fréquente alors – notamment  au célèbre nightclub Studio 54 – la scène créative new-yorkaise, composée de personnalités telles que Truman Capote, Diana Vreeland, ou encore Andy Warhol et Liza Minnelli, et pose pour Helmut Newton. Créative, Elsa Peretti délaisse petit à petit le mannequinat et commence à dessiner des bijoux pour les couturiers stars américains Halston et Giorgio Sant’Angelo. Repérée par la grande marque de joaillerie Tiffany & Co., elle signe un contrat d’exclusivité avec celle-ci en 1974 qui durera jusqu’à la fin de ses jours. Retour sur trois de ses plus grandes créations.

Sophia Lorenporte la manchette “Bone”, Credit Photo: Francesco Scavullo

“Bone cuff“, La manchette Bone (1970), le bracelet avant-gardiste porté à l’écran par Wonder Woman

 

Tandis que la maison Tiffany & Co. est déjà culte – et ses créations ultra célèbres grâce au somptueux collier porté par Audrey Hepburn dans le film (1961)  Breakfast at Tiffany’s – Elsa Peretti propose des créations épurées qui frappent par l’originalité de leur forme. Il est rare qu’elle mélange plusieurs matériaux dans ses créations, préconisant la mise en valeur d’un seul métal par le travail de la forme, des courbes et de la sobriété. Tel est le cas de sa fameuse manchette Bone, sans doute sa création la plus célèbre et qui vaudra à Elsa Peretti de rejoindre en 2009 les collections permanentes du British Museum. Nommé littéralement “os” [traduction de « bone”], le bijou épouse de manière quasiment organique le poignet, faisant presque corps avec celui-ci.
 

L’argent poli choisi par Elsa Peretti embellit l’âme sauvage de la manchette, dans laquelle on perçoit diverses influences : les formes organiques de la nature, mais aussi l’architecture sophistiquée de Gaudí, faite d’une accumulations d’ornements décoratifs osseux et rocailleux, sans oublier les ossatures d’animaux qui fascinent Elsa Peretti. Elle découvre ainsi avec grand intérêt les photographies d’animaux africains de Peter Beard et observe les fascinantes formes de leurs carcasses et squelettes. Le bijou connaît d’ailleurs son quart d’heure de gloire en 1984, lorsque l’actrice Gal Gadot le porte à son poignet pour incarner l’héroïne fantastique de Wonder Woman. L’année dernière, à l’occasion des 50 ans du bijoux, Tiffany & Co a sorti une édition limitée de la manchette qui s’est vue déclinée dans de vibrantes couleurs, rendant ainsi hommage à l’amour que portait Elsa Peretti à la couleur. 

Sophia Lorenporte la manchette “Bone”, Credit Photo: Francesco Scavullo

“Diamonds by the Yard” (1974) met les diamants à portée de toutes

 

La nature est une inspiration récurrente de la créatrice. La pureté sophistiquée caractéristique du style d’Elsa Peretti est aussi à l’œuvre dans l’une de ses plus fameuses collections “Diamonds by the Yard, littéralement “diamants au mètre”. Pouvant être portées seules ou en accumulation, les fines chaînes d’argent arborent à intervalles réguliers des diamants, donnant l’impression d’une fine pluie de diamants répandue sur le cou et la poitrine de celle qui les porte. L’idée de monter des diamants telles de délicates gouttelettes d’eau perlant à la surface de la peau, sur des chaînes de longueurs différentes, a permis aussi à Elsa Peretti d’inventer un bijou à la portée de tout à chacun puisqu’il pouvait être acheté seul, par paire, ou en plus grand nombre, ainsi qu’en version courte (comportant donc forcément moins d’argent et moins de diamants) en version mi-longue, ou en version longue (avec plus de diamants). Avec “Diamonds by the Yard”, il devenait pour la première fois possible d’acheter un collier chez Tiffany’s pour $150, soit à peu près $1000 aujourd’hui, une véritable révolution. 

Sophia Lorenporte la manchette “Bone”, Credit Photo: Francesco Scavullo
Sophia Lorenporte la manchette “Bone”, Credit Photo: Francesco Scavullo

“Open Heart” (1974), la beauté portée au quotidien

 

“Open Heart”, le collier le plus emblématique d’Elsa Peretti représente un cœur, dont le centre est évidé. Légèrement asymétrique dans son épaisseur, le bijou flotte délicatement contre la peau. Pour cette création, Elsa Peretti a été inspirée par le sculpteur anglais Henry Moore (1898-1986), connu pour ses formes organiques dont le centre était bien souvent laissé vide. C’est cet équilibre entre formes pleines et formes vides et entre argent et diamants, qui marque le style d’Elsa Peretti. “J’ai toujours été intéressée par le design et les formes qu’il engendre : chaque pièce de joaillerie se doit d’être fascinante et conçue pour être portée au quotidien “ expliquait la créatrice.

 

En l’honneur de son père et portée par une volonté de partage, Elsa Peretti avait créée en 2000 la Nando and Elsa Peretti Foundation. En vingt ans, l’organsime a financé un millier de projets dans 80 pays pour un investissement de plus de 56 millions d’euros. C’était le grand projet de la vie d’Elsa Peretti, auquel elle a consacré ses dernières années.