11 oct 2024

Rencontre avec Panayotis Pascot et Fary, stars de l’humour et créateurs de l’émission Loups Garous

Alors qu’ils viennent de produire une adaptation en conditions réelles du jeu de société culte Loup Garous, disponible sur Canal+ dès le 11 octobre 2024, les talentueux Panayotis Pascot et Fary, humoristes aux multiples casquettes, se sont confiés à Numéro.

propos recueillis par Nathan Merchadier.

La bande-annonce de l’émission Loups Garous (2024).

Panayotis Pascot et Fary : producteurs d’une émission à l’humour mordant 

Le premier apparaît comme l’un de ces nouveaux électrons libres de la Gen Z. Capable de cumuler à lui seul les métiers d’acteur, d’écrivain, de réalisateur mais aussi d’humoriste et de chef d’entreprise. Son premier roman La prochaine fois que tu mordras la poussière (2023) est un best-seller (près d’un million de lecteurs) dans lequel il dépeint avec une honnêteté parfois déconcertante ses débuts de carrière tumultueux dans les affres du show-business parisien, mais aussi son passage par la dépression et son homosexualité. Il fera d’ailleurs l’objet d’une adaptation au théâtre avec le benjamin de la fratrie Schneider dans le rôle principal au mois de novembre 2024.

L’autre est une figure incontournable du stand-up en France depuis quelques années. Son seul en scène Hexagone (2020) lui a valu les éloges d’un public toujours plus large et s’est hissé parmi les spectacles d’humour les plus vus de la plateforme Netflix en France. Sa recette ? Il y évoque avec légèreté un condensé de thématiques très actuelles, du “mythe du couple” à la parentalité en passant par son métier de comédien. 

Loups Garous : l’adaptation d’un jeu de société culte en série pour Canal+

Ce vendredi 11 octobre 2024, ces deux stars de l’humour en France, Panayotis Pascot et Fary s’associent pour dévoiler Loup Garous, une émission en huit épisodes diffusée sur Canal+. Le pitch ? Réussir à adapter en conditions réelles le célèbre jeu de plateau et de stratégie Les Loups-Garous de Thiercelieux, écoulé à plus de 7 millions d’exemplaires depuis sa création en 2001

À mi-chemin entre la fiction et la télé-réalité, les deux acteurs se jouent des codes traditionnels des émissions télévisées afin de donner vie à une série très drôle, portée par un casting très audacieux. Prenant le contre-pied de LOL : qui rit, sort ! (2021), dont la distribution était assurée par une foule de célébrités — de Pierre Niney à Jonathan Cohen en passant par Virginie EfiraPanayotis Pascot et Fary décident de miser sur des inconnus. Un ex-agent de la DGSE, un avocat pénaliste, une comédienne ou encore une mathématicienne font ainsi partie des 13 joueurs et joueuses qui seront poussés dans leurs retranchements afin d’espérer pouvoir remporter la partie de Loup Garous ainsi qu’un prix de 100 000€.

L’interview de Panayotis Pascot et Fary pour l’émission Loup Garous

Numéro : Comment présenteriez-vous la série Loups Garous

Fary : C’est l’adaptation d’un jeu de rôle connu : Les Loups-garous de Thiercelieux, dont le principe est le suivant : les intrus (les loups-garous) ont pour objectif d’éliminer tous les autres joueurs tandis que les villageois doivent trouver qui sont les intrus. Pour ce faire, il y a un cadre qui est celui d’un village dans lequel une majorité joue contre une minorité qui détient un secret. 

Panayotis Pascot : Avec Fary, nous avons décidé d’adapter ce jeu en grand format, en étalant le tournage sur deux semaines et en conditions réelles. Alors, lorsqu’on prononce cette phrase iconique “Le village s’endort”, un vrai village que l’on a construit apparaît, avec des gens qui se sont endormis dedans. 

