28 avr 2021

Qui est Timothée Joly, l’hypersensible qui chante une pop existentielle ?

Vendredi dernier, le chanteur et producteur Timothée Joly a livré son second EP, “Plastique”, un recueil d’émotion pure sur fond de basses vrombissantes. L’occasion pour Numéro de dresser le portait d’un artiste tourmenté.

© Charlotte Abramow

Dans ce monde qui n’est pas le mien, où sont les miens, qui sont les miens ? lance le chanteur dans son titre Inclassable, extrait de son tout dernier EP, Plastique. Une chose est sûre, Timothée Joly est un homme en proie aux questionnements existentiels… et si certains musiciens sont hantés par leur passé, c’est le futur qui préoccupe le chanteur de 25 ans : “Ça me crée carrément des angoisses. Penser au futur est assez effrayant, surtout dans l’époque dans laquelle on vit. Même si j’imagine que chaque époque a eu son ciel qui lui tombe sur la tête, dans notre cas, ça me semble presque être pour demain.” Alors, pour sublimer son tourment, il écrit des chansons, directement extraites de sa pensée. “Je parle des choses comme je les pense. On m’a parfois mis dans la mouvance de l’émo pop, mais je trouve que ce que je fais pourrait davantage s’appeler de la philo pop.

 

 

En effet, lorsque l’on écoute les morceaux de Timothée Joly, on finirait presque par avoir envie d’appeler son psy… Pourtant, ses paroles brutes, loin d’être kistch – malgré ses clips fardés et ultra colorés –, sonnent juste. Sa musique, elle, est à son image : des pensées mélancoliques enveloppées par une carapace rude, alors que basses vrombissantes et trap accompagnent des paroles énigmatiques. “Faut que je sois fort je sais, mais les démons m’adorent” scande-t-il de sa voix autotunée dans le titre Glaçon, un morceau presque punk. Sur la question du genre musical, le débat reste ouvert : Timothée Joly est-il un rappeur ou un chanteur ? “Je fais de la pop, parce que je fais de la musique de mon temps” résume-t-il.

Né en 1995, Timothée Joly est un pur produit des années 90. S’il est bercé par les albums de Louise Attaque et de Serge Gainsbourg qu’écoutent sa mère, il grandit au son des B.O. de jeux vidéos, des chansons Disney et des clips qui défilent sur la télévision de son appartement parisien, notamment le Respire de Mickey 3D dont l’univers visuel et les paroles alarmistes le touchent. “Avant même d’avoir compris le message profond de la chanson, elle me parlait déjà. Quand je l’ai reprise avec Oklou, tout s’est fait très naturellement.” Adolescent, il se passionne pour le son, et après avoir raté la période de réinscription dans son BTS, il profite d’une année sabbatique offerte par le destin pour se plonger plus sérieusement dans la musique. “C’était une année de césure bien pratique” commente-t-il. Ensuite, Timothée intègre une école de son, et se perfectionne. “Avant, je faisais absolument tout moi-même, de A à Z, y compris le mixage et le mastering.” Avec la solitude pour compagnon de route, il fait du spleen un moteur créatif. “Je ne pense pas que je serais pleinement heureux un jour. Je trouverais toujours un problème. Je pense que la plénitude réside dans le fait d’accepter la situation. J’essaie juste d’apaiser à mon échelle, et c’est déjà cool.

 

Plastique (2021) de Timothée Joly, disponible sur toutes les plateformes.