7 nov 2025

Que faut-il penser du dernier album de Sabrina Carpenter nommé aux Grammy Awards ?

La chanteuse américaine Sabrina Carpenter vient d’être nommée six fois aux Grammy Awards 2026 pour son album Man’s Best Friend, sorti en août 2025. Précédé du tube Manchild, ce disque, dont la pochette a fait polémique, parvient-il à séduire autant que l’impeccable Short n’ Sweet ? Notre verdict.

  • par Violaine Schütz.

  • Alors qu’on écoute encore en boucle son dernier opus, Short n’ Sweet, sorti en août 2024, la chanteuse américaine Sabrina Carpenter publiait déjà un nouvel album. En effet, elle dévoilait, le 29 août 2025, son septième disque. Un opus qui vient d’être nommé six fois aux Grammy Awards 2026. Mais arrive-t-il à égaler sa précédente production qui comportait les tubes Espresso et Please Please Please ?

    Une pochette d’album qui crée la polémique

    Avant même que ne sorte le nouvel album de Sabrina Carpenter, Man’s Best Friend (Le meilleur ami de l’homme en français), Sabrina Carpenter, lauréate de deux Grammy Awards en février dernier, avait créé la polémique en partageant sa pochette très sexy. On y voit la chanteuse se tenir à quatre pattes en robe de soirée, alors qu’un homme lui tire une mèche de cheveux.

    Pour beaucoup d’internautes, l’image est dégradante, montrant une femme-objet soumise à un homme. En effet, la position de la pop star ressemble à celle d’un animal, dans une mise en scène aux airs de scène SM. Le titre de l’album laisse d’ailleurs penser que la chanteuse se positionne en personne dévouée aux hommes. Pour d’autres, il s’agit clairement d’une satire épinglant une industrie musicale qui tient les artistes en laisse et la domination masculine.

    Une chose est sûre : l’interprète du tube Espresso n’est pas du genre à être soumise au male gaze. En effet, même si elle s’affiche en lingerie et talons hauts sur de nombreux clichés et dans des clips, et que ses mélodies sont sucrées, ses textes sont souvent critiques, drôles, sulfureux, second degré et plein d’ironie.

    Les paroles très sexuelles et pleines d’ironie de Man’s Best Friend

    Sur le sarcastique Man’s Best Friend, l’artiste n’y va pas de main morte avec les hommes. La chanteuse âgée de 26 ans se moque notamment de ses conquêtes en déclarant qu’ils tous incompétents, dans Manchild. Un tube clairement destiné aux filles qui auraient connu des déconvenues avec des petits amis décevants. Sur Never Getting Laid, elle clame, effrontée : “Je te souhaite une vie de bonheur / Et une éternité sans jamais tirer ton coup.”

    Et de nombreuses paroles du disque font rougir, à l’image de celles du single Tears, qui exploite une métaphore sexuelle autour des fluides corporelles. Ou encore de celles du morceau House Tour dans lequel la narratrice nous invite à visiter un chez-soi qui semble être en réalité son corps. Depuis Short n’ Sweet, la sexualité décomplexée affichée par la chanteuse peut être vue comme une source d’empowerment pour ses jeunes femmes qui s’habillent comme elles pour venir à ses shows. Tout en faisant grincer quelques dents et esprits prudes.

    Sur ce nouvel opus, Sabrina Carpenter offre encore des morceaux taillés pour les girls nights. Et pour être chantés en chœur aux concerts par des jeunes filles déçues des rencontres dans le monde moderne. C’est le cas de We Almost Broke Up Last Night et Go Go Juice, futurs hymnes des habituées des relations compliquées. Tandis que Don’t Worry I’ll Make You Worry (qui prouve dès son titre son formidable art de la punchline) semble destiné à devenir un meme ou une trend sur TikTok.

