Rencontre avec Lolo Zouaï : « Je me souciais déjà de mes looks quand j’avais 7 ans »
La chanteuse de R’n’B franco-algérienne exilée aux États-Unis Lolo Zouaï continue d’ensorceler la scène musicale actuelle avec un deuxième album joueur, sexy et conceptuel intitulé Playgirl. L’artiste de 27 ans aux allures de poupée échappée d’un manga futuriste nous en dit plus sur les inspirations derrière cette réussite musicale qui mélange habilement hyperpop, pop et R’n’B.
propos recueillis par Violaine Schütz.
Comment décririez-vous ce nouvel opus musicalement ?
Je pense que le cœur de cet album est toujours axé sur le R’n’B. Mais, le producteur Stelios et moi étions définitivement plus audacieux dans la production, essayant de nouveaux tempos et sons. Sur deux des chansons (Pl4yg1rl et Gummy Bear), j’expérimente un son plus future-pop, qui est aussi largement inspiré par les années 2000… Et plus particulièrement par les productions de Timbaland et de Pharrell Williams. Mais quels que soient les sons que j’expérimente, mon écriture et ma production vocale font le lien entre les différents univers.
Votre dernier album, High Highs to Low Lows, date de 2019. Pourquoi avez-vous pris autant de temps pour imaginer ce nouveau disque ?
La pandémie est définitivement l’une des raisons pour lesquelles il a fallu trois ans pour que cet album sorte. J’étais censée tourner après la sortie de mon premier album, en 2020, avec Dua Lipa. Mais à la place j’ai été confrontée à une peur existentielle. Honnêtement, il m’a fallu du temps pour comprendre ce que je voulais dire et qui j’étais en train de devenir. Finalement, tout arrive pour une raison précise et je pense que Playgirl sort au moment parfait. Toutes les bonnes choses valent la peine d’attendre.
Est-ce que tourner cette année avec Dua Lipa et Caroline Polachek a influencé votre album?
Le disque était déjà écrit quand j’ai commencé à tourner avec Dua, donc il n’y a pas eu d’influence sonore. Mais elle m’a beaucoup inspirée autrement. Elle travaille dur et elle a beaucoup de talent, tout en étant une personne extrêmement gentille. Il y a une raison pour laquelle elle est arrivée aussi loin : elle le mérite.
« Playgirl » (2022) de Lolo Zouaï, disponible le 14 octobre sur toutes les plateformes.
Numéro : D’où vient le titre de l’album Playgirl ? D’une envie d’amusement dans une période compliquée ? D’une volonté de retourner vers l’enfance ? Vous avez imaginé des personnages de « playgirls » qui représentent différentes facettes de votre personnalité. Est-ce une démarche féministe tendant à montrer que les femmes ont le droit d’être multiples ?
Lolo Zouaï : Une « playgirl » a pour moi plusieurs significations, c’est pourquoi j’ai choisi de centrer l’album autour trois personnages, qui correspondent à trois parties différentes. Il y a la « dreamgirl », une « playgirl » qui retourne en enfance, avec les thèmes d’innocence et de nostalgie, la « partygirl », la « playgirl » qui ressemble à la définition du mot en étant à la fois indépendante et un peu téméraire. Et puis il y a « pl4yg1rl » qui est la « playgirl » la plus futuriste, amusante et audacieuse. En fait, avant de réaliser cet album j’avais du mal à me définir en tant qu’artiste. J’ai ressenti beaucoup de pression afin d’être capable de me décrire en un seul titre ou une seule phrase. Puis il m’est apparu que je n’étais pas une seule chose et que cet exercice réducteur m’abrutissait. Musicalement, j’ai toujours été inspirée par tant de genres, le R’n’B, la pop, le hip-hop, le raï, la musique yéyé… Visuellement, j’expérimente avec mon style depuis que je suis adolescente. C’était important pour moi de montrer tous les aspects de ma personnalité, de mon son et de mon style avec ce nouvel album.
Chaque « playgirl » a un look différent, gothique, Y2K ou futuriste. Pouvez-vous nous parler de l’importance de la mode dans votre univers ?
En grandissant à San Francisco, je me sentais si libre de m’exprimer à travers la mode, que ce soit en allant en friperie ou en faisant du shopping dans un grand magasin. Je me souviens que je me souciais déjà de mes looks quand j’avais 7 ans. Aujourd’hui, certains jours, je veux m’habiller de manière grunge, d’autres jours, j’ai envie d’explorer une approche plus cyber-futuriste, et à d’autres moments, j’ai l’allure d’une enfant. C’est justement ça qui est fun avec la mode : pouvoir changer de look selon son humeur.