Fary : Nous nous sommes dit qu’il y avait beaucoup de films, de séries et de dessins animés qui avaient été adaptés en jeux, mais qu’un jeu n’avait encore jamais été adapté en programme télé. C’est d’ailleurs la première adaptation en version réelle d’un jeu de plateau. Avec Panayotis Pascot, nous aimons le challenge. Lui a écrit un roman qui est un best-seller et moi, je fais des blagues. Nous avons toujours eu ce truc en commun de tenter des expériences et de nous lancer dans des projets créatifs qui comportent un risque.

Êtes-vous de grands adaptes de jeux de société ? 

Fary : C’est une passion commune que l’on a depuis quelques temps. Nous avions pris l’habitude de nous retrouver pour jouer à un jeu qui s’appelle Codenames et pour des parties de Loup Garous. C’était un prétexte pour nous rejoindre, avec nos proches. Nous avons passé des soirées entières à nous engueuler, mais toujours avec bienveillance et amour. 

Qui de vous deux est le meilleur joueur ? 

Panayotis Pascot : C’est Fary ! 

Fary : C’est étrange de dire cela mais dans les jeux où il faut manipuler, je suis extrêmement fort. Il y a un autre jeu qui est inspiré des Loups-garous de Thiercelieux, qui s’appelle Undercover, que vous devez sûrement connaître. Si vous me voyez jouer à cela, je pense que la vision que vous avez de moi changera instantanément.

Panayotis Pascot et Fary dans la série Loups-Garrous (2024) © © 2024 Homayoun Fiamor - JAAD Productions / Presque Prod / FLAB Prod / CANAL+.
Panayotis Pascot et Fary dans la série Loups Garous (2024) © 2024 Homayoun Fiamor – JAAD Productions / Presque Prod / FLAB Prod / CANAL+.

Un réalisateur nous a dit : “C’est tout ce que l’on m’a toujours interdit de faire en télévision.” Panayotis Pascot

Pouvez-vous me parler du casting des Loups Garous

Panayotis Pascot : Le casting est probablement l’élément qui confère à ce programme son caractère si spécial. Nous avions envie que les joueurs participent à une émission sérieuse, mais que l’on puisse avoir de temps en temps des commentaires amusants : c’est la touche qu’amène la voix-off de Mister V, qui est écrite par Freddy Gladieux et Jason Brokerss. Nous avons eu la chance de pouvoir réunir un casting que l’on n’a pas l’habitude de voir dans ce genre d’émission : des sommités dans leurs domaines respectifs qui peuvent apporter leurs connaissances pour le bon déroulement du jeu. Ce sont des personnalités qui arrivent à vous pousser à leur accorder votre confiance. Ils savent enquêter, manipuler, débattre. Par exemple, nous avons eu sur le plateau un avocat pénaliste, un ancien espion de la DGSE, du Bureau des Légendes. Nous avons aussi eu une joueuse de poker ou encore une experte en algorithmiques qui travaille à la Silicon Valley.

Fary : Ce casting a aussi été pour nous l’occasion d’apprendre de nouveaux mots. Nous avons par exemple reçu une sémiologue, ce qui veut dire “experte du comportement et du non-verbal”. Il y avait aussi un mnémoniste : un champion de mémorisation qui se souvient de tout…

Panayotis Pascot : Il ne faut pas avoir de débat avec lui car il pourrait te sortir une phrase du genre “En 2007, tu m’as dit l’inverse” [rires].

Avec cette série, c’est la première fois que vous endossez la casquette de producteur d’une série. Était-ce difficile d’obtenir une légitimité dans ce domaine ?

Fary : Il y a eu plusieurs étapes afin d’acquérir une légitimité auprès des différents corps de métier que l’on a pu rencontrer mais il y avait toujours une confiance à aller chercher. Nous avons beaucoup aimé découvrir le domaine de la production audiovisuelle et nous nous sommes rendu compte que ce n’était pas si éloigné de ce que l’on faisait à la base. C’est comme si nous étions en conduite accompagnée et que progressivement, nous arrivions à conduire seuls notre voiture. L’équipe avec qui nous avons collaboré avait juste à nous dire par où il fallait que l’on passe. 

