27 juin 2019

Pourquoi la Concrete ferme définitivement ses portes

Amarrée près de la station Quai de la Râpée, dans le XIIe arrondissement de Paris, la célèbre barge de la Concrete fermera ses portes le 21 juillet prochain à l’issue d’un long “vendredimanche” de fête et d’adieu.

Concrete, 69 port de la Rapée, 75012

 

Il y a quelques mois, une menace de fermeture planait déjà au-dessus de la Concrete, célèbre club-péniche de Paris. À l’époque, une pétition avait réuni plus de 20 000 signatures dont celle d’Anne Hidalgo, maire de la ville de Paris, de Jack Lang, ex-ministre de la Culture habitué du lieu, ou encore des DJ Laurent Garnier et Chris Liebing. Malgré cette vague de soutien, le night-club fermera définitivement ses portes à la fin du mois de juillet, l’intraitable compagnie des Bateaux de Paris et d'Île-de-France (BPIF), propriétaire de l’embarcation, ne reconduit pas le bail et refuse toute revente : la péniche ne respecterait pas les normes de sécurité. Le collectif Concrete, qui a fêté ses huit ans cette année, dénonce quant à lui des exigences financières démesurées de la part des bailleurs. Un appelle de l’adjoint au maire à la BPIF n’a pas suffi, la Concrete est vouée à disparaître.

 

 

Membre de la Trinité des clubs électro parisiens (avec le Rex et la Machine du Moulin Rouge), la Concrete s’éteint finalement, emportant avec elle des années de fêtes, de programmation exceptionnelle et d’étranges physio (Black Alien et ses oreilles coupées en premier lieu). Car le club a réellement marqué l’histoire de la nuit parisienne, créant une brèche vers le monde de la techno-house, ses programmations intelligentes et qualitatives ont rempli les nuits (et les journées) des fêtards. Très vite, la Concrete met en lumière des artistes émergents, des Roumains RPR Soundsystem aux DJ Antigone et Cabanne qui deviennent des artistes résidents. Tous les week-ends depuis son ouverture, tant sur le woodflore en extérieur que dans la mainroom de la cale, des soirées “Jeudi Ok” aux after dominicales, ce club flottant a su faire vibrer les Parisiens. Le développement de son label Concrete Music et ses sorties vinyle ainsi que son (trop) fameux Weather festival ont d’ailleurs étendu sa légitimité sur la scène électro mondiale. Il ne reste plus que quatre week-ends aux adorateurs de la barge pour faire leur deuil. Le Grand Closing, la soirée d’adieu, se fera au cours d’un exceptionnel “vendredimanche” déchainé.

 

 

Ce qu’on se demande maintenant c’est où tous ces fêtards invétérés vont bien pouvoir se répandre. Cette perte aura-t-elle un impact sur les soirées de la capitale ? Aujourd’hui, de nombreux clubs coulent… et ceux qui restent se font de plus en plus bondés et suintants. En 2016, le Social Club de la petite rue Montmartre disparaissait, l’année d’après c’était le Showcase (situé dans un ancien hangar du VIIIe arrondissement). Mais dans le milieu de la nuit, la destruction reste une source de création, malgré la concurrence des soirées underground en banlieue qui se font de plus en plus pesantes sur les discothèques du centre de Paris. D’ailleurs, le Social est rapidement devenu le Cats & Dogs et le Showcase, le Bridge. Pas d’inquiétude donc pour la Concrete qui promet de revenir avec “un projet encore plus ambitieux”, on espère simplement que le lieu sera à la hauteur de la péniche de trois étages que le public affectionnait tant.