16 mar 2022

Rencontre avec Kungs, le DJ qui a conquis le monde avec un seul titre

Après avoir fait danser la terre entière sur son morceau This Girl (2016), le jeune Toulonnais Valentin Brunel alias Kungs revient le 18 mars avec un tout nouvel album, Club Azur. Il lui aura fallu six ans pour le concevoir et le perfectionner. Rencontre avec le DJ aux hits radio qu’il semble produire de manière innée.

 

© Manuel Obadia-Wills

Lorsque vous tapez Kungs dans la barre de recherche Youtube, vous tombez directement sur le clip de This Girl comptabilisant près de 460 millions de vues. Avec ce morceau et ce nombre de vues exorbitant, l’artiste toulonnais Kungs s’est fait connaître dans le monde entier. Influencé par des morceaux agressifs tels que ceux des Bloody Beetroots et de Boys Noize, le DJ s’est finalement lancé dans la pop et la deep house ensoleillée. C’est lors de soirées privées à Toulon, que Kungs a commencé à se faire de l’argent et surtout à s’imprégner de la culture club du Sud. Cette culture « lounge, plage et cocotier », il l’a vite reproduite dans ses premiers morceaux, dont celui que l’on ne présente plus, le remix This Girl du groupe australien Cookin’ on 3 Burners. Ce titre, devenu un hit planétaire en seulement quelques mois a fait danser le monde entier.

 

Grâce à ce titre, Kungs a été propulsé devant les projecteurs et il est passé en boucle sur toutes les radios. Le producteur aura mis six ans à dévoiler son deuxième album. Layers sorti en 2016 avait fait un carton plein auprès de ses fans. Aujourd’hui, il revient avec davantage de maturité musicale et propose un album solaire, dansant et sincère. Club Azur offre une collection de sonorités aux influences diverses : disco, funk, house, Italo-disco, techno. L’artiste apprécie toucher à tout, jusqu’à composer durant quinze nuits un featuring avec le DJ berlinois Boys Noize. Il aime faire des hits radio comme composer des titres beaucoup plus intimes comme le morceau Lullaby. Kungs a comme l’impression, depuis la sortie de This Girl, de devoir chaque année réaliser un hit de l’été. Mais en a-t-il réellement besoin ? 

 

Numéro : Vos morceaux tournent en boucle sur toutes les radios… Êtes-vous parfois lassé de les entendre ?

Kungs : Bon… j’avoue que This Girl, je commence à en avoir marre. Il faut savoir que quand un morceau sort, vous, vous le découvrez mais moi je l’ai déjà entendu des milliers de fois. Donc t’en as déjà marre avant même de le sortir. Et après quand tu le joues, il prend une tout autre dimension car les gens s’en emparent. Ça devient complètement différent. Donc non, je n’en ai pas marre parce que j’en suis fière. Je suis trop fier d’avoir des morceaux qui plaisent aux gens et qui rassemblent. C’est aussi pour ça que j’ai mis aussi longtemps à sortir ce nouvel album.

Vous avez mis six ans à sortir cet album. Comment l’avez-vous composé ?

Faire un album, c’est prendre la parole de manière beaucoup plus conséquente. C’est un long format qu’il faut défendre. Il faut qu’il soit cohérent et qu’il y ait un vrai message derrière. Avant, le seul message que j’avais c’était le gamin qui découvrait la vie, et qui a eu beaucoup de chance et un succès incroyable. Maintenant, j’ai beaucoup plus de recul et je me suis aussi beaucoup découvert humainement et artistiquement. Donc je me sens prêt à reprendre de nouveau la parole sur un album mais ça a pris du temps parce qu’il fallait digérer toutes ces premières années.

 

Quel est votre titre fétiche sur Club Azur ?

