Qui est Sopico, le plus rock des rappeurs de la capitale ?
Après s’être fait une place discrète dans le milieu du rap, grâce à sa sensibilité, ses textes poétiques et ses mélodies enivrantes, Sopico revient aujourd’hui avec son tout premier album, Nuages, qui fait la part belle au rock, genre qu’il affectionne depuis toujours, et à son instrument fétiche, la guitare. Rencontre avec le rappeur le plus rock ‘n’ roll de la capitale.
Par Anna Venet.
Si le rock a aujourd’hui largement été dépassé par le rap dans le top des ventes d’albums et de singles depuis l’avènement des plateformes de streaming, ce genre musical n’est pas mort pour autant. Et même s’il n’est plus en tête des playlists, certains rappeurs s’en inspirent pour leurs projets musicaux. C’est le cas de Sopico, rappeur originaire du 18e arrondissement parisien, qui affirme même faire du “rack, un genre hybride entre le rock et le rap”. Pourtant, l’artiste de vingt-cinq ans s’est fait connaître avec avec une musicalité plus douce et sensible, composée de textes poétiques et de mélodies enivrantes. Alors qu’on le rencontre dans son studio d’enregistrement au cœur de Paris, l’artiste répète avec son groupe, toujours accompagné de sa guitare, en approche de son concert à La Cigale. Déjà, il a plus l’allure d’un rockeur que d’un rappeur…
Dès son enfance, le jeune Sofiane, alias Sopico, baigne dans la musique et s’amourache rapidement aussi bien du rock que du rap. “L’un de mes premiers CD était l’album Temps Mort de Booba, que j’ai acheté vers mes onze ans. C’est ce disque qui m’a fait aimer le rap. En même temps, j’écoutais aussi beaucoup de groupes de rock comme System of a Down, Linkin Park, Metallica et Nirvana”. Deux genres musicaux différents et pourtant si proches, que le jeune homme a su apprivoiser au fil des années, en commençant d’abord par jouer de la guitare à l’âge de douze ans, dans le but de recréer les riffs de ses guitaristes préférés. Jusque là, Sopico joue alors de cet instrument pour son loisir et continue d’écouter du rap, sans imaginer une seule seconde en faire son métier.
Ce n’est qu’après un accident de scooter qui l’immobilise pendant plusieurs semaines qu’il commence à écrire des morceaux. “J’ai toujours eu beaucoup de rappeurs dans mon entourage, dont Hugo TSR et Georgio qui étaient mes voisins. Un soir, des amis, également dans le rap, m’ont proposé d’écrire un texte, ce que j’ai fais. Ils ont aimé, alors j’ai tout simplement continué.” Petit à petit, Sopico se retrouve donc en studio, écrit des freestyles, participe à des open-mics, et rencontre surtout le collectif et label 75e session, avec qui il évoluera par la suite. Tout s’enchaîne alors pour le jeune artiste, qui fait ses premières scènes, et sort ses premiers projets : d’abord Mojo en 2016, puis Episode 1 en 2017, et Yë en 2018.
Entre temps, Sopico devient le premier artiste français à être sélectionné par la fameuse plateforme berlinoise Colors, avec le titre Le Hasard ou la Chance qu’il performe avec sa guitare dans une vidéo acclamée, qui le fait connaître auprès du grand public. Malgré le succès, le rappeur décide de faire une pause. Deux ans plus tard, après avoir “profité, voyagé et surtout s’être construit un cadre solide”, Sopico revient sur le devant de la scène auprès du label Spookland Records, piloté par l’auteur-compositeur-interprète Yodelice, qu’il rencontre lors de cette longue période. “Pendant cette pause, j’ai fait une cinquantaine de morceaux. Mon ordi c’était comme un laboratoire, et mes morceaux comme des expériences”. En avril 2020, le rappeur fait donc son grand retour avec un énième EP, Episode 0, qu’il a d’ailleurs sorti pendant le confinement.
S’ensuit un autre projet bien différent, puisque le public a également pu le découvrir à l’affiche de la série Netflix The Eddy — pour laquelle il a aussi composé une partie de la bande-originale —, réalisée par Damien Chazelle (Whiplash, La La Land, First Man), aux côtés du couple d’acteurs phare Tahar Rahim et Leila Bekhti. Un premier rôle en tant qu’acteur dans un second rôle, pas si étonnant que ça pour Sopico : “J’ai toujours été un gros cinéphile. Ce tournage était incroyable et j’aimerai beaucoup en refaire. Même un film d’horreur, un thriller ou un film de cascade, j’accepte directement. J’aime la préparation et la mise à l’épreuve.” Un goût du risque et un esprit téméraire que le rappeur a également souhaité prouver à travers sa musique avec la sortie de son tout premier album, Nuages, ce vendredi 15 octobre.
Une façon pour lui de revenir aux sources, et de mettre à l’honneur ce qu’il aime réellement : les mélodies, les sentiments, et surtout sa guitare. Pour ce disque, composé de dix titres sans aucun featuring (si ce n’est son instrument), Sopico est alors revenu à ses deux premières amours : le rock et le rap, autrement dit le “rack”, comme il aime le dire. “Ce premier album est vraiment né autour d’un dialogue entre moi et ma guitare. J’ai toujours eu cette part de moi qui voulait faire du rock, sauter partout et bouger la tête comme un fou sur scène. Aujourd’hui, je veux faire un rock qui a beaucoup d’amour pour le rap.” Un désir qu’il a affirmé avec le premier extrait du projet Slide, qu’il a dévoilé le 3 septembre dernier avec un clip des plus spectaculaires, où il descendait en rappel un gratte-ciel haut de cent vingt-neuf mètres, guitare à la main. Un visuel qui confirme son amour du risque et qui le distingue véritablement comme le rappeur le plus rock de la capitale.
Nuages (2021) de Sopico, disponible.