Tenues de scène Dior, tarot et cabanon à Marseille… Les confessions de Jain

Interview de la chanteuse Jain, auteure de l’album The Fool et du tube Makeba

Numéro : Votre dernier album remonte à 2018. Qu’avez-vous fait entre temps qui a nourri ce nouveau disque, The Fool ?

Jain : J’ai pris du temps pour moi, ce qui ne m’était pas arrivé depuis longtemps. J’ai voyagé, me suis nourrie artistiquement d’expositions, de films et j’ai emprunté la collection de vinyles de mes parents. J’ai redécouvert des albums classiques qui m’ont beaucoup inspirée.

Le nom de l’album vient des cartes de tarot et vous en avez dessinées pour l’identité visuelle de ce disque. D’où vient votre attachement au tarot ?

Ma mère tire les cartes depuis que je suis toute petite. Ce sont des moments en famille chaleureux et drôles. Une sorte de cocon dans lequel on se rassurait. De plus, j’ai toujours été très inspirée par des artistes surréalistes tels que Salvador Dalí ou André Breton et j’ai appris qu’ils avaient également fait leurs propres tarots. J’ai aimé me dire que moi aussi je perpétuais cette tradition en faisant un tarot en lien avec mes chansons.

Pour l’écriture du disque, vous vous êtes isolée dans une cabane de pêcheur à Marseille, avec une guitare…

Je suis effectivement partie dans un ancien cabanon à Marseille réhabilité en appartement que l’on peut louer pour quelques jours ou quelques semaines. Pour ma part, j’y suis allée pendant deux semaines, seule avec ma guitare. Plus jeune, j’ai toujours vécu à proximité de l’eau. J’aime cette immensité et imaginer ce qu’il peut y avoir derrière. J’ai composé à la guitare, sur mon lit, comme quand j’étais adolescente et le soir, il suffisait que je m’approche de la fenêtre pour être face à la mer et aux étoiles. Quoi de plus inspirant ?

« The Fool est un disque d’amour, qu’il soit universel ou plus personnel. » Jain

Quelles sont les influences de ce nouvel album ?

Cet album est une sorte d’hommage aux auteures et compositrices des années 70 telles que Kate Bush ou Stevie Nicks. Mais avant tout, c’est un disque d’amour, qu’il soit universel ou plus personnel.

Joseph Mount de Metronomy et Gesaffelstein figurent dans les crédits de The Fool. Pourquoi avoir fait appel à eux ?

C’est un bonheur d’avoir pu travailler avec eux sur cet album, j’adore ces deux artistes ainsi que leur musique. Pour Joseph, avec lequel j’ai fait le titre The Balance, j’avais envie de travailler un peu à Londres et j’ai reçu un message m’indiquant qu’il avait envie de travailler avec moi aussi. On s’est rencontrés au studio et on a imaginé ce titre en quelques heures. Avec Gesaffelstein, ça s’est fait un peu comme ça. Il est passé au studio de Maxim Nucci (alias Yodelice). Il adorait un titre sur lequel on était en train de travailler et il s’est mis à poser des synthés dessus. J’aime son univers musical et c’est le genre de collaborations qui ne se refuse pas !

Vous sortez cette semaine le clip de votre chanson Night Heights. Pouvez-vous nous parler de ce morceau ?

Night Heights représente pour moi la passion et le désir. Le texte évoque un état passionnel qui nous dépasse, et qui nous pousse à nous abandonner de manière irrépressible à la tentation. Le clip évoque cet état de lâcher prise.

Votre tube Makeba, sorti en 2015, connaît de nouveau un succès retentissant grâce à TikTok et cumule 241 millions de vues sur YouTube…

Ce retour de Makeba est dingue mais il y a toujours eu des signes avec ce titre. C’est aussi pour ça qu’il est très particulier pour moi ! Ce retour dans ces proportions, huit ans après sa sortie, est juste exceptionnel mais il n’y a que ce morceau qui en était capable. Les réseaux sociaux sont un super moyen pour échanger en direct avec les gens qui écoutent ma musique. J’aime partager avec eux des moments de créations, de fun, de backstage, bref une partie de mon quotidien.

« Maria Grazia Chiuri a aimé les cartes de tarot que j’ai dessinées au point de vouloir créer des tenues en les reproduisant. » Jain

Pour votre nouvelle tournée, vous avez collaboré avec Dior pour créer vos tenues. Quel est votre lien avec la maison ?

Une fois encore, c’est le pouvoir du tarot de Marseille ! J’ai appris que Christian Dior était un fan de tarot, tout comme Maria Grazia Chiuri, la directrice artistique actuelle de cette belle maison. Nous nous sommes rencontrées et elle a aimé les cartes de tarot que j’ai dessinées au point de vouloir créer des tenues en les reproduisant.

Quelle importance occupe la mode dans votre musique ?

J’aime que chacun de mes albums aient une identité visuelle en adéquation avec l’ambiance musicale. J’ai porté des uniformes pour mes deux précédents albums, la robe noir et blanch à col Claudine, puis une combi bleue. La robe n’était pas si éloignée finalement de Makeba. Elle était intemporelle, comme ce titre qui revient huit ans après sa sortie. C’était à l’époque de mon premier album, Zanaka, et j’aimais l’idée de me concentrer davantage sur la musique que je souhaitais défendre que sur mon stylisme. Ça a un côté assez pratique de ne pas se demander comment s’habiller avant une promo ou un concert. Avec l’album The Fool, j’ai voulu diversifier ma façon de me présenter. Pouvoir changer de tenue est très agréable aussi.

Quelle est pour vous la chanteuse qui a le mieux utilisé les vêtements pour dire quelque chose de sa musique ?

Une fois encore, ça vient des artistes des années 70. Cette fluidité presque aérienne ajoute quelque chose de presque éthéré à certaines sonorités. Je suis également fan du côté combi à paillettes de Kate Bush, tout comme j’aime les basiques si élégants de Jane Birkin.

The Fool (2023) de Jain, disponible. La chanteuse sera en tournée des Zénith à partir du 20 octobre 2023.