    Comme souvent chez Sabrina Carpenter, on peut d’ailleurs s’amuser à deviner de qui parlent les morceaux. Comme chez son amie (et idole) Taylor Swift, l’auteure-compositrice se sert de ses histoires passées comme terreau de ses chansons. Alors, quand elle dit sur Go Go Juice : “Je bois pour appeler quelqu’un / Personne n’est sauf quand j’ai un peu bu / Ça pourrait être John ou Larry, qui sait ? / Ou celui dont le nom rime avec ‘villain’ si j’en ai envie”, on ne peut s’empêcher de penser à Dylan O’Brien, Barry Keoghan, Shawn Mendes, trois ex-petits amis de la chanteuse dont les prénoms ou noms riment avec « villain », Larry et John.

    Sabrina Carpenter – Tears (2025).

    Un nouvel album très country dans la lignée de Dolly Parton

    Côté sonorités, Sabrina Carpenter avait annoncé s’être inspirée de Stevie Nicks, la chanteuse de Fleetwood Mac, Dolly Parton et Donna Summer en imaginant Man’s Best Friend. Ce nouvel album s’inscrit en partie dans la continuité de Short n’ Sweet par sa radiophonie, mais il est moins pop et évident. On y entend surtout des chansons country, disco et R’n’B qui évoquent à la fois Dolly Parton et ABBA.

    Sabrina Carpenter a coproduit le disque avec Jack Antonoff (Taylor Swift, Lana Del Rey, Kendrick Lamar…) et John Ryan, qui avaient travaillé sur Short n’ Sweet et l’a coécrit avec sa comparse Amy Allen. Mais à part Manchild, l’album ne comporte pas vraiment de tubes immédiats ni de ritournelles à l’originalité saisissante. Il s’agit plus de morceaux à écouter au coin du feu (on entend même du banjo), chez soi, ou en dansant dans sa chambre, la larme à l’œil, avec quelques copines. Ou seul.

    Certains morceaux sortent du lot, à l’image de House Tour, Tears, When Did You Get Hot et Goodbye, dont les mélodies restent longuement en tête après écoute. Avec cet album espiègle et décomplexé, Sabrina Carpenter consolide sa réputation de pop star qui compte, mais elle ne séduit pas aussi frontalement que sur ses deux derniers albums (l’efficace Short n’ Sweet et le confessionnel Emails I Can’t Send).

    Sabrina Carpenter – Manchild (2025).

    L’esthétique toujours séduisante de Sabrina Carpenter

    On est par contre toujours autant captivés par l’esthétique développée par l’artiste pour ce nouvel opus. Avec les visuels promotionnels de l’album, qui oscillent entre la mignonnerie (des photos de ses chiens et d’elle dans un contexte pastoral) et le sexy (des clichés d’elle en robe de soirée entourée d’hommes en costumes), Sabrina Carpenter sait attirer la curiosité. Elle a aussi eu la bonne idée de convoquer ses fans, les Carpenters, à des écoutes du disque et de les faire présenter le tracklisting de l’objet.

    La star frappe aussi très fort avec les deux premiers clips issus de Man’s Best Friend : Manchild, qui nous emmène en road trip déluré avec la star et plusieurs de ses crushs et Tears qui s’inspire du film culte The Rocky Horror Picture Show et montre l’acteur Colman Domingo en drag. Certaines séquences tirées de ces vidéos sont déjà cultes comme celle de Sabrina Carpenter en train de prendre un bain avec des cochons (au moment où retentissent les paroles « Hey Men« ) ou de faire du pole dance dans les champs en lingerie affriolante. Et comme souvent dans le Sabrina Carpenter’s Cinematic Universe, les hommes meurent dans ces clips.

    Avec de telles images teintées d’humour, même si elle a choisi d’intituler son album Man’s Best Friend, Sabrina Carpenter reste la meilleure amie des femmes. Et parfois, le pire cauchemar des hommes. De quoi s’assurer une place de choix dans le paysage pop, à l’instar de la reine du scandale Madonna.

    Man’s Best Friend de Sabrina Carpenter, disponible.