Qui est Bastien Bouillon, le grand méchant du film Le Comte de Monte-Cristo ?
De son rôle de flic sensible et tourmenté dans le film La Nuit du 12 à celui d’écrivain émotif dans le court-métrage Partir un jour, Bastien Bouillon impressionne. Alors qu’il est à l’affiche du film Le Comte de Monte-Cristo, ce vendredi 28 juin 2024, aux côtés de Pierre Niney, Numéro a rencontré l’acteur césarisé qui ne se contente plus des seconds rôles.
par Nathan Merchadier.
Un jeudi matin, sur les coups de 11h, une silhouette longiligne aux cheveux ébouriffés pousse la porte d’un café dans le 18e arrondissement de Paris. L’homme salue le patron du bar avant de se présenter à nous avec un grand sourire, humblement vêtu d’un sweat imprimé du label du rappeur Jul (D’or et de platine). Son nom ne vous dit peut-être rien mais vous avez sûrement déjà croisé le visage de Bastien Bouillon sur grand ou petit écran. Depuis plus de 15 ans, il se fait remarquer pour ses apparitions dans des séries (R.I.S Police Scientifique, Détectives ou encore Oussekine), dans des courts-métrages (Jeudi 19, Le Locataire) mais aussi plus récemment dans des films salués par la critique (2 automnes 3 hivers, Seules les bêtes, Le Mystère Henri Pick).
La reconnaissance sur le tard de Bastien Bouillon avec La Nuit du 12 et son César du meilleur espoir masculin
Depuis la cérémonie des César du 24 février 2023, le nom de Bastien Bouillon semble avoir pris une toute autre dimension. Nommé dans la catégorie de meilleur espoir masculin aux côtés de (très) jeunes acteurs comme Paul Kircher (pour son rôle remarqué dans le film Le Lycéen) ou encore Aliocha Reinert (Petite Nature de Samuel Theis), c’est l’acteur originaire de Châteauroux et âgé de 39 ans qui remportera la statuette pour son rôle dans La Nuit du 12. Dans le thriller haletant de Dominik Moll, Bastien Bouillon se plonge avec une justesse déconcertante dans la peau d’un jeune commissaire de police tourmenté par une sombre affaire judiciaire. Le film est d’ailleurs devenu un phénomène, remportant plusieurs Césars dont celui du meilleur film de l’année 2022.
Le Comte de Monte-Cristo : le nouveau film de Bastien Bouillon et Pierre Niney
Ce César marque une reconnaissance tardive pour celui qui suivait les classes libres du prestigieux cours Florent en 2007 et qui faisait ses premières apparition à la télévision il y a déjà quinze ans de cela. “J’ai commencé par la télévision car j’avais un agent qui avait des contacts là-dedans à cette époque. J’ai fait de la figuration, des petits rôles dans des court-métrages puis des rôles dans des films. Mais La Nuit du 12 est finalement mon véritable premier grand rôle au cinéma” souligne-t-il.
Cette année, Bastien Bouillon fait son grand retour dans les salles obscures en se plongeant dans le rôle de Fernand Mondego (qui deviendra plus tard le Comte de Morcerf) un personnage historique et le dénonciateur d’Edmond Dantès dans le film Le Comte de Monte-Cristo (2024) aux côtés de Pierre Niney et de Anaïs Demoustier, qui sort au cinéma ce vendredi 28 juin 2024.
Un court-métrage avec la chanteuse Juliette Armanet
Lors de la cérémonie des César du 24 février 2023, le petit film Partir un jour de la réalisatrice Amélie Bonnin – dans lequel Bastien Bouillon est l’acteur principal – recevait aussi le prix du meilleur court-métrage de fiction. Aux côtés de l’incandescente Juliette Armanet, dans le rôle d’une caissière, il interprète le rôle d’un jeune écrivain, couronné d’un succès récent, qui rend visite à ses parents en Bretagne. Piquant, drôle et loufoque – les deux compères reprennent notamment le tube de l’année 1999, Tu m’oublieras de Larusso -, ce film d’une vingtaine de minutes explore le sentiment universel de “nouveau départ” dans sa dimension la plus large. Le nouveau départ suite à la fuite d’un microcosme familial à l’adolescence mais aussi celui d’un nouveau départ en tant que parent (les deux acteurs sont sur le point d’avoir un enfant, chacun de leurs côtés, dans le court-métrage).
