13 nov 2025

Le retour vivifiant de Robyn après 7 ans d’absence

Sept longues années après son dernier disque, Honey, la chanteuse synthpop et icône queer Robyn revient avec le single Dopamine. Un morceau vivifiant et étincelant qui impose encore un peu plus la Suédoise comme l’une des artistes pop qui manient le mieux l’alliance tubes dance imparables et émotions humaines.

  • par Violaine Schütz.

  • Publié le 26 octobre 2018. Modifié le 1 décembre 2025.

    Robyn, la reine des vertiges émotionnels 

    À 46 ans, la chanteuse suédoise Robin Miriam Carlsson alias Robyn a réussi un tour de force. Non seulement, le nombre de ses tubes est mirobolant, mais tous recèlent quelque chose de spécial. Proches des tubes dégageant des sentiments exaltés de New Order, Kylie Minogue et ABBA, les chansons de Robyn sonnent comme des hymnes synthétiques profondément humains. Ces compositions touchent en plein cœur et résonnent avec la propre existence de chacun.

    À la fois remuants et mélancoliques comme une nuit alcoolisée qui s’étire de club en club, ils donnent envie de danser, la larme à l’œil, mais le cœur vaillant. Que ce soit Dancing On My Own (2010), With Every Heartbeat (2007), Call Your Girlfriend (2010) ou Show Me Love (1997), tous font partie de ces morceaux médicaments. Ceux que l’on écoute pour se motiver quand le monde extérieur nous déçoit. Et qui donnent l’énergie de continuer.

    Ce n’est pas pour rien que la réalisatrice Lena Dunham a donné à Dancing On My Own une place centrale dans une scène, devenue culte, de sa série Girls (2012-2017). Et ce n’est pas par hasard non plus si l’actrice Gillian Jacobs, égérie Netflix, s’est postée en vidéo sur Instagram en train de danser toute seule comme une folle sur Robyn, pour tenir le rythme sur les tournages. Le nombre de commentaires de followers qui s’identifiaient à elle laisse entrevoir à quel point les mélodies dance de Robyn jouent un rôle crucial et cathartique dans nos vies.

    Robyn – Dancing On My Own (2010).

    Une personnalité attachante adoubée par Madonna

    La Suédoise a beau avoir trusté plusieurs fois le sommet des charts, notamment en 1997 avec Show Me Love ou une apparition dans la série Gossip Girl (2007 – 2012), elle reste discrète. Ainsi, elle a commencé sa carrière à 16 ans en Suède. Dès 1985, elle rencontre le succès en 1995 avec Do You Really Want Me (issu de son premier LP Robyn Is Here). Après une tournée aux États-Unis aux côtés des Backstreet Boys en 1997, elle rentre épuisée au pays.

    Un an plus tard, son puissant My Truth joue cartes sur table. Tandis que l’album raconte sa vie intime, notamment un avortement secret, il inquiète sa maison de disques. Ainsi, Robyn s’impose dans le paysage pop comme une artiste intègre qui n’a jamais cédé aux sirènes du formatage. En parallèle, elle continue de déployer sa vision en collaborant avec des artistes, mais sans œillères (Snoop Dogg, Yelle, Joseph Mount de Metronomy, The Knife, Röyksopp).

    Et en montant son propre label, Konichiwa Records, elle se hisse en modèle de femme indépendante pour beaucoup de jeunes filles rebelles. En 2004, dans un geste punk que sa coupe courte blonde immuable laissait présager, elle envoie valser son label de toujours (RCA) à cause de désaccords. Depuis, elle produit elle-même sa musique. Ce n’est pas un hasard si Madonna, autre grande diva des dancefloors peu encline aux compromis, l’a prise sous son aile.

    Robyn chante Honey lors de l’émission Later… with Jools Holland (2018).

    Le retour en grâce de la chanteuse avec l’album Honey

    Robyn sait se faire désirer. Son dernier album, Honey remonte ainsi à 2018. Et c’était une réussite. Ce dernier aurait d’ailleurs pu facilement s’appeler Honest. À une époque embarquée à une vitesse folle où on sort des disques à la chaîne pour faire continuellement parler de soi, attendre huit ans pour publier un nouvel album prouve à quel point Robyn est une artiste sincère qui fonctionne à l’inspiration.

    Aussi, entre Body Talk (2010) et Honey, Robyn a vécu une perte difficile : la disparition de son ami et collaborateur Christian Falk, et une rupture amoureuse (avec le réalisateur de clips Max Vitali, qu’elle aurait récupéré depuis). Elle s’est aussi consacrée à la méditation et s’est aventurée dans des collaborations expérimentales.

    Robyn – Dopamine (2025).

    Résultat ? Une dance pop complexe, existentielle, que l’artiste décrit comme de la “soft ecstasy” sans qu’on sache si elle parle de drogue ou d’extase sensuelle. Cette dernière est bien là, l’euphorie naissant du mix parfait avec cette voix à la fois puissante et fragile, des nappes épiques d’arpeggiator et des textures aventureuses.

    Meilleur exemple de la formule magique élaborée notamment avec Joseph Mount de Metronomy et digne du meilleur de la house et de la new wave ? Le single Missing U qui transforme le sentiment de manque en envie irrépressible de dévorer le monde, de gravir des montagnes et surtout d’appuyer à nouveau sur play une fois le morceau fini. Avec Honey, notre lune de miel avec Robyn n’était pas près de s’arrêter.

    Dopamine, un nouveau single vivifiant

    Et elle ravive enfin la flamme après sept ans d’absence avec un single électro-pop tonitruant : le bien nommé Dopamine, publié en novembre 2025 et accompagné d’un clip aussi simple que vivifiant. Euphorisant, le titre écrit avec son complice de toujours (Klas Åhlund) s’impose déjà l’un des grands tubes dancefloor de l’automne. Un morceau qui donne envie de danser comme si demain – et le reste du monde – n’existait pas…

    Dans un communiqué de presse, l’artiste explique : “Tout le monde a un téléphone qui affiche son rythme cardiaque, et on apprend à décoder nos émotions grâce aux hormones et aux substances chimiques de notre corps . C’est presque comme si on n’acceptait plus notre humanité, comme si on essayait de s’en extraire et d’expliquer chaque chose – ce que je trouve formidable, mais c’est aussi pour ça que le monde est si chaotique, à cause de cette idée qu’on peut tout comprendre et triompher de la vie. La dualité de la “dopamine” réside dans le fait de ressentir une émotion extrêmement réelle, très forte, intense, agréable ou douloureuse, tout en sachant qu’il s’agit simplement d’un processus biologique. Et ne pas choisir entre religion et science. Simplement accepter leur coexistence et être capable de naviguer entre les deux.

    Dopamine (2025) de Robyn.