Toro y Moi invite une star de la musique à son concert parisien

1. Toro y Moi invite Devonté Hynes sur la scène du Trabendo

 

Il est un peu plus de 21h00 lorsque les 700 spectateurs du Trabendo (La Villette) sont enfin plongés dans le noir. À défaut de costume excentrique, Toro y Moi, 35 ans, surgit humblement des coulisses en jean et tee-shirt kaki sous les ovations du public. Pendant une bonne demie heure, l’artiste peine à emporter la fosse timorée, pourtant entièrement acquise à sa cause. Le déclic survient à mi-parcours après qu’il ait entonné Girl Like You (2017) – titre de pop rétro emblématique de sa discographie – le visage caressé par une douce lueur indigo : “Chers amis, j’ai un invité spécial ce soir. Il était de passage à Paris et a souhaité nous rendre une petite visite.” L’assemblée exulte lorsque les premières notes de piano du morceau Dark & Handsome résonnent dans la salle : c’est un Dévonté Hynes conquérant qui rejoint l’hôte de la soirée, sourire aux lèvres, sous les tonnerres d’applaudissement d’une fosse en délire. Le duo de luxe donne un véritable coup de boost à la soirée. Toro y Moi déroulera 45 minutes supplémentaires, enchaînant les tubes de ses albums Boo Boo (2017), Outer Peace (2019) ou encore Mahal (2022) entre synthpop flamboyante, chillwave extatique et house tapageuse.

2. Toro y Moi, le petit prince de la chillwave

 

Né en Caroline du sud d’une mère philippine et d’un père afro-américain, Chazwick Bundick, de son vrai nom, se destinait à l’origine à une carrière de graphiste sans savoir qu’il deviendrait l’un des ambassadeur de la chillwave aux côtés de Panda Bear ou de l’Américain Washed Out. Cette pop électronique lo-fi – au son volontairement sale et grésillant – apparaît dans les années 2000 mais il faudra attendre dix ans pour qu’elle explose véritablement. Un courant aux mélodies  rétro fondé sur des nappes de synthétiseur vaporeuses et des partitions vocales proches du R’n’B transformées par un effet de reverb abusif. À l’apogée de la chillwave, Toro y Moi verra notamment ses titres New Beat et So Many Detail (2011) intégrer la bande originale de Grand Theft Auto V, un jeu vidéo en monde ouvert où le joueur a la possibilité d’allumer la radio lors de ses trajets motorisés… Sorti à cette époque, le psyché Underneath the Pine reste son opus le plus salué par la critique, décrit comme suit par la revue Pitchfork : “Toro y Moi abandonne ses racines synth-pop dans une grande partie de cet album et élargit considérablement sa palette instrumentale qui comprend des orgues, des pianos, des carillons et de nombreuses percussions. Un album humide comme sa Caroline du Sud natale qui s’inspire de ses obsessions pour la pop française et du son rétro chic qu’il remet au goût du jour.”

 

Collaborateur de Travi$ Scott ou du Français FKJ, le musicien ultra prolifique compte désormais sept albums à son actif. Et sa collaboration avec l’Australien Flume sur le titre The Difference (2020) lui vaudra d’ailleurs une nomination aux Grammy Awards. Intitulé Mahal, son dernier opus de 13 titres sorti cette année oscille entre soul, funk et glam rock. Un projet peut-être plus maladroit que les précédents mais, de fait, moins académique et résolument spontané.

 

Mahal, de Toro y Moi, disponible.