Rencontre avec Breakbot et Irfane : « On a sauté en costard dans une piscine à Bali pendant un DJ set de Mark Ronson »
À l’occasion de leur venue à La Crème Festival le 26 juin prochain, Numéro a rencontré les deux producteurs et DJ français Breakbot et Irfane. Après avoir sorti leur EP Remedy en janvier dernier, les deux amis promettent de faire danser un maximum de monde dans les festivals, cet été.
Par Marie Solvignon.
C’est sur une terrasse avec vue du 18ème arrondissement de Paris que l’on rencontre Breakbot et Irfane, qui manifestent une grande complicité. Les deux compositeurs de musique électronique et DJ français connus dans le monde entier pour leur tube Baby I’m Yours (2010) – comptabilisant plus de 200 millions d’écoutes sur Spotify – ont sorti ce début d’année 2022 un nouvel EP, intitulé Remedy. L’opus résonne comme un remède à ces deux dernières années marquées par la pandémie avec quatre morceaux estivaux mixant funk, house et disco. À l’occasion de leur DJ set prévu pour le 26 juin prochain à La Crème Festival situé à Villefranche-sur-Mer, les deux artistes se confient sur les festivals et les voyages les plus marquants de leurs vies.
Numéro : Comment vous-êtes-vous rencontrés ?
Breakbot : Lors d’une soirée au Point Éphémère, à Paris. J’étais à la recherche d’un chanteur pour sortir un EP sur le label Ed Banger. J’avais des « instrus » et Pedro Winter voulait que je fasse des chansons donc je suis allé dans cette direction en proposant à Irfane de collaborer avec moi. Le premier morceau que l’on a sorti ensemble sur Ed Banger, c’était Baby I’m Yours en 2010. Et depuis nous n’avons eu de cesse de collaborer plus étroitement ensemble.
N’êtes-vous pas lassé d’entendre votre tube Baby I’m Yours et que l’on vous parle toujours de ce titre ?
Breakbot : Non. Personnellement, je considère que c’est une chance d’avoir une carte de visite qui nous permet de voyager et de continuer à faire de la musique de manière sereine. Avoir un titre qui continue de plaire aux gens, douze ans après sa sortie, nous donne une liberté assez extraordinaire.
Irfane : Et on lui donne une nouvelle vie au fil des années et des concerts.
Breakbot : C’est à nous de faire vivre le morceau. On n’est pas toujours obligé de passer l’original. On a évidemment des remix à disposition.
Irfane : Et puis lors des concerts, les gens s’attendent à ce qu’on le passe. On n’a pas envie d’être dans la situation où le public sera déçu parce qu’on n’a pas passé Baby I’m Yours.
Votre EP Remedy, sorti en début d’année est arrivé après deux ans de pandémie… comme un remède dansant à la morosité de cette période…
Irfane : Oui, c’est un clin d’œil à ce que l’on a traversé durant ces deux dernières années. On s’inspire tout le temps de ce qu’il se passe autour de nous.
Breakbot : C’était aussi une manière pour nous de ne pas trop prendre le sujet au sérieux, ce que confirme le Docteur Maboul sur la pochette. C’est une illustration fun que Bertrand Lagros, le graphiste officiel d’Ed Banger, a réalisée.
Comment définiriez-vous votre son sur cet EP ?
Breakbot : Je pense que les quatre morceaux ont quatre univers différents. C’est une palette qui ressemble à pas mal de nos influences et de nos goûts. On a varié les ambiances.
Votre dernier album, Still Waters, est sorti en 2016. Pensez-vous bientôt en publier un nouveau ?
Breakbot : Sortir un album est un exercice qui prend beaucoup de temps et les modes de consommation de la musique ont tellement changé que parfois on se dit qu’il est peut-être plus intelligent de publier un EP par an plutôt qu’un album tous les six ans, afini de rester un peu dans le cœur des gens.
Irfane : Tout à fait, et comme on a la chance de mixer et de tourner en tant que DJ, sortir des singles ou des EP régulièrement, ça nourrit nos sets. Cela crée de la visibilité et donne envie aux promoteurs de nous booker car il y a une actualité. Tout est intiment lié. On est toujours content quand nos chansons sortent et qu’elles ne restent pas dans des tiroirs pendant trois ans car c’est frustrant d’avoir des projets en cours que l’on a envie de terminer mais qui prennent énormément de temps.
Breakbot : Mais cette année, on aimerait quand même bien finir un nouveau long format.
Les festivals reviennent enfin cet été. Comment préparez-vous vos sets ?
Irfane : Nos DJ sets ne sont pas élaborés en amont. Ma vision du DJing c’est de voir ce que les gens ressentent, essayer de communiquer avec eux, leur faire plaisir. Quand on est dans des rails, c’est un peu plus difficile de s’épanouir surtout quand on fait ça trois fois par semaine. On effectue notre travail de recherche au préalable pour avoir une palette de sons assez large. La plupart du temps, on joue deux trois morceaux chacun et on se passe le relai, ce qui nous permet de proposer quelque chose de cohérent et d’énergique.
Quel festival vous a le plus marqué ?
Breakbot : C’est marrant, car on parlait hier de l’un de nos premiers live à Paris au Fnac Live à Hôtel de Ville en 2013. On avait été surpris car on pensait que ce serait un petit showcase et finalement il y avait entre dix et quinze mille personnes. C’était impressionnant. Après il y a eu plein d’autres évènements marquants comme un live à Bali où on a terminé dans la piscine qui était devant la scène. On a tous sauté en costard les uns après les autres pendant que Mark Ronson mixait. C’était assez dingue.
Irfane : La première édition en 2019 du festival La Crème était un super souvenir. C’était magique. L’endroit est est fou. C’est dans une citadelle qui surplombe la Méditerranée. Toute l’équipe est extrêmement forte pour créer une scénographie aboutissant à une ambiance ultra intimiste et chaleureuse. C’est un esprit un peu ginguette mais en même temps il y a un gros show. J’ai hâte d’y retourner.
Où rêveriez-vous de jouer ?
Breakbot : On a eu la chance de jouer en Nouvelle-Zélande et au festival Your Paradise aux îles Fidji mais on aimerait aussi beaucoup découvrir et jouer dans des pays africains, en Islande et au festival Fuji Rock aux pieds du mont Fuji au Japon. Ça a l’air complètement dingue.
Remedy (2022) de Breakbot et Irfane, disponible sur toutes les plateformes. En DJ set le 26 juin au La Crème Festival à Villefranche-sur-Mer.