7 fév 2023

Qui est Samara Joy, chanteuse de jazz et révélation des Grammy Awards ?

Sacrée “Révélation de l’année” aux Grammy Awards à 23 ans, la New-Yorkaise Samara Joy fait fi des conventions musicales de l’époque et s’impose comme la meilleure chanteuse de jazz de la génération Z. La digne héritière d’Ella Fitzgerald ou de Billie Holliday.

https://youtu.be/KId7H4bvBjE

1. Samara Joy, chanteuse de jazz et révélation des Grammy Awards

 

Samara Joy McLendon se souviendra longtemps de la journée du 5 février 2023. Du haut de ses 23 ans, la chanteuse new-yorkaise a foulé par deux fois la scène des Grammy Awards, à Los Angeles. D’abord lorsqu’elle interprète son titre Can’t Get Out of This Mood dans une robe de soirée rose pâle, introduisant avec élégance le pianiste qui l’accompagne. Sa prestation – entre démonstration vocale ultra technique et retenue chic – lui vaut une standing ovation de ses homologues. Ensuite lorsqu’elle remonte sur scène un peu plus tard pour récupérer son trophée : le Grammy Awards de la “Révélation de l’année”. Samara Joy s’impose devant la Brésilienne Anitta, Domi & JD Beck, Latto, Måneskin, Molly Tuttle, Muni Long, Omar Apollo, Tobe Nwigwe et Wet Leg. Elle affronte alors le regard des superstars qui l’ont inspirée et applaudie un peu plus tôt : “Mon dieu ! Je ne sais vraiment pas quoi dire. Je vous regardais à la télévision pendant si longtemps… moi, simple petite fille du Bronx.” C’est une robe écarlate qu’elle porte cette fois, comme si le précieux sésame parachevait sa mue en grande dame du jazz. Elle rejoint le club très fermée des musiciennes sacrées “Révélation” avant elle : Megan Thee Stallion, Olivia Rodrigo, Billie Eilish, Dua Lipa, Amy Winehouse, Norah Jones ou encore Lauryn Hill.

2. L’héritière de Billie Holliday et Ella Fitzgerald

 

La musique de Samara Joy évoque les vitres trempées d’un café enfumé, les clubs de jazz distingués du Manhattan des années 50, les cigares rougeoyants et les chapeaux de feutre des mélomanes. Entre les contre-temps du swing des années 20 et les thèmes dynamiques du bebop jazz – dont les mélodies sont jouées avant mêmes d’êtres écrites sur une partition – Samara Joy se complaît dans un genre afro-américain traditionnel à contre-courant des styles musicaux de son époque. En digne héritière d’Ella Fitzgerald ou de Billie Holliday, elle convoque le scat de Louis Armstrong – une improvisation dans laquelle les paroles sont remplacées par des onomatopées pour imiter des instruments – et les murmures d’une contrebasse à défaut des basses vrombissantes et saturées du hip-hop contemporain. C’est ce qui poussera d’ailleurs le label emblématique Verve Records (Nina Simone, Sarah Vaughan ou Joao Gilberto) à lui signer un contrat. Déjà sacrée “Meilleure artiste de l’année 2021” par le magazine JazzTimes, Samara Joy s’est imposée dans le milieu musical en seulement deux albums solo, Samara Joy (2021) et Linger Awhile (2022) tout comme une certaine Amy Winehouse l’a fait vingt ans avant elle avec Frank (2003) et Back to Black (2006). 

3. Samara Joy : du réseau social TikTok aux Grammy Awards

 

Samara Joy grandit dans le quartier défavorisé du Bronx des années 2000. Membre d’une famille de musiciens, son père bassiste lui enseigne les rudiments de la soul tandis que ses grands-parents, membres d’une chorale de gospel, lui transmettent leur amour du chant. Adolescente, elle poursuit justement la tradition familiale en intégrant la chorale de l’église puis un groupe de jazz à la Fordham High School for the Arts. Elle y remportera son premier concours musical, puis les prix finiront par garnir son étagère. Étonnamment, Samara Joy se prend réellement de passion pour le jazz vers l’âge de 18 ans, préférant créer des situations humoristiques sur le réseau social TikTok où elle est suivie par près de 200 000 abonnés. Mais sa voix mi-suave mi-cristalline lui permet finalement de s’imposer comme la première chanteuse de jazz classique de la génération Z. Ses morceaux ont déjà des airs de standards…