Ces grands moments de vie, Bastien Bouillon les a aussi éprouvés à l’adolescence (la vraie, pas celle des films). Il explique : “Mes voyages ont été mes grands départs. À 19 ans, je suis parti au sud du Sénégal par la terre. En stop, en car, en pirogue. J’y allais avec un but, faire du woofing (travail bénévole sur un terrain agricole en échange du gîte et du couvert, ndlr), sauf qu’il y a presque vingt ans, le concept était encore très peu développé en Afrique. Ce voyage m’a beaucoup marqué. Plus tard, lors de mon deuxième voyage, je n’avais pas de but spécial, à part d’aller au Japon pour rencontrer un maître Butō, une danse japonaise. Je voulais juste voir et voyager. Il n’y avait pas de but spirituel. Peut-être que j’étais simplement doux et romantique, que je voulais me chercher ou me trouver en voyageant. Mais c’était un peu bancal. C’est peut-être une fuite aussi, je ne sais pas. Mais c’est toujours plus dur lorsqu’on revient. »
Le fabuleux destin de Bastien Bouillon, neveu de Joséphine Baker
Aujourd’hui, Bastien Bouillon est père de trois enfants. Ses fantasmes de jeunesse (même s’il a l’air toujours juvénile) sont derrière lui, mais il ne semble pas avoir perdu le goût du rêve : “Enfant, c’est l’expression écrite que je préférais et dont je rêvais. J’écris encore de la poésie et maintenant je commence à écrire le scénario d’un nouveau court-métrage. Je ne sais pas si j’écrirais un roman un jour. Mais il n’est jamais trop tard. »
À propos de son avenir en tant qu’acteur, celui qui incarne avec sensibilité le commissaire Yohan Vivès dans le long-métrage La Nuit du 12 avoue : “Je ne suis pas snob. Je n’ai rien contre la télé. J’aimerais bien continuer à en faire. Je trouve ça bien de ne pas faire que des films à 4 millions d’euros qui s’adressent au même public, sinon les gens finissent par se lasser. En se diversifiant, on peut continuer à trouver de la saveur et de l’exigence dans son jeu.”
Ses succès récents auraient pu monter à la tête à Bastien Bouillon, mais rien n’y fait. Le trentenaire au visage enfantin et au timbre de voix si singulier reste imperturbable. Son arbre généalogique, lui aussi, aurait pu impressionner. Peuplé d’artistes (son père, Gilles Bouillon est metteur en scène de théâtre) mais aussi de (très) grands noms du siècle passé. L’acteur est en effet l’arrière petit neveu de la chanteuse et résistante Joséphine Baker.
Au sujet de cette parenté lointaine, l’acteur français nous répond sobrement : “Je ne pense pas que cela ait eu une influence dans ma vie. À part peut-être quelque chose d’intime. Lorsque je vois un documentaire ou que je lis une BD sur Joséphine, je me dis : « C’est marrant qu’elle ait été présente à la naissance de mon père ou à celle de ma tante, que mon grand-père (chez qui j’ai rangé mon César d’ailleurs) ait été son assistant et son neveu. » C’est un personnage que j’aime. Elle a eu une carrière politique et artistique très courageuse donc c’est plutôt admirable. J’ai de la fierté mais qui relève un peu de l’illégitime car je ne l’ai hélas pas connue.”
Le Comte de Monte-Cristo (2024), d’Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte, avec Pierre Niney et Bastien Bouillon, actuellement au cinéma.