Why is Clint Eastwood still ruffling feathers at the ripe old age of 90?
Acteur mondialement reconnu et réalisateur de trente-huit films, Clint Eastwood revient au cinéma avec un nouveau long-métrage aussi controversé que les précédents : “The Ballad of Richard Jewell”. Entre westerns, cow-boys et vétérans, patriotisme, guerre, héroïsme américain et violence armée, ses films illustrent une vision ambiguë de l'Amérique qui met souvent en cause la propre personnalité du cinéaste.
Par Margaux Coratte.
Que celles-ci concernent son cinéma ou non, Clint Eastwood est habitué aux escarmouches. Ses rôles répétés dans des westerns et ses réalisations mettant en scène des personnages belliqueux ont participé à lui forger une image conservatrice. Entre ses prises de position politiques, son soutien à la NRA (National Rifle Association, le plus grand lobby des armes aux États-Unis) et ses films patriotiques, le cinéaste fait souvent parler de lui. Plus nuancé ces dernières années (il a tout de même 90 ans), Clint Eastwood est une personnalité plus ambiguë qu’il n’y paraît. Retour sur cinq controverses qui ont marqué sa carrière.
1. Son rôle de flic sadique dans Dirty Harry de Don Siegel (1971)
Fasciste, barbare, réactionnaire et tueur de sang-froid. Voilà un résumé exhaustif des critiques qui ont été adressées à Clint Eastwood pour son rôle de flic sans scrupules dans Dirty Harry. Pour ce film controversé, l’acteur y incarne l’inspecteur Callahan : homme violent et désabusé, il prend en charge les affaires les plus sordides et n’hésite pas à violer les droits des criminels quand il l'imagine nécessaire. "Nothing wrong with shooting… as long as the right people get shot" (“Il n'y a rien de mal à tirer sur des gens… à condition que ce soit sur les bonnes personnes”), affirme l’acteur dans Magnum Force, de Ted Post (1973), deuxième volet de la série de films. Si ces mots sont ceux du personnage, ils ont toutefois fait bondir les critiques, qui y ont vu les dires d’Eastwood lui-même. Voilà toute l’ambiguïté propre au cinéaste qui, habitué de rôles détestables, se défend d’en partager les idées. L’image entachée de Dirty Harry a d’ailleurs longtemps collé à la peau de Clint Eastwood, qui a même réalisé un volet de la série en 1983.
2. Ses films mis en cause par Spike Lee à Cannes en 2008
Alors qu’il présente à Cannes en 2008 un extrait de son film Miracle à Santa-Anna, l’histoire de quatre soldats noirs américains durant la Seconde Guerre mondiale, Spike Lee lance une polémique en reprochant à Clint Eastwood de ne pas avoir fait figurer de soldats noirs dans ses deux films sur la bataille d’Iwo Jima, Mémoires de nos pères (2006) et Lettres d’Iwo Jima (2007). Clint Eastwood défend alors la distribution de Lettres d'Iwo Jima en répliquant que les soldats qui ont hissé le drapeau américain au terme de la bataille étaient blancs et qu’il aurait été historiquement faux de placer parmi eux un acteur noir. Suite à la réponse parcellaire de Clint Eastwood, Spike Lee rétorque: "S’il le veut, je peux rassembler des Noirs qui ont combattu à Iwo Jima et je lui dirais d’affirmer à ces gars que ce qu’ils ont fait n’était rien et qu’ils n’ont pas existé".
3. Sa vision de la vie du directeur du FBI dans J. Edgar (2011)
Biopic sur le fondateur du FBI J. Edgar Hoover, le film de Clint Eastwood crée une polémique à sa sortie, puisqu’il dépeint une grande personnalité américaine du XXe siècle comme un homosexuel refoulé. Travaillant avec Dustin Lance Black (scénariste du film Harvey Milk), le cinéaste se fait honnir par les actuels membres du FBI. Ceux-ci l’accusent de relancer sans preuve une vieille polémique sur l’homosexualité présumée de J. Edgar Hoover, qui aurait entretenu une relation cachée avec son collaborateur Clyde Tolson. Ainsi, William Branon, à la tête de la fondation J. Edgar Hoover, a adressé une lettre ouverte à Clint Eastwood, dans laquelle il explique que "le film ne tient pas compte de la vérité, et montrer une relation intime entre M. Hoover et Clyde Tolson serait une grave erreur face à la réalité des faits et ne ferait pas honneur à tout ce qu’à fait M. Hoover durant sa carrière".
4. American Sniper (2015) : sa complaisance pour un tireur d'élite
Le film nommé six fois aux Oscars retrace l’histoire vraie de Chris Kyle, tireur d’élite de l’armée américaine envoyé pour combattre en Irak. Si le vétéran est déjà une personnalité controversée en soi, puisqu’il avait déclaré ne regretter aucun de ses actes sur le champ de bataille et même avoir aimé ce qu’il a fait, le film divise lui aussi par l'angle qu'il propose. Le récit se concentre essentiellement sur le sniper, sans montrer ses opposants, ce qui lui a valu d'être taxé d'apologie de la violence, de racisme et d'anti-musulman. Si Clint Eastwood se défend de faire de la propagande américaine ou même d’héroïser le soldat, son film affiche pourtant une complaisance qui en a dérangé plus d'un.
5. Son dernier film, The Ballad of Richard Jewell (2020)
En mai 2019, une partie d’Hollywood appelle au boycott de l’État américain de Géorgie, qui vient de voter un nouvel arrêté anti-IVG, dit "loi du battement de cœur" (loi qui, comme son nom l'indique, interdit l’avortement si les battements de cœur du fœtus peuvent être détectés). Alors que plusieurs acteurs (dont Ben Stiller, Alec Baldwin et Alyssa Milano) écrivent des lettres ouvertes pour expliquer qu’ils ne peuvent tourner en Géorgie "en toute conscience", le réalisateur lui, n’en a que faire : il est bien décidé à tourner son prochain film The Ballad of Richard Jewell à Atlanta, invoquant un souci d’authenticité. En salles mercredi, le film retrace l'histoire d'un policier, évidemment américain, célèbre aux États-Unis pour avoir été soupçonné d'être l'auteur d'un attentat lors des Jeux Olympiques de 1992.
The Ballad of Richard Jewell (2020) de Clint Eastwood, en salles mercredi.