23 déc 2020

Qui est Mariana Benenge, influenceuse et chorégraphe engagée pour la cause des femmes ?

Danseuse, styliste, influenceuse… À seulement 22 ans, Mariana Benenge diffuse dans la vie et sur les réseaux sociaux une joie de vivre assumée et fait figure de modèle d’acceptation de soi. “En avant toutes” – une association féministe inclusive pour la fin des violences faites aux femmes et aux LGBTQIA – et la plateforme Safe Place – qui donne la parole aux femmes notamment sur les réseaux sociaux – l’ont choisie comme ambassadrice.

Photo © Hélène Mastrandréas

“À la fin du cours, t’as intérêt à ce que ta tête ne puisse plus passer la porte !” Quand elle enseigne le waacking – danse de rue apparue dans les années 70 à Los Angeles et provenant des clubs homosexuels –, Mariana Benenge oblige ses élèves à se trouver beaux, à se sentir confiants et à côtoyer l’orgueil. À coups de compliments, de sourires et de déhanchés, elle pousse les gens à aller à la recherche d’eux mêmes et à “se trouver”. Un principe qu’elle applique dans la vie comme sur les réseaux sociaux. Sur Instagram, la belle cumule plus de 21 000 abonnés et distille des photos et vidéos feel good, où, toujours extravagante, elle danse, pose et défile. Plus qu’une influenceuse, cette native du Congo atterrie en Picardie en plein adolescence a décidé d’utiliser l’application préférée de Kim Kardashian comme un CV artistique… et un hymne à l’acceptation de soi.

 

 

Là, elle affiche des chorégraphies très travaillées et réalisées avec des professionnels, mais aussi du contenu partagé pour le plaisir. En fait, elle envisage son feed comme une thérapie pour elle-même et pour les autres. Blagues en “story” à longueur de journée, vidéos de chant diffusant “des bonnes vibes”… le compte Instagram de Mariana Benenge est un “package de love” :Le fait que tu sois sexy et que tu t’assumes fait du bien aux gens. On me remercie d’aimer mon corps… En fait, quand les femmes voient l’une d’entre elles s’aimer, elles vont s’aimer aussi”, théorise-t-elle. 

Assise sur un canapé gris – lui-même posé sur un plancher terne –, la chorégraphe et influenceuse de 22 ans illumine la pièce. Vêtements colorés, bonnet en velours bordeaux, maquillage à paillette, bijoux ultra clinquants et extensions jusqu’en bas des reins servent de costume à une femme solaire, souriante et friendly. Pourtant, sa vie n’a pas toujours été rose : “Au collèges, je me faisais insulter. Je venais du Congo, j’avais un accent, je n’entrais pas dans ce que l’on appelle les canons de beauté, je n’aimais pas mes cheveux donc je faisais des défrisages… Je ne faisais pas partie des filles populaires. Mais au lycée, j’ai décidé que j’allais tous les emmerder.” Arrivée à Paris, la jeune femme trouve un milieu où elle se sent libre : le voguing. Dans les ball room, Mariana Benenge peut mettre les collants résille qu’elle n’ose pas porter dans la rue, crier, sauter… Bref, elle a enfin le droit d’être extravertie : “Je suis dans la House of Revlon et les autres membres sont les seuls qui me connaissent vraiment. Ils savent ce que j’ai envie d’exprimer au plus profond de moi… La House est internationale, donc je sais qu’où que j’aille, j’aurais toujours quelqu’un pour m’accueillir !”

 

 

Avant de créer une école pour les enfants dits “sorciers” au Congo – ils sont rejetés par leur famille qui pense qu’ils sont la cause de leur misère –, la jeune danseuse a plusieurs projets : continuer de participer à des pièces stimulantes et iconoclastes – comme Les Indes Galantes de Clément Cogitore, adaptée de Rameau, jouée à l’Opéra Bastille en 2019 et réunissant plusieurs styles de danses de rue et des danseurs d’origines différentes –, s’enrichir (grâce à Instagram, peut-être ?) et participer à la construction d’une société où les femmes peuvent être écoutées et soutenues. Puisqu’elle est ambassadrice d’“En avant toutes”, une association qui vient de mettre en place une plateforme d’écoute des femmes en partenariat avec Safe Place, Mariana Benenge semble bien décidée à atteindre son dernier objectif plus vite que prévu.