23 sept 2024

L’amour et le vice selon Orion Sun, étoile montante du R’n’B alternatif

À 27 ans, la compositrice américaine originaire de Philadelphie défend Orion, un second album de R’n’B alternatif efficace pensé comme une odyssée à travers ses fantasmes et ses vices… Numéro lui a posé cinq questions.

L’album Orion (2024) d’Orion Sun.

L’amour, les vices et la douleur dans Orion, le nouvel album d’Orion Sun

Toute sa vie Tiffany Majette n’a eu qu’une seule requête : apercevoir le ciel. Comme si elle était incapable de rêver autrement, de créer autrement. Sous le pseudonyme d’Orion Sun, cette compositrice multi-instrumentiste de 27 ans, basée a Philadelphie, défend aujourd’hui un second album studio, Orion, œuvre cathartique et fabuleuse divisée en trois actes qui mêle des poèmes crépusculaires à un R’n’B alternatif éthéré.

Rejetée un temps par sa propre famille pour sa condition d’artiste queer, Orion Sun fera parler d’elle dès ses premiers projets : A Collection of Fleeting Moments and Daydreams en 2020 puis l’EP Getaway, en 2022. Celle qui se produisait en première partie de l’artiste Daniel Caesar présente désormais un disque dont elle est incroyablement fière. Elle y parle d’amour, de désir, de vices et de douleur. Rencontre.

Sick (2024) d’Orion Sun .

5 questions à la musicienne Orion Sun

Numéro : Vous pleurez souvent vous ?

Orion Sun : Oh que oui ! Hier encore j’ai pleuré comme une madeleine ! Mon parcours a été tellement difficile, vous savez. Lorsque vous arrivez enfin au bout du chemin, vous finissez forcément par fondre en larmes. Plus jeune, j’étais une fille très angoissée. J’étudiais dans une école privée au sein d’un quartier majoritairement blanc, ce qui pouvait parfois être difficile pour moi… Aujourd’hui, je passe la majeure partie de mon temps dans le sud du New Jersey, à Mount Laurel. C’est à une trentaine de minutes de Philadelphie.

Comment expliqueriez-vous votre musique à une petite fille de 10 ans ?

Je lui dirais que la musique est un outil. Un outil fascinant que l’on utilisait comme un remède du temps de l’esclavage. Et qu’elle pourra écouter la mienne lorsqu’elle aura besoin de réconfort et que je ne serai pas là pour lui en donner. Avec le temps, cet outil s’est transformé en une machine à cash… C’est bien dommage.

En quoi la pochette de cet album illustre-t-elle parfaitement votre musique ?

Elle a été peinte à l’aquarelle par l’artiste danoise Malene Reynolds Laugesen et je la trouve absolument magnifique ! Je me suis toujours demandée comment j’avais pu tomber amoureuse d’un art aussi intangible… Peut-être que cette pochette a rendu mes compositions plus concrètes. Dans ma musique, je vois différentes nuances de rouge, de rose, de orange et de jaune. Et, surtout, un bleu crépusculaire. Un bleu presque grisâtre qui évoque la nuit.

These Days (2024) d’Orion Sun.

Cet album évoque aussi bien vos vices que vos histoires d’amour. Comment vous sentez-vous ? Êtes-vous sûre que tout va bien ? Avez-vous besoin de discuter ?

[Rires.] Rassurez-vous, je ne fais rien de fou non plus ! Juste quelques clopes, du cannabis et de l’alcool. J’ai toujours été une femme assez introvertie et j’ai eu longtemps honte de ces vices qui n’en sont pas vraiment pour d’autres. Dans ma famille, on ne parlait pas beaucoup de ce genre de choses. Mais, après, tout, c’est aussi moi. Mon identité. Et cet album est une façon d’archiver ma vie…

Avant de découvrir ce nouvel album, j’aimais déjà beaucoup votre morceau Dirty Dancer (2022), pouvez-vous me raconter la genèse de ce titre qui reste l’un de ceux qui ont façonné votre succès ?

C’est aussi l’un de mes morceaux préférés ! J’ai failli changer intégralement les paroles de ce titre au moment de l’écrire. À l’époque, je n’allais pas très bien et je peinais à trouver un équilibre entre ce que je souhaitais réellement proposer et ce que la société allait en penser. Cette chanson est née dans une pièce remplie d’amour. Je suis heureuse de l’avoir gardée telle quelle sans la censurer. Ce sont toujours les femmes noires qui doivent revenir sur ce qu’elles ont dit et transformer une chanson… Lizzo et Beyoncé l’ont déjà fait par le passé. Allons voir ensemble si cela est déjà arrivé à Eminem…

Orion d’Orion Sun, disponible.