Panayotis Pascot : Nous avons eu la chance d’avoir le réalisateur de télévision Franck Septier sur le tournage. On lui a expliqué ce que l’on visait pour la réalisation et il nous a répondu : “C’est tout ce que l’on m’a toujours interdit de faire en télévision”. Nous avions l’impression qu’il redevenait un enfant en réalisant cette émission. Et sans trop m’avancer, je pense que si l’on repart pour une saison 2, toute notre équipe nous suivra. C’est un bon signe. 

Panayotis Pascot et Fary dans la série Loups Garous (2024) © 2024 Homayoun Fiamor – JAAD Productions / Presque Prod / FLAB Prod / CANAL+.

Le principe d’être acteur dans un film, c’est loin d’être ce qui m’attire le plus.” Fary

Avec cette série, vous quittez l’univers du stand-up et du cinéma pour vous atteler à la réalisation. Comment vivez-vous ce changement ?

Panayotis Pascot : Ce qui m’intéresse le plus dans le métier que l’on fait, c’est de raconter des histoires. C’était notre ambition première avec Loups Garous, avec un challenge en plus car on ne savait pas quelle histoire on allait raconter. On ne savait pas comment la partie allait se dérouler car rien n’a été scénarisé. Concernant le cinéma, je suis en train d’écrire mon premier long-métrage car j’aimerais vraiment passer derrière la caméra.

Fary Lopes : Pour ma part, le cinéma ne m’intéresse pas vraiment. Parfois, on m’approche pour certains projets comme le prochain film de Jean-Pascal Zadi dans lequel j’ai trouvé du sens à jouer. Mais le principe d’être acteur dans un long-métrage, c’est loin d’être ce qui m’attire le plus car j’ai l’impression d’être enfermé dans la créativité de quelqu’un d’autre. Avec la série Loups Garous, ce qui m’a intéressé, c’était ce travail d’équipe durant lequel des idées en apportent d’autres. Une synergie que je ressens un peu moins au cinéma…

En définitive, que retenez-vous de cette expérience hors normes ?

Fary : Nous avons découvert le duo que l’on pouvait former dans un projet bien loin de nos univers respectifs. J’ai le sentiment que dans le monde du divertissement, si on lie la créativité et une vision “business”, on peut se balader dans plusieurs domaines.

Panayotis Pascot et Fary dans la série Loups Garous (2024) © 2024 Homayoun Fiamor – JAAD Productions / Presque Prod / FLAB Prod / CANAL+.

Je ne sais pas si j’aime vraiment ou si je subis les défilés.” Fary

Avez-vous assisté à des défilés lors de la Fashion Week printemps-été 2025 ? 

Panayotis Pascot : Je suis allé voir le défilé Coperni à Disneyland et je dois vous confier que j’étais très excité ! Ce qui me plaît le plus chez Arnaud Vaillant et Sébastien Meyer, c’est qu’ils réussissent à mobiliser des idées de communication brillantes. J’attendais aussi avec impatience le défilé Loewe car j’adore les collections de Jonathan Anderson. Et enfin Saint Laurent : les défilés d’Anthony Vaccarello sont toujours très élégants.

Fary : Je ne sais pas si j’aime vraiment ou si je subis les défilés. Donc j’y vais des fois, un peu par défaut parce que c’est le milieu dans lequel évolue ma compagne [Amina Muaddi, ndlr]. J’ai une espèce de relation amour-haine avec la mode. Il y a des moments où j’adore ça et d’autres où la frénésie ambiante me dérange. Si je ne devais retenir qu’une seule marque je pense que serait Kenzo car j’aime beaucoup les vêtements aux inspirations japonisantes.

Quels sont vos projets à venir ?

Panayotis Pascot : Le spectacle de Fary Aime-moi si tu peux est disponible sur Prime Video. Et de mon côté, je lance mon nouveau spectacle de stand-up qui s’appelle Entre les deux. J’ai aussi joué dans deux projets qui sortent à la rentrée. Le premier s’appelle Les enfants sont rois et c’est une adaptation du livre de Delphine de Vigan sous forme de série avec Géraldine Nakache. Et il y a aussi un film qui s’appelle Le roi soleil avec Pio Marmaï.

Loups Garous (2024) créée par Panayotis Pascot et Fary, disponible sur Canal+