Rencontre avec la diva du disco Diana Ross
À l’occasion du 73e anniversaire de la diva et chanteuse soul Diana Ross, Numéro revient sur son entretien exclusif avec l'icône des années 70.
Rencontrer une “icône” n’est jamais une chose simple. Il y a d’abord l’excitation. Toujours drôle de croiser un mythe. Et pas n’importe lequel. Diana Ross, un nom évocateur, une légende entrée au panthéon de la pop. L’une des plus grandes divas vivantes. Une beauté étrange et mystérieuse. Quarante ans de musique, les Supremes, la Motown, les tubes sublimes : You Can’t Hurry Love, The Boss, I’m Coming Out, Upside Down. Et surtout Love Hangover, la sensualité à l’état pur, quelques minutes “anthologiques” de gémissements langoureux, de susurrements intenables. Mais on s’égare. Retour à Diana. Après l’excitation, vient le doute. Que demander à une chanteuse à la carrière si riche ? Que demander à quelqu’un qui a sûrement déjà répondu à toutes les questions ou presque ? Difficile, d’autant que depuis quelques années, elle s’était faite rare, très rare. Œuvrant plutôt en coulisses de shows télé, en businesswoman avisée. Peu importe.
Quarante ans de musique, les Supremes, la Motown, les tubes sublimes : You Can’t Hurry Love, The Boss, I’m Coming Out, Upside Down
Body tout en longueur. Miss Ross est assise sur une banquette. La chanteuse est souriante, rayonnante, douce. Il semble que les années aient épargné son visage félin et son corps de rêve. Celle qui chantait Muscles s’est sculpté un body tout en longueur. L’afro de la veille (elle recevait quelques amis triés sur le volet au Relais, le restaurant de l’hôtel) a laissé place à un brushing lisse. “Vous aimez ? demande-t-elle. Les cheveux, c’est toujours un problème.” Son téléphone sonne. “Désolée, je regarde si ce sont les enfants.” On en profite pour rebondir. Son plus joli souvenir ? “Quand j’ai joué à Central Park. Il y a eu une grosse tempête, un genre de mousson, tout le système électrique a sauté, mais je suis restée sur scène et le public est resté sous la pluie. C’était presque comme une communion. Un moment magique.” Aussi magique que sa nomination aux oscars pour son interprétation de Billie Holiday dans Lady Sings the Blues : “L’un des plus beaux jours de ma vie, j’y suis allée avec mes parents, je leur tenais la main, et, même si je n’ai pas gagné, c’était incroyable… bien plus que n’importe quelle cérémonie de musique.” Elle marque une pause. Puis enchaîne : “Mais ma plus belle récompense, c’est d’avoir sauvé un enfant. C’était autour d’une piscine, il est tombé et personne ne l’a vu. Mais moi qui était ailleurs, je l’ai senti. J’ai couru, je me suis jetée dans la piscine et je l’ai sauvé. Aujourd’hui, je suis fière de le voir jouer, vivre, tout simplement.” On en sourit. Mais Diana n’a pas fini : “Ce qui est intéressant aussi dans la vie, ce sont les hauts et les bas. Les expériences qui rendent plus fort. Qui aident à avancer. J’ai appris de mes erreurs, je n’ai pas de regrets. Parfois, je me dis que je n’ai rien accompli. Que tout cela ce n’est rien. Que ce n’est pas comme une cause. Que je n’ai rien apporté au monde.” Miss Ross aime montrer son côté fragile, finalement, elle est comme nous tous, pétrie de doutes, de faiblesses.
“Parfois, je me dis que je n’ai rien accompli. Que tout cela ce n’est rien. Que ce n’est pas comme une cause. Que je n’ai rien apporté au monde.”
Elle enchaîne, ultra pro : “Heureusement, j’ai mes fans qui me témoignent leur amour. Qui me disent combien ils se reconnaissent dans mes chansons.” Soudain, l’agent donne le top. La petite demi-heure accordée vient d’expirer. On pose une dernière question. Des projets ? Diana conclut : “J’ai l’impression de ne plus assez chanter. J’ai envie de faire un nouvel album avec la jeune garde. Il y a tant de nouveaux talents. J’ai aussi envie de produire un nouveau show télé. De lancer une ligne de bijoux, de vêtements. Mais il faut que je me dépêche. Time flies !”
Par Eglée de Bure.
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