15 juil 2021

Tkay Maidza, la rappeuse australienne tout droit sortie de Zelda

Rappeuse, voix montante du R’n’B alternatif, artiste visuelle… Cette année, Tkay Maidza a dévoilé son dernier EP, “Last Year Was Weird Vol.3”, un projet aux influences éclectiques qui regroupe des titres rappés et chantés, entre hip-hop, R’n’B et reggae. L’occasion pour la musicienne de 25 ans de suivre son instinct, sans mettre de limites à son imagination. 

Tkay Maidza. © Dana Trippe

 

Un coup d’œil jeté à son CV donne le vertige. À 17 ans, alors que Tkay Maidza est promise à des études d’architecture, elle décide de commencer à composer entre deux cours, sans jamais avoir touché à un instrument de musique. Son premier single, Bontosaurus, condense précocement son sens de la mélodie, entre hip-hop, R’n’B et rap. Puis, c’est avec le puissant MOB que sa carrière décolle, tandis que le single extrait de son premier EP Switch Tape est diffusé à la radio nationale à la suite d’un concours : “J’ai eu de la chance. À ce moment-là, le genre de rap teinté de dubstep n’était pas encore très répandu, alors mon morceau a plu. C’était énorme pour moi de passer à la radio.” Depuis, en parallèle de ses études qu’elle suit à Adelaïde, la musicienne est propulsée sur le devant de la scène par son talent débordant. En 2015, elle remplace Lykke Li au St Jerome’s Laneway Festival, puis est invitée par le DJ français Martin Solveig sur son tube Do It Right… puis par Troye Sivan dans son premier album Blue Neighborhood, avant d’avoir atteint la majorité internationale.

 

Mais si ce parcours collaboratif exemplaire l’a formée sur les ressorts du show business, il a aussi attisé sa volonté d’exister par elle-même musicalement. “Quand j’ai commencé la musique, explique-t-elle, j’ai très vite été assimilée à une chanteuse de dance. Mais depuis, j’ai ressenti le besoin d’explorer plusieurs genres. Je crée ma musique comme je la consomme.” Autant inspirée par la pop gothique de Lorde, dont elle dit qu’elle sait raconter une histoire comme personne, que par le rap opulent de Nicki Minaj, l’artiste australienne s’est forgé une musicalité qui alterne les morceaux rappés impeccablement et les balades mélodiques aux accents R’n’B à la Jorja Smith. “Un seul genre ne pourrait pas exprimer tout ce que je ressens”, conclut-elle. Alors, dans le jouissif Syrup, des basses trap se marient avec des paroles crues et incisives : “I just wanna be rich / Thick, sweet, sick”… Puis, dans le très doux Cashmere, Tkay Maidza énonce d’une voix caressante des paroles dont le romantisme n’a rien à envier aux heures de gloire de Justin Bieber ou d’Ed Sheeran.

Se plaisant à jouer tour à tour les naïades romantiques et les femmes fatales, Tkay Maidza apparaît comme une extra-terrestre délicate au royaume du rap féminin anglophone. Si elle adopte parfois les tenues futuristes et sexy de ses comparses Doja Cat, Dua Lipa ou Cardi B, l’Australienne met un point d’honneur à créer, pour accompagner chacun de ses morceaux, autant de clips qui ressemblent à des tableaux chatoyants et psychédéliques, semblant tous droits sortis d’un jeu vidéo. “Je suis très inspirée par la pop culture. J’ai adoré les X-Men, surtout ceux des années 70, confie-t-elle. Pendant le confinement, je me rappelle avoir passé des heures à jouer à Zelda avec un pote, c’était génial.” Son dernier projet, Last Year Was Weird Vol. 3, ultime opus d’une trilogie musicale aux allures de pèlerinage artistique confiné, est autant une épopée musicale qu’un conte visuel saisissant. “Je veux que les gens qui regardent mes clips soient transportés dans un autre monde, faire travailler leur imagination”, affirme-t-elle.

 

La chaîne YouTube de Tkay Maidza se dessine alors comme un pays des merveilles, où se succèdent paysages fleuris et poétiques comme dans Cashmere ou You Sad, et univers post-apocalyptiques trash comme dans le clip de Syrup… autant de mondes qu’elle imagine, dessine, et crée parfois seule, à l’aide de son acolyte Jordan Kirk du studio de graphisme Babekühl, où elle travaille. “J’aime créer ces mondes car la réalité peut être merdique, et l’art permet de se transporter dans une autre réalité. La création ne se limite plus à ce que l’on voit, l’on entre dans une autre dimension”, explique-t-elle. Il y a cinq mois, l’Australienne a dévoilé le clip de Kim, réalisé par Adrian Yu, un petit film multipliant les hommages aux trois Kim dans la pop culture : la star de télé-réalité Kim Kardashian, la rappeuse Lil’ Kim et l’héroïne des dessins animés Kim Possible. Un trio de personnages cultes qui résume parfaitement la patte de la musicienne : un sens de la mise en scène, un flow maîtrisé et une imagination sans limites.

 

 

Last Year Was Weird Vol. 3 (2021), disponible sur toutes les plateformes d’écoute.