C’est Lullaby, un morceau très personnel, planant et justement, avant la pandémie, j’avais préparé un album très romantique et beaucoup plus mélancolique. J’ai tout mis de côté parce que je voulais vraiment me concentré sur quelque chose de positif et qui me faisait du bien pour que je puisse en jouer les morceaux au moment où les clubs rouvrent. Je ne voulais pas seulement créer un album plombant. Lullaby c’est un peu ce que je racontais avant. C’est un morceau que j’ai produit en une nuit, chez moi, dans ma chambre et je l’aime beaucoup. Pour moi il décrit le sentiment de tomber amoureux. Il y a d’ailleurs un film qui m’a beaucoup inspiré, c’est Oslo 31 août. Ce film, c’est la mélancolie pure.

© Manuel Obadia-Wills

Pourquoi avoir samplé le morceau Idol de Mind Enterprises dans Never Going Home ? Que représente-t-il pour vous ? 

Après m’être crée une playlist de 400 morceaux au hasard sur Spotify, j’ai découvert le morceau Idol de Mind Enterprises et dès que je l’ai entendu, je me suis tout de suite dit qu’il fallait que je fasse quelque chose avec. Et j’adore sampler des morceaux, donc je l’ai récupéré et j’ai réalisé une démo avec et on l’a travaillé avec Martin Solveig. J’ai ensuite contacté Andréa de Mind Enterpresis qui était très content que ça donne une seconde vie à son morceau. Après ça, on a travaillé sur le titre Lipstick ensemble et puis là, j’étais aux Canaries avec lui il y a trois semaines pour faire de la musique. Il nous a accueilli chez lui, dans son studio. Pour l’anecdote, il m’a dit qu’il a failli ne pas le sortir. Il ne le trouvait pas assez bien.

 

Après Boys Noize et Mind Enterprises, y-a-t-il encore quelqu’un avec qui vous rêvez de collaborer ?

J’ai plusieurs rêves. Cette année, j’aimerais avoir un featuring d’un grand artiste américain ou anglais comme Dua Lipa par exemple. Tout le monde me le demande. Et évidemment en musique électronique, les Daft Punk, ce serait un rêve énorme.

Où puisez-vous votre inspiration ? Le confinement et la pandémie vous ont-ils affecté ?

Au contraire, ça m’a vraiment boosté. J’étais très motivé. Je me suis dit que quand les clubs allaient rouvrir, il fallait que je sois prêt. Je voulais enregistrer le titre que les gens allaient jouer, celui qui fait que les gens se sautent dessus et sont contents de se retrouver. Et c’est ce qui s’est passé avec le morceau Never Going Home. Dès que je le joue, les gens sont fous. Je me suis produis dans un seul festival l’été dernier en Pologne et lorsque j’ai mis ce titre, tout le monde le connaissait. C’était génial. Et ça fait du bien.

 

D’ailleurs, comment se passent vos tournées ?

C’est très fatiguant mais tellement excitant que l’on oublie le manque de sommeil. Le secret, c’est de ne pas boire, fumer ou prendre de drogues. Il faut manger sainement, boire de l’eau et faire du sport. C’est la recette miracle. Quand tu as le pouvoir d’être le chef d’orchestre et de les faire voyager avec ton set c’est une chance monumentale. Même si tu as dormi deux heures, tu t’en fous, tu y vas. C’est vraiment une décharge d’adrénaline. Et c’est pour ça que ça m’a autant manqué pendant le confinement, un peu comme un drogué en manque de sa dose. Il me fallait de la danse.

 

Quel est le festival qui vous a le plus marqué ?

Coachella ! J’ai eu la chance d’y jouer en 2018. Se produire devant 40 000 personnes survoltées, c’était complètement fou. Et après ça, j’en ai profité pour découvrir plein d’artistes. Je suis allé voir tous mes artistes préférés sur scène. J’ai vu Hans Zimmer en live avec quatre-vingt musiciens sur scène. C’est, je pense l’un des plus beaux souvenirs de ma vie. Je n’ai jamais vu autant de gens et de sourires au même endroit. Il y a vraiment un esprit de communion dans ce festival qui est dingue.

 

Club Azur (2022) de Kungs disponible sur toutes les plateformes de téléchargement. En live au festival Tomorrowland Winter les 23 et 24 mars prochain.