23 oct 2025

The Last Dinner Party : l’un des meilleurs groupes du moment dévoile son nouvel album

Intitulé From The Pyre, le second album de The Last Dinner Party nous propulse à nouveau dans l’univers fantasque du quintette britannique. Leurs morceaux théâtraux aux paroles explicites on déjà séduit Nick Cave et les Rolling Stones…

  • par Alexis Thibault.

  • The Last Diner Party – Second Best (2025)

    The Last Dinner Party revient avec un nouvel album, From The Pyre

    Si l’opus Prelude to Ecstasy (2024) avait propulsé le groupe The Last Dinner Party au rang de météore de la pop baroque britannique, From the Pyre (2025) clarifie les intentions. Disponible depuis le 17 octobre, ce second disque taille dans le gras et s’amuse de ses propres débordements. La pop s’y frotte à la country, flirte avec le kitsch assumé et s’enfonce parfois dans un sludge métal presque punk. Un album clinquant comme un vitrail, coincé entre le souffle d’un rock conquérant et la décadence d’une cour versaillaise…

    Mais la grandiloquence, ici, se canalise. Moins de démesure, plus de tenue, sans que la troupe renonce à son goût du drame. Toujours chics et un brin débraillées, les cinq amazones orchestrent toujours leur propre bacchanale – élégante, outrée, mais impeccablement contrôlée. Finalistes du Mercury Prize 2024 (aux côtés de Charli XCX et Corinne Bailey Rae) et déjà Brit Award du meilleur nouvel artiste, elles confirment qu’on peut séduire les jurys sans perdre la fièvre.

    Sous les strates de ce nouvel opus, on devine un amour persistant pour la musique classique et le post-grunge, un dialogue souterrain entre les orgues de Purcell et les guitares de Seattle. On y croise, en filigrane, Bowie, Kate Bush, un soupçon de Joan Jett et des élans de Florence Welch

    The Last Dinner Party – Count The Ways (2025)

    Comment The Dinner Party est devenu… The Last Dinner Party

    Abigail Morris, Georgia Davies, Lizzie Mayland, Aurora Nishevci et Emily Roberts se sont rencontrées à l’université. Certaines jouissent d’une formation musicale classique, d’autres sont autodidactes. Elles ont traîné longtemps à Londres, dans le quartier bouillonnant de Brixton, avant de monter The Dinner Party, qui évoque tout autant La Grande Bouffe (1973), de Marco Ferreri, qu’un banquet scandaleux de la Rome antique.

    Problème, en juillet 2020 le saxophoniste américain Kamasi Washington avait alors déjà formé The Dinner Party, un “supergroupe” qui compte dans ses rangs le pianiste Robert Glasper et les compositeurs 9th Wonder et Terrace Martin – l’un des architectes du chef-d’œuvre To Pimp A Butterfly de Kendrick Lamar. The Dinner Party doit donc devenir The Last Dinner Party.

    Il y a près de huit mois, on découvre le quintette grâce au titre Nothing Matters. Le ton est donné. The Last Dinner Party sera certainement le groupe le plus important de ces dix prochaines années. Pourtant, les filles avaient opté pour le morceau Burn Alive en guise de carte de visite. Mais Nothing Matters s’avère être une chanson “vraiment forte avec une approche extatique et maximaliste de la musique.

    Quand on leur demande en quoi leur musique est différente de celle des autres, les artistes répondent : “Parfois elle ressemble intentionnellement à celle des autres, vous savez. Nous commençons à écrire quelque chose puis, soudain, l’une de nous s’écrie : “Oh, j’ai découvert cette chanson l’autre jour. Incorporons cela ou cela à notre morceau.” Notre musique devient alors une sorte de collage sans que cela ne s’apparente à de la copie.

    The Last Dinner Party – Caesar on a TV Screen (2024).

    Un groupe qui a déjà séduit les plus grands artistes

    La presse n’est pas avare de superlatifs pour qualifier The Last Dinner Party. On parle d’un groupe qui fait “sensation” outre-Manche et qui a remporté le BBC Sound of… 2024, un prix remis chaque année par des critiques de musique et des cadors de l’industrie pour célébrer l’artiste émergent le plus talentueux du moment.

    Le groupe s’impose et devance ainsi Olivia Dean, Peggy Gou ou encore Tyla. Il succède par la même occasion à PinkPantheress, Pa Salieu, Celeste où, pour remonter un peu plus loin dans le passé, à 50 Cent (2003), Keane (2004), Corinne Bailey Rae (2006) ou encore Adèle (2008).

    Les filles sont douées, très douées. Elles savent parfaitement où elles vont – citant aussi bien le cinéma de Ken Russell que celui de Gregg Araki –, et sont, aussi, très bien entourées. Notamment par l’un des managers de Metallica et, à la production de leur premier disque, par James Ellis Ford, un proche collaborateur de Gorillaz et des Arctic Monkeys. De fil en aiguille, ces filles nostalgiques d’une époque qu’elles n’ont pas connue se retrouvent en première partie de Nick Cave, de Florence + The Machine puis des Rolling Stones

    Il n’en fallait pas moins pour qu’une improbable polémique enfle sur les réseaux sociaux : on accuse alors le groupe d’être un agrégat de “filles de” créé de toutes pièces par un label. Les uns découvrent tout juste le principe de l’industrie musicale moderne. Les autres disent tout simplement n’importe quoi sur les réseaux sociaux. Bref, la polémique n’ira pas plus loin.

    From The Pyre (2025) de The Last Dinner Party, disponible.