Comment Maria Nilsdotter transforme les contes de fées en bijoux
Des chanteuses Tyla et Suki Waterhouse à la top model Mona Tougaard, nombreuses sont les stars qui ont succombé au travail de Maria Nilsdotter. Fondant sa marque de joaillerie en 2007 à Stockholm, la créatrice dévoile les mystères de ses bijoux, inspiré par les contes fantastiques qui ont bercé notre enfance.
Par Louise Menard.
La joaillerie comme un cabinet de curiosités
Pour la créatrice suédoise Maria Nildsotter, l’art de la joaillerie n’est qu’une autre façon détournée de raconter des histoires féériques et étranges, “comme une série de contes mystiques, sombres et remplis de créatures merveilleuses”. Présentes dès le début – à l’image de sa première collection intitulée “The Claws” (les griffes) –, les esthétiques gothique et romantique s’entremêlent à travers des créations en cuivre, en or blanc et jaune, ornées de perles, de diamants, et de gemmes telles que la turquoise ou le rubis du Mozambique.
Outre des symboles anciens repris sur des bijoux en forme d’ex-voto, de gargouille, de croix, de glaive ou encore d’armure équestre, les figures de monstres telles que les dragons, les créatures fantastiques comme les sirènes, les licornes et les personnages célestes tel un ange, sont omniprésents. Semblables à de petits artefacts magiques, les bijoux de Maria Nilsdotter s’inspirent également des designs et des tableaux de la Renaissance, des œuvres de Mantegna et des illustrations de John Bauer, tout en rappelant le royaume inquiétant du fameux Tale of Tales (2015), réalisé par Matteo Garrone.
L’interview de Maria Nilsdotter
Numéro : Quel est votre premier souvenir lié aux bijoux ?
Mon premier souvenir est cette chaîne en or à laquelle est attachée une breloque en forme de couronne, une pièce qui est toujours resté près de mon cœur. C’est un cadeau de naissance de mes grands-parents, qui possédaient une horlogerie et une bijouterie dans une petite ville à l’extérieur de Stockholm. Elle était un peu trop grande pour moi à l’époque, mais déjà, enfant, j’ai été séduite par son poids et par la beauté de son design. Selon moi, l’une des grandes puissances des bijoux, est le fait qu’on leur associe des émotions et des moments de notre vie. Plus jeune, je me souviens avoir collectionné des bracelets de toutes formes et de tous matériaux. Je passais l’entièreté de mes week-ends à explorer les marchés aux puces et les magasins d’antiquités londoniens à la recherche de trésors.
À quel moment avez-vous décidé de faire carrière dans ce milieu, et pourquoi ?
Après avoir terminé ma scolarité, je savais que je devais m’orienter vers la création et j’avais entendu parler de l’école Central Saint Martins à Londres. J’y ai donc suivi une année préparatoire en art et design, durant laquelle, pendant deux semaines, j’ai pu m’essayer à la joaillerie. C’est à ce moment-là que je suis tombée follement amoureuse de cet art. Je me suis sentie tout à coup au bon endroit, c’était à la fois une évidence et une révélation. Je pouvais enfin exercer mon imagination comme je l’avais toujours rêvé.
Comment avez vous lancé votre propre marque ?
Au cours de ma dernière année d’études, j’ai commencé à vendre quelques petites pièces, déjà bien déterminée à tracer ma propre voie. J’avais une vision claire de ce que je voulais raconter à travers mes bijoux et de l’univers que je voulais créer.
Quelles sont vos inspirations ?
Je m’inspire de la mythologie, du folklore, de la nature, de la poésie et de toutes ces choses que nous ne pouvons pas vraiment voir, mais que nous ressentons.
Que voulez-vous transmettre à travers vos bijoux ?
Je veux que mes bijoux soient porteurs d’histoires, que les gens puissent s’attacher à une pièce en particulier et qu’ils soient à l’origine d’un sentiment de puissance, qu’ils représentent un souvenir ou quelque chose de profondément intime.
Depuis que vous avez lancé votre marque, avez-vous vécu un moment dont vous êtes particulièrement fière ?
L’ouverture de notre première boutique à Stockholm a été un moment très important pour moi, car c’est un lieu à l’image de mon univers, où l’on peut s’isoler du monde extérieur. Je suis également très fière d’être entourée d’une équipe passionnée et talentueuse.
En tant qu’entrepreneuse, quel est le plus gros challenge auquel vous êtes aujourd’hui confrontée ?
Bien qu’accro au processus créatif, j’ai appris au fil des années comment gérer l’équilibre entre l’art et les affaires. Ces deux aspects s’enrichissent l’un l’autre.
Pop-up Maria Nilsdotter, jusqu’au 5 février 2025 au deuxième étage du Printemps de la Femme, 64 boulevard Haussmann, Paris 9e.