7 sept 2020

Rencontre avec Hanni El Khatib, bête sauvage du rock californien

Après trois albums et de prestigieuses collaborations (de Dan Auerbach des Blacks Keys au légendaire rappeur Freddie Gibbs), l’Américain Hanni El Khatib et son rock explosif revient avec “Savage Times”, nouvel opus des plus féroces.

Par Chloë Fage.

Photos Jules Faure.

Depuis 2011, Hanni El Khatib et ses airs de rockeur/crooneur tout droit sorti d’un film de Nicholas Ray repousse les limites du rock garage californien. Entre hip-hop mélodieux, punk-rock incisif et tonalités funk, le chanteur et compositeur dépeint un quotidien sombre marqué par un rêve américain brisé, où les citoyens plus qu’échaudés errent dans un Los Angeles hostile. Son sensationnel troisième album Moonlight puisait d’ailleurs clairement dans l’esthétique du film noir, entre références lynchéennes et hitchcockiennes. 

 

Avec son nouvel opus Savage Times, Hanni El Khatib ose revenir sur son passé et sur sa propre identité. Il ne s’agit plus seulement de raconter les maux d’une Amérique en berne, mais plutôt de puiser dans sa propre expérience d’enfant d’immigrés pour en exorciser toutes les tensions. Born Brown, Mangos & Rice ou encore Gonna die alone sont autant de titres aux riffs hystériques qui mettent en miroir ses origines palestiniennes et philippines et sa nationalité américaine. L’artiste confirme : “Pour la première fois j’ai voulu mettre de mon histoire, de mon passé et de mes démons dans cet opus. J’avais besoin de ce côté viscéral pour avancer et proposer quelque chose d’encore plus honnête et brut. Mais je ne me considère pas comme un porte-parole politique.”

 

 

“Pour la première fois j’ai voulu mettre de mon histoire, de mon passé et de mes démons dans cet opus. J’avais besoin de ce côté viscéral pour avancer.”

Portrait : Jules Faure pour Numero.com

Portés par sa voix puissante et saturée, les morceaux s’enchaînent dans une explosion de références musicales entre punk morbide à la ”Haunted George” et rythmique oldschool des Moderns Lovers. Les moments de respiration, nécessaires dans un album d’une telle densité, élargissent le champ sur des titres plus aériens comme le groovy Paralyse, entre essai électro et hymne funk à l’énergie folle. “J’ai enregistré tous ces titres de manière assez anarchique et instinctive. Dès qu’un morceau était prêt, je le dévoilais directement au public d’où le côté ‘mixtape’ de l’album. Musicalement, il part dans tous les sens avec un million de références musicales, mais ce thème fondamental de l’identité lui apporte une certaine cohésion”, précise-t-il.

 

Une explosion de références musicales entre punk morbide à la Haunted George, rythmique oldschool des Moderns Lovers et électro solaire.

 

 

Un opus maîtrisé certes, mais dont la création s’est faite à l'instinct. Les textes sont autant de punchlines courtes et impactantes qui résonnent parfois comme de véritables hurlements. “Les textes sont venus de manière très spontanée, comme malgré moi. Normalement je prends le temps de les écrire, mais là, j’entrais directement en studio avec une idée ou un sentiment, et je posais les mots qui m’apparaissaient de manière quasi inconsciente, comme en état de transe” , souligne l'artiste. Entre appel à la liberté et portrait de l’homme comme bête sauvage, la sentence d’Hanni est sans appel, l’homme est clairement un loup pour l’homme. Mais pour ce qui est de la musique, l’artiste à la voix rocailleuse et enivrante n’a jamais aussi bien montré les crocs.

 

Hanni El Khatib, nouvel album "Savage Times" (Innovative Leisure/Because). 

 

À l'occasion de la sortie de l’album, Hanni El Khatib dévoile une collection capsule HEK x HUF disponible à partir du 6 avril dans les points de vente HUF.

 

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