Qui se cache derrière O.N.O., le duo électronique qui allie house funky et techno hard ?
Elle aime la techno hard, il aime la house funky. Ensemble, Nathalie Duchêne et Rudy Kobain, deux habitués de la scène électronique parisienne, ont formé “O.N.O.” – lisez “One Night Only” – un duo musical rafraichissant aux confins de Berlin et Paris. Le 9 avril, les deux DJ ont livré leur quatrième EP, “Don’t You Know”. Pour l’occasion, ils se confient à Numéro sur leur parcours musical, et lui a même concocté une playlist sur Spotify…
Par Alice Pouhier.
Nathalie Duchêne était d’abord promise au théâtre. Lorsqu’elle quitte Liège pour Paris en 2004, elle s’inscrit aux Cours Florent et passe quelques auditions. “Ça n’a pas tellement fonctionné, confie-t-elle. Et j’avais toujours, au fond de moi, cet amour de la musique.” Un peu plus tard, la jeune Belge est engagée par Maje pour interviewer des artistes en vogue dans les années 2010, comme Bob Sinclair, Imany ou Brodinski… puis la marque de prêt-à-porter lui propose de mixer lors de l’une de ses soirées : “Je n’avais jamais fait ça. Je jouais les DJ plus que je ne l’étais vraiment. Mais j’y ai pris énormément de plaisir.” De fil en aiguille, les rythmes techno-chic de la musicienne parviennent aux oreilles des grandes maisons de couture, et embaument l’air des soirées Chanel, Dior ou Louis Vuitton. Mais quand la Liégeoise se plaît à jouer les DJ, on lui reproche parfois de verser dans une techno trop “hard”. Alors Nathalie Duchêne crée Jane Oak, son alter ego musical, et vit pleinement son amour pour les rythmes binaires et hypnotiques. En tant que Jane Oak, la brune traverse le Rhin et sort quatre EP sous des labels berlinois. “Berlin ressemble à la musique de Jane Oak : très froide, très carrée. Et même si je ne suis pas comme ça, j’aime cette façon de faire de la musique.”
Au même moment, Rudy Kobain expérimente un autre versant de la vie parisienne. Signé en label dès ses dix-sept ans, le DJ hyperactif écume les clubs et les égayent de sa house aux accents funk, et enchaine les projets musicaux entre ses passages au Gibus, où il mixe avant même d’avoir atteint la majorité. “J’ai commencé la house dans le bain de la French Touch des années 90. C’est là que j’ai muri musicalement, dans cette house qui reprend des samples disco et funk des années 70 et 80, très festif et hyper joyeux.” Puis, entre deux nuits endiablées, il monte un label et un studio d’enregistrement avec Julien Labrousse, l’entrepreneur mondain propriétaire de l’Élysée Montmartre et du Trianon. Mais Rudy Kobain ne tient pas en place. Il rejoint des groupes de rock, de new wave, et se nourrit d’une multitude de styles musicaux…Jusqu’à ce qu’il rencontre Nathalie, en juin 2016. Réunis par un ami en commun, ils réalisent qu’ils ne peuvent pas s’empêcher de parler de musique.“À chaque fois qu’on se voyait, on en parlait. Nathalie avait toujours une oreille très critique et constructive sur mes morceaux, notamment quand je n’arrivais pas à les finir. Alors on a fini par se dire : pourquoi on ne ferait pas quelque chose ensemble ?”
Deux ans plus tard, au retour d’un road trip entre amis aux Etats-Unis, les deux DJ créent un projet qui s’ajoute à leur longue liste de péripéties musicales respectives. Ensemble, ils le baptisent “O.N.O.”, pour “One Night Only”, la mention inscrite au bas des posters d’André Saraiva – le graphiste qui crée de fausses affiches réunissant de grands musiciens qui ne joueront jamais ensemble –, comme Serge Gainsbourg et Barbara. “Je trouvais cet aspect éphémère assez poétique, comme si notre projet ne devait durer qu’une nuit.” explique la jeune femme. Car eux non plus n’auraient jamais dû jouer ensemble, tant la house joyeuse de Rudy Kobain contraste avec le froid mystique de la techno de Nathalie Duchêne aka Jane Oak. “Avec mon côté house, j’apporte peut-être une touche plus chaleureuse. Nos goûts sont extrêmement différents, mais ils se complètent. Ce qui est amusant c’est que dans nos morceaux, il peut y avoir des lignes de basse binaire ou funky, et on sait qui a fait quoi.” sourit Rudy.
Opposés, mais surtout complémentaires, les deux musiciens se mettent à créer des morceaux qui allient leurs univers, se retrouvant à mi-chemin entre house parisienne et techno berlinoise. “Après avoir composé quelques titres, on a commencé à démarcher les labels, qui nous ont donné des retours très positifs.” Leur premier titre, Modern Dance, est un succès, et sera repris par Yuksek – un ami de Nathalie –, qui décide ensuite de miser sur O.N.O. en participant à la production de “Don’t You Now”, leur quatrième EP. Ce dernier projet, sorti le 9 avril, mêlant basses vrombissantes et mélodies funk, nous plongent dans une rave party féérique. En attendant de les retrouver derrière des platines parisiennes, O.N.O. nous a concocté une playlist de 26 titres 100% Numéro, à découvrir sur Spotify.
Don’t You Know (2021) de O.N.O., disponible.
Découvrez la playlist « Numéro » de O.N.O. sur Spotify.