5 juin 2024

Raveena, la chanteuse hippie tout droit sortie de Bollywood, annonce son nouvel album

À 30 ans, Raveena ne cesse d’enchanter son public avec ses hymnes fleuris et ses performances psychédéliques. Son nouvel album Where the Butterflies Go in the Rain sortira le 14 juin. Portrait d’une chanteuse qui mêle les héritages musicaux indiens et américains.

Raveena, la chanteuse tout droit sortie du Summer of Love

 

Tenues multicolores extravagantes et motifs psychédéliques… Raveena enchante par son style tout droit sorti de l’ère du Summer of Love. Entourée de fleurs géantes et de champignons vert et bleu lorsqu’elle se produit sur scène, cette Dame Nature moderne réinvestit l’esprit Flower Power des années 60 et 70. Bindi au milieu du front, elle revendique pleinement ses origines indiennes et affiche un sourire rayonnant lorsqu’elle se produit sur la scène des Tiny Desk Concert, en décembre 2019. Emporté par son esthétique surréaliste, le spectateur passe des plages aux forêts de Californie, de simples appartements new-yorkais aux riches intérieurs or, rouge et rose dignes de films bollywoodiens.

 

Il y a quelques semaines, Raveena défendait Pluto, son premier titre depuis Asha’s Awakening sorti en 2022. Dans la foulée, elle dévoilait la ballade Lucky, annonciatrice de son troisième album studio disponible le 14 juin : Where the Butterflies Go in the Rain. La chanteuse a d’ailleurs déclaré à propos de ce nouvel opus : “Les papillons sont si délicats qu’ils doivent se cacher dans les feuilles et les fleurs jusqu’à ce que la pluie passe pour que leurs ailes ne soient pas écrasées par la pluie. Je sentais que c’était en quelque sorte une métaphore de l’endroit où j’étais dans ma vie. J’avais besoin de retourner au confort – de me reposer profondément – et de cesser d’affronter les tempêtes.

Au départ, Lucid, un album sorti en 2019

 

Originaire du Massachussetts, la chanteuse et compositrice de 30 ans fait sensation aux États-Unis avec son premier album, Lucid, sorti en 2019. Douze titres qui s’écoutent comme un seul et unique morceau de quarante-cinq minutes. Raveena nous prend par la main et nous entraîne dans un cocon de douceur. Un savant mélange entre R&B épuré –dénué de ses aspects bling-bling et de ses élans vocaux performatifs – et soul rêveuse et planante. Sa voix chaude et envoûtante rappelle celle de Sade.

« Après des années de silence, Raveena assume aujourd’hui ouvertement son attirance aussi bien pour les femmes que pour les hommes. »

 

Sous ses airs frivoles, Raveena s’attaque pourtant à des sujets durs : elle évoque les relations abusives et toxiques que des hommes violents lui ont fait subir. Ainsi, la contruction du titre Stronger se calque sur le déroulement de sa propre vie: les traumatismes physiques et psychologiques qu’elle a traversé puis sa reconstruction progressive. Dans le clip, Raveena se retrouve ligotée à une poutre par trois hommes, à l’intérieur d’une grange, et finit seule, assise en majesté sur une balançoire, l’horizon comme toile de fond.

 

En affirmant ouvertement sa bisexualité dans ses textes et les vidéos qu’elle réalise elle-même, Raveena prône la libération sexuelle, soulevant le lourd tabou qu’elle pu a ressentir au sein de sa communauté indienne, plutôt conservatrice à ce propos. Après des années de silence, elle assume aujourd’hui ouvertement son attirance aussi bien pour les femmes que pour les hommes. C’est peut-être pourquoi l’exploration du plaisir et l’expérimentation sont au centre de son œuvre. Et cet hédonisme assuré, targué de tons roses glossy qui illuminent son clip Headaches (2020), insuffle une joie de vivre rafraîchissante. 

Américaine d’origine indienne, Raveena narre justement l’expérience de la diaspora indienne aux États-Unis. Le terme “espace” est ce qui caractérise peut-être la musique de Raveena. Toute l’instrumentalisation est mise au service de la création d’un espace dans lequel son public pénètre. Elle érige alors un sanctuaire capable de guérir ses maux… par les mots. Ce havre de paix inscrit sa musique dans “une réflexion spirituelle”, selon ses propres termes, et son aura angélique appelle à la contemplation. 

 

Where the Butterflies Go in the Rain (2024) de Raveena, disponible le 14 juin.