1 avr 2020

Wallace Roney: disparition de l’héritier de Miles Davis

Il avait enflammé le Montreux Jazz Festival en 1991 aux côtés de son mentor Miles Davis et remporté un Grammy Awards avec son album hommage “A Tribute to Miles Davis”. Jazzman de génie au souffle d’or, le trompettiste et compositeur Wallace Roney s’est éteint le 31 mars des suites du Covid-19. Il avait 59 ans.

https://youtu.be/W5rAChPHJt4

Le 8 juillet 1991, Miles Davis donne son dernier concert sur la scène du Montreux Jazz Festival. La soirée est mythique, certainement la plus émouvante apparition du trompettiste qui, à l’initiative de Quincy Jones, avait accepté de réinterpréter ses œuvres d’autrefois. Affaibli, ce dernier souhaitait être épaulé par ses amis. Parmi eux, le guitariste Robben Ford, le bassiste Darryl Jones, le saxophoniste Kenny Garret… et Wallace Roney, alors jeune trompettiste de 23 ans.

 

Prodige de la trompette dès son plus jeune âge, Wallace Roney fait ses classes à l’université d’Howard et au Berklee College of Music de Boston. Il entre dans le groupe du batteur Art Blakey Jazz Messengers, avec qui il a enregistré de nombreux albums, et joue notamment aux côtés de Tony Willams dans les années 80-90. Ses collaborations avec Dizzy Gillepsie, McCoy Tyner, Chick Corea, Pharoah Sanders et Ornette Coleman ont marqué sa carrière, sa rencontre avec Miles Davis en fut l’apothéose.

 

Longtemps associé à l’héritage de son mentor, – et notamment parce que Davis lui a offert sa trompette avant de mourir–, Wallace Roney a pourtant su imposer son propre style, oscillant entre le post-bop et des rythmes funk, frôlant le free jazz et le jazz fusion, notamment à la fin de sa carrière. Son dernier album Blue Dawn-Blue Nights, sorti en 2019, illustre tout le panache du musicien, mélange d’une sensibilité extrême et de moments d’extase. La force de Wallace Roney, 22 albums à son actif, était aussi de laisser briller ses protégés sur ses morceaux et de leur offrir leurs moments de gloire, comme l’avait fait Miles Davis pour lui.