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L’expo bijoux de l’automne : les 500 bagues d’homme de la collection Yves Gastou
Objet souvent occulté, le bijou d’homme révèle dans l’exposition Bagues d’homme à l’École des arts joailliers. Jusqu’au 30 novembre, cette institution soutenue depuis 2012 par la Maison Van Cleef & Arpels pour démocratiser la joaillerie auprès du grand public réunit 500 modèles collectionnés par le galeriste Yves Gastou au fil de sa vie.
Par Alexis Chenu.
Yves Gastou est une figure de Saint-Germain-des-Prés. Le premier qui, dans sa galerie du 12, rue Bonaparte, associait le mobilier français et italien des années 40 aux grandes signatures du design des années 80 : Sottsass, Mendini, Kuramata… Un expert, et aussi un collectionneur d’objets rares : des bijoux masculins, qu’il porte en nombre. Depuis 30 ans, l’homme accumule les trouvailles, qu'il cherche “avec acharnement et frénésie” confie-t-il. Au fil des salles de ventes, d’enchères, des brocantes, des journées passées à chiner et de ses voyages aux quatre coins du monde, sa collection s’est enrichie de près d’un millier de bijoux.
Dans les étages de l’École des arts joaillers de la rue Danielle Casanova – une institution soutenue depuis 2012 par la maison Van Cleef & Arpels pour démocratiser la joaillerie auprès du grand public – l’exposition Bagues d’homme réunit 500 modèles collectionnés au fil de sa vie (moins ceux que l’antiquaire porte à ses doigts). Ils sont présentés en sept thématiques – néoclassique, chevalerie, gothique, religieux, ethnique, vanités et curiosités – mises en scène par l’architecte Jérôme Thénot dans une ambiance “néo-mystique”, rappelant l’ambiance des chapelles comme les scènes de Tron où se croisent croix de néon blanches et tubes lasers en couleur.
Tous les styles exposés évoquent ici les splendeurs et les réalités d'époques et de sociétés diverses, et la relation des hommes à la coquetterie.
Sous une douzaine de vitrines, le cabinet de curiosités d’Yves Gastou cache ses précieux trésors. Des bijoux historiques – qui vont des bagues antiques de l’ancienne Égypte aux bagues des doges vénitiens du XVIIe camouflant de petites boîtes à poison. Mais aussi des bagues du royaume d’Espagne ornées de christs dorés, d’autres datant de l'époque du romantisme allemand enfermant les cheveux des êtres chers, ou encore, des bagues d’évêques aux améthystes géantes qui passionnent Yves Gastou depuis son enfance.
“Depuis l’Égypte et depuis la création du monde, les hommes se sont interrogés sur la mort. Les vanités, bijoux des croyances, des voyous comme des hippies, n'ont jamais cessé de fasciner, jusqu’à se retrouver aux doigts des bikers en Harley Davidson comme à ceux des 18-20 ans.”
“Cette passion remonte à mes 8 ans, explique le collectionneur. L'atmosphère des églises, les messes et les orgues, m’intriguait beaucoup, et j'étais fasciné par les évêques, parés des plus belles étoffes et de bagues spectaculaires.” Une trentaine de ces objets sont exposés, dont quelques chefs-d’œuvre telles les “trois bagues” signées Mellerio dits Meller : le plus ancien joaillier de la place de Paris et le plus important fournisseur du clergé depuis le XVIIIe. On découvre aussi des créations plus contemporaines, les œuvres uniques de Lydia Courteille, serties d’épées de chevalier, de croix et d’améthystes.
Anneaux sertis de diamants, de camées, chevalières… tous les styles exposés évoquent ici les splendeurs et les réalités d’époques et de sociétés différentes… et les relations des hommes à la coquetterie. Ces bagues célèbrent le pouvoir, la vie ou la mort, à l’image des vanités, reines de l’exposition : des icônes du XVIIe baroque exposées dans leurs déclinaisons en argent, bronze, ivoire et cristaux. “Depuis l’Égypte et depuis la création du monde, les hommes se sont interrogés sur la mort, raconte Yves Gastou, les vanités – bijoux des croyances, des voyous comme des hippies – n’ont cessé de fasciner, jusqu’à se retrouver aux doigts des bikers d’Harley Davidson comme à ceux des 18-20 ans”. Les répliques contemporaines de l’Anglais Dog State en sont le parfait exemple avec leur lot de crânes mutilés, cyclope et chimères, sans oublier – modèle fétiche d’Yves Gastou – un crâne en or blanc croquant une pierre noire.
Une exposition qui reflète le retour en force des bagues masculines, “un phénomène qui a commencé dans les années 70 avec la libération sexuelle, conclut Yves Gastou, et plus que jamais d’actualité, au moment où l’androgynie est à son apogée.”
Exposition à l’École des arts joailliers, 1, rue Danielle Casanova. À l’occasion de l’exposition, les éditions Albin Michel éditent le livre “Bagues d